Économie

Affaire de 122 opérations immobilières non autorisées: Des entreprises de promotions immobilières réagissent

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Les entreprises des programmes immobiliers ont réagi après la sortie du ministre de la Construction, Bruno Koné. (Photo : DR)  
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72 h après la sortie du ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme, Bruno Nabagné Koné, à l’occasion d’un déjeuner de presse, à la maison de l’entreprise à Abidjan-Plateau, des acteurs du secteur, dont des entreprises de promotions immobilières, sont sortis de leurs réserves. Dans un premier temps, pour encourager le gouvernement à poursuivre les réformes entamées et dénoncer les structures non autorisées qui leur mènent une concurrence déloyale.

Recevant des directeurs de publication, présidents d’organisations professionnelles de la presse, des journalistes et des bloggeurs, le ministre de la Construction, Bruno Nabagné Koné a déclaré jeudi 26 janvier 2023, que dans le cadre des contrôles menés par ses services et structures décentralisées dans le Grand Abidjan sur 141 programmes immobiliers, 122 d’entre eux étaient non autorisés. Il a expliqué que face à la complexité du secteur et la méconnaissance des textes par les populations, il était opportun de faire en sorte que les réformes, les textes et procédures soient bien cernés par les usagers. Le ministre Bruno Koné qui venait d’enfoncer une porte grandement ouverte, a promis mettre de l’ordre dans le secteur de la construction et de l’urbanisme, cette année 2023, afin d’offrir des services de qualité aux usagers, tout en veillant à ce que nos populations vivent dans un cadre de vie décent, assaini, mieux structuré et résilient.

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« Nous sommes passés de 2726 contrôles de chantiers de construction en 2020, à 14190 en 2022. En 2022, 141 programmes immobiliers ont été contrôlés dont 122 non autorisés », a dit le ministre, pendant ses échanges avec les journalistes. Dans un autre registre, il a indiqué qu'à ce jour, que le risque d'avoir des faux arrêtés de concession définitive (ACD) est nul. « Le risque d'avoir un faux ACD est aujourd'hui nul. Aujourd'hui, en 2023, vous avez 0% de risque d'avoir un problème sur votre terrain », a-t-il assuré, se félicitant de ce que le nombre d’ACD signé par son département ministériel est passé de 4500 en 2013 à 12200 en 2022.

Réaction de quelques entreprises agréées

Des entreprises de promotion immobilière interpellées sur la sortie du ministre de la Construction, n’ont pas manqué de réagir. Au rang desquelles Arc en Ciel, une société agréée qui intervient dans le domaine de l’aménagement foncier. Pour Zaho, directeur commercial et marketing de ladite entreprise, joint par téléphone lundi 30 janvier 2023, c’est impératif pour les structures dans le domaine du bâtiment de respecter les règles instituées par l’État. « Tout ceci, pour assainir le secteur vu les nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Les difficultés, il y en a avec les propriétaires terriens, l’État lui-même, au niveau de la lenteur administrative dans le traitement des dossiers. Nous formulons au passage, des doléances afin que la lenteur s’améliore », a-t-il défendu. Au passage, il a salué les efforts du gouvernement.

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« L’État fait beaucoup d’efforts depuis quelques années pour permettre au secteur d’avoir une autre image que les gens ont de lui. Un assainissement sera au profit des parties qui interviennent dans le secteur. L’État essaie de faire ce qu’il peut par l’institution de l’agrément. L’argent étant un esprit, partout où il y a l’argent, il y a un esprit malin qui amène des gens à contourner les prescriptions légales. Le ministre l’a révélé, ils pourront détecter les programmes qui ne sont pas conformes et les rendre conformes si possible », a-t-il reconnu.

Poursuivant, Zaho est revenu sur des faits vécus au quotidien qui les mettent en mal dans l’exercice de leur fonction.  

« Parce que quand un dossier n’est pas vêtu d’un acte émanant de l’État, ça peut être un ACD ou un titre foncier, le terrain n’a aucune valeur juridique. Or, comme nous sommes des professionnels, si le bien dont vous disposez n’a pas de valeur juridique, c’est en contradiction avec l’objectif recherché. Au niveau des propriétaires terriens, nous sommes confrontés au fait que ceux-ci, vu les difficultés qu’ils rencontrent, parce qu’ils n’ont pas d’activités, contractent des contrats avec plusieurs autres structures. C’est fréquent, donc l’État tente de mettre de l’ordre dans cela, en s’impliquant davantage dans les conventions que nous signons avec les villageois », a-t-il déploré.

« Nous sommes en règle. Depuis 1995, nous existons, on a reçu un prix du meilleur promoteur immobilier en 1999. Donc, l’État de Côte d’Ivoire nous a donné le programme des logements sociaux à construire à Songon. Nous avons tout construit et nous sommes en phase de livraison », s’est empressé de répondre un interlocuteur au bout du fil pour le compte de SGI les Rosiers.

L’impact négatif des programmes non autorisés dénoncé

Melle Yao Ange, Econy Shoop, a informé que l’entreprise au sein de laquelle elle travaille, est en règle. « Nous sommes en règle, récemment, nous avons pu acquérir par la grâce de Dieu, l’agrément promoteur. Donc, l’entreprise est agréée », a-t-elle précisé.

Et d’ajouter pour dire que les programmes immobiliers non autorisés, ont un impact négatif sur leurs activités, puisque ces derniers n’étant pas dans la légalité, ils entraînent les populations dans une concurrence déloyale des prix. « Vu qu’ils ne sont pas dans la légalité, il y a une concurrence déloyale de prix. Toute suite, les différents clients, les opérateurs économiques qui ne savent pas dans quoi ils investissent et après, s’ils n’ont pas eu gain de cause, ceux-ci nous classent tous dans le même lot. Nous sommes obligés de mettre du temps pour convaincre les gens à cause de ceux qui ont déjà fait du faux. Leurs comportements empiètent sur nos activités. À côté de cela, quand on finit de signer les conventions avec les villageois, on se rend compte qu’au préalable, ils avaient déjà signé des engagements avec d’autres opérateurs. Ils ne sont pas très crédibles de nos jours, ce sont des pertes que nous subissons et nous n’avons pas de moyens de contrôler cela », a-t-elle décrié.

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Pour le groupe immobilier international (G2I), leur entreprise n’était pas concernée par la dénonciation du ministre de la Construction, puisqu’il dispose d’un agrément. Notre interlocuteur au téléphone, nous a confié que pour éviter les désagréments, ils attendent de réunir la documentation nécessaire, avant d’exercer. « On a attendu l’agrément avant de mettre en place des programmes. Nous avons toute la documentation pour fonctionner », a-t-il rétorqué. Une entreprise de programmes immobiliers basée à Bingerville dénommée GD immobilier, a reconnu qu’elle avait l’agrément pour exercer.

« Nous sommes en règle, nous sommes agréés. Nous avons différents coûts, quand le client est intéressé, il passe au bureau. Il effectue une visite préalable et quand il est intéressé nous lui remettons la documentation nécessaire. C’est pareil pour les terrains où il part au ministère pour faire des vérifications pour constater si celui qu’il désire est fiable », a-t-elle relevé.  

Venance Kokora

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