En dehors des incidents qui ont émaillé cette rencontre comptant pour la 18e journée de Ligue 1, ce fut un pur régal pour les yeux et les oreilles.
Rarement, le stade Robert Champroux de Marcory n’avait connu pareille ambiance pour un match de championnat. Le mouvement de soutien lancé sur les réseaux sociaux par les supporters de Didier Drogba, au lendemain de sa défaite à l’élection de la Fédération ivoirienne de football, s’est concrétisé par la présence d’une foule immense pour assister au match qui oppose, ce dimanche 1er mai, le LYS de Sassandra à l’Asec Mimosas. Le coup d’envoi est prévu pour 18h, mais déjà à 14h, le stade affiche complet à plus des 2/3 de sa capacité. À l’extérieur, plusieurs supporters alignés dans les rangs espèrent y accéder pour voir les deux équipes s'affronter. Les rangs grossissent au fur et à mesure. Autour de 16 h, le stade Champroux est plein à craquer.
LYS, l’effet Didier Drogba
Les cris et les chants grondent. On ne s’entend presque pas. Le stade refuse du monde, dans tout le sens du terme. Dehors, il y a 3 fois plus de monde qu’à l’intérieur. Bien que disposant de tickets d'accès pour la plupart, ces centaines de supporters ne pourront franchir les portes du Champroux. Quand l’heure du coup d’envoi sonne, l’ambiance devient électrique. Le ‘’Mur jaune’’, les supporters de l’Asec, d’ordinaire très bruyants, se retrouvent à l’étroit, submergés par les néo-supporters de LYS.
Poussés par ces milliers de supporters, les joueurs de LYS se sentent comme pousser des ailes. Après 8 minutes de jeu, les Mimos craquent sous la forte pression du public. Le but de Dohou Franck pour donner l’avantage à LYS (1-0), fait chavirer tout le Champroux. C’est la folie partout. Dehors, massés en très grand nombre autour du stade, ces supporters vont manifester leur joie. Cela donne droit à toute sorte d’actes de vandalisme. La clôture escaladée, jets de pierre, des véhicules caillassés… La situation devient très vite incontrôlable pour la police, qui se voit dans l’obligation d’intervenir en faisant usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Les poulains du président Dia Mamadou multiplient les assauts dans le camp de l’Asec. Les Mimos plient, mais ne rompent pas jusqu’à la pause. À la mi-temps, l’atmosphère est survoltée. Et pour cause : Didier Drogba est venu assister au match. Ses soutiens sont dans l’hystérie totale. Au retour des vestiaires, les joueurs de LYS intensifient la pression et conservent le cuir. Les cris et chants des supporters qui scandent le nom de Didier Drogba, avec leurs nombreuses banderoles, ne vont pour autant impressionner les Mimosas.
Les Mimos ont fait mieux que résister
Les hommes de Julien Chevallier profitent des espaces laissés par l’adversaire. Kramo Aubin croyait inscrire le but de l’égalisation à la 47e, mais sa joie sera écourtée par l’arbitre de touche, qui invalide le but pour une position, discutable, de hors-jeu. Conspués par les supports de LYS, les Mimos reviennent à la charge 6 minutes plus tard. Bien servi par le centre de Coulibaly Salif, le contrôle poitrine, frappe enchainée, est trop rapide et clinique pour la défense de LYS qui constate les dégâts. Konaté Karim ramène l’Asec dans la partie (1-1) et profite pour soigner ses statistiques (10 buts en championnat). Le stade Champroux gronde, les Mimos sont hués à nouveau. Et comme s’ils s’en nourrissaient, à la 57e, Singoné Claude va, d’une frappe chirurgicale, ruiner tous les espoirs des supporters de LYS (2-1). Le coup de canon du milieu de l’Asec met un coup de froid dans l’enceinte quasiment acquise à la cause des hommes venus de Sassandra. C’est le moment pour ‘’le Mur jaune’’ de donner de la voix. L’Asec maintient l’étau et aurait même pu ‘’tuer’’ tout suspense, mais les tentatives resteront infructueuses. Jamais l’Asec n’avait été mis autant en difficulté depuis le début de cette saison en championnat. Avec cette victoire, les Mimos creusent l’écart avec 41 points et confortent leur première place.
Un mal pour un bien
Sans faire d’offense à personne, dimanche, on a eu droit à un match dont l’intensité et le niveau technique n’avait rien à envier aux grands championnats européens. Les deux équipes ont assuré le spectacle. Les supporters également ont répondu présent, en nombre, à ce rendez-vous. Le football ivoirien n’attend pas plus. Malheureusement, et comme dans tout mouvement humain de foule, on a enregistré des débordements. Accusé de n’avoir pas soutenu le candidat Didier Drogba lors de cette élection de la FIF, Me Roger Ouegnin a été copieusement conspué durant toute la rencontre. Au terme de leur victoire, ses poulains ont aussi fait l’objet de jets de projectiles par la foule. De son côté, Didier Drogba, à la fin de la rencontre, est descendu sur la pelouse pour saluer cette forte mobilisation. Il a fait le tour de la piste d'athlétisme sous les crises et ovations de ses inconditionnels.
Manuel Zako
