A ce jour, aucun produit ivoirien n’est labélisé malgré des essais de certains produits comme les toiles de Korhogo. Deux produits sont, cependant, en phase de labélisation. Le processus de reconnaissance de l’Attiéké des Lagunes et des Pagnes Baoulé en Indications géographiques protégées (IGP) a été lancé. L’IGP est un instrument juridique pour organiser la gestion et la défense du label et du nom d’un produit contre les usages frauduleux sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux.
« C’est un titre de propriété intellectuelle délivré par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) pour des produits de terroirs dont la qualité spécifique est liée au terroir (qualité du sol, climat), ou à des techniques particulières ou même à un savoir-faire traditionnel développé par les producteurs de cette localité » a fait savoir Théodore Kouadio Soun’gouan, sous-directeur de l’information technologique et de la documentation à l’office ivoirien de la propriété intellectuelle. L’IGP permet aussi d’affirmer l’identité culturelle et le savoir-faire des populations, à structurer une organisation professionnelle et économique autour des produits concernés et à augmenter leur valeur ajoutée, pour un meilleur positionnement sur le marché.
Le processus de labélisation de l’Attiéké des Lagunes et des Pagnes Baoulé s’inscrit dans le cadre de la deuxième phase du Projet de mise en place des Indications géographiques dans les Etats membres de l’OAPI (PAMPIG II) mené par l’OAPI, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD.
« La propriété intellectuelle est une œuvre de l’esprit qui exprime une propriété sur la création de l’esprit (elle fait appelle à la créativité, à l’invention pour un résultat particulier). C’est aussi non seulement une valeur immatérielle monnayable mais également un outil de communication, de collaboration, de développement de savoir et un support à la créativité. En Côte d’Ivoire, moins de 0,5% du PIB est consacré à la recherche alors que le plan d’action de Lagos adopté par les chefs d’Etat africains en 1980 propose aux Etats d’injecter au moins 1% de leur budget dans la recherche » nous confie Kéïta Alain, sous-directeur de l’innovation et de la propriété intellectuelle au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
« Classée 114e en 2021 selon l’indice mondiale de l’innovation et le dépôt de brevet par Etat, la Côte d’Ivoire reste confrontée à d’énormes difficultés comme la contrefaçon qui affaiblit le tissu industriel local avec la perte de chiffre d’affaire. Cette contrefaçon qui agit négativement sur l’économie du pays engendre une paupérisation très accrue due à une perte de fiscalité et surtout de l’emploi.
Le domaine de pharmacie par exemple est l’un des secteurs les plus touchés. Environ 6% des produits pharmaceutiques sont contrefaits avec plus de 25% de faux médicaments » comme le révèle Kéïta Alain, sous-directeur de l’innovation et de la propriété intellectuelle au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Passer des activités informelles aux PME formelles, voici l’une des missions que s’est fixé l’Etat de Côte d’Ivoire en accordant une subvention qui est de 2 771 500F pendant dix ans couvrant les frais de brevets à l’invention. Ceci afin d’augmenter le nombre de demandes nationales de brevet.
Il est nécessaire de créer une culture de la propriété intellectuelle car c’est elle qui doit affecter l’orientation et le rythme de l’activité inventive dans un Etat. Au total, près de 70 produits de Côte d’Ivoire ont été répertoriés comme typiques au pays qui sont en voie d’être labellisés. Les produits ont un lien avec le savoir-faire des producteurs, des populations et l’origine géographique du produit.
Il s’agit notamment des poteries de Katiola, du cacao de Soubré, de la toile artisanale de Korhogo, du riz et du café des montagnes de Man, de la mangue Kenth de Korhogo.
Le fait d’enregistrer les produits vous donne un monopole sur le marché et le prix de vente de votre produit s’accroît sur le marché. Raison pour laquelle, le gouvernement ivoirien prévoit de créer des Clubs d’inventeur et d’innovateurs dans les collèges et lycées d’enseignement techniques, dans les universités et grandes écoles disposant de filières en science et technologie.
Joël DALLY