Le football ivoirien ne fait plus rêver personne et les raisons sont multiples. C’est le triste constat. Les agents de joueurs espèrent changer la donne.
Même s'il faut pointer le manque d'infrastructures de qualité, des conditions salariales exécrables, le départ précoce vers l'extérieur des talents locaux est l'une des plaies des championnats locaux. Qui dit absence de talents, dit absence de spectacle, donc de spectateurs. Des terrains vides avec un spectacle insipide, ça rebute forcément les sponsors, censés apporter les moyens qu'il faut. Les agents de joueurs ivoiriens veulent s'impliquer pour que le football ivoirien retrouve sa saveur. Ce qui devrait pouvoir garantir aux athlètes, un meilleur traitement et aux clubs, des moyens conséquents. Le Collectif des agents et intermédiaires de joueurs de Côte d'Ivoire (CAIJCI) a décidé désormais, de s'inscrire activement dans le processus de développement et de professionnalisation du football local en accompagnant les nouveaux dirigeants fédéraux. Ils annoncent des actions d'envergure dans l'intérêt des footballeurs locaux, des centres de formation et des clubs. Dirigé par Saman Koffi Marc depuis sa création, il y a environ 3 ans, ce collectif des agents s’active pour extirper de son rang, la mauvaise graine : assainir et mettre de l'ordre au sein de cette corporation. Du fait de certains écarts, ce métier a souvent été assimilé à une véritable traite des joueurs africains sur la planète du football.
Un métier qui doit se réinventer
Recrutés pour des broutilles sur le contient, ces athlètes sont ensuite revendus pour plusieurs millions d’euros par les clubs européens. Une pratique qui s’assimile fortement avec l’exploitation des matières premières du continent. Il y a énormément d’argent dans le football mondial, mais l’Afrique, grande pourvoyeuse de joueurs, n’en reçoit que très peu. « Plusieurs personnes se font passer pour des agents, sans avoir les rudiments. C’est l’occasion pour nous de mettre fin à ces pratiques. Depuis avril 2015, il y a une nouvelle norme éditée par la FIFA, qui instruit les fédérations nationales à organiser les agents locaux. Des licences sont octroyées à ces derniers, en vue d’exercer leur métier. La normalisation n’étant pas habilitée à traiter la question, cela n’a pas souvent été pris en compte, ce qui a laissé libre court à n’importe qui de se s’octroyer le titre d’agent de joueur », explique le président des agents de joueurs de Côte d’Ivoire. Selon lui, les intermédiaires de joueurs sont « des acteurs clés du développement du football. Nous avons de grands joueurs, de grandes stars dans les clubs européens. Il faut savoir que c’est tout un travail qui se fait autour de ces joueurs, en amont, pour qu’on obtienne les résultats que tout le monde voit. Nous sommes au cœur du système, c’est pourquoi, l’organisation de notre métier en Côte d’Ivoire permettra de développer davantage, notre football ». Aujourd’hui, l’effervescence de l’élection du président de la FIF a permis au public de toucher du doigt, les problèmes auxquels la discipline est confrontée. Des salaires bas et souvent impayés, un football dit professionnel qui n’en porte que le nom.
Tirer profit des gros moyens du football business
Pour Saman Koffi Marc, « le business autour du football est important, surtout avec le marketing, les sponsors et autres. Si nous voulons avoir des clubs forts, avec des moyens conséquents, des joueurs de haut niveau, il est opportun que la fédération nous organise. Cela va faciliter les démarches auprès des ambassades, qui sont depuis quelques années, très réticentes à délivrer des visas, parce qu’il y a eu beaucoup de désordres par le passé ». Une fois structurés, ces agents de joueurs promettent, à en croire leur responsable, un « travail bien organisé de telle sorte que les départs de notre championnat de nos talents, soient réglementés ». L’une des plaies de notre football, rappelle M. Saman, « c’est que nous n’arrivons pas à garder nos talents, qui partent trop vite ailleurs. Nous allons mettre fin aux départs frauduleux de nos talents, il faut maintenant faire les choses dans les règles de l’art. Nous allons aussi mener la sensibilisation auprès des joueurs, des parents, et leur dire qu’un vrai agent, ce n’est pas celui qui exige des millions pour faire voyager un joueur. Après, ce sont nos jeunes athlètes qui se retrouvent en difficulté dans des pays du Golf. Nous allons accompagner nos clubs locaux de sorte à ne plus laisser partir trop tôt, nos pépites afin que notre football soit plus dynamique et plus plaisant. Si les joueurs arrivent à maturité, s’ils sont bien aguerris dans notre championnat, nous verrons tous les résultats. Nous aurons du beau spectacle dans nos stades, une très bonne compétitivité, ce qui va attirer les spectateurs et les sponsors ». Et d’ajouter que cela « va également faire monter la côte de notre championnat aux yeux des plus grands championnats, surtout européens, ce qui aura pour effet, de gonfler les montants des transferts de nos joueurs locaux. La Côte d’Ivoire est un vivier, un gros réservoir de talents. Cette organisation devrait largement profiter à nos jeunes frères, footballeurs locaux ».
Manuel Zako