
La maladie rénale fait des vagues en Côte d’Ivoire. Les données récentes relevées par le Dr Emmanuel Ablé, Directeur médical et scientifique du Centre national (CNPTIR), sont révélatrices. Selon lui, la Côte d’Ivoire compte environ 12 000 nouveaux cas de maladies rénales par an. Parmi eux, un peu moins d’un (1 %), c’est-à-dire 1800 malades, arrivent au stade de l’insuffisance rénale en phase terminale.
c’est la prévention qui va nous permettre d’éviter ces maladies
Au regard de ces chiffres, le CNPTIR, structure étatique, a un plan d’actions pour intensifier la prévention à l’échelle nationale de cette maladie. Le Professeur Clément Koffi avait lors de cette cérémonie de réception des 10 générateurs d’hémodialyse, regretté que la Côte d’Ivoire, à l’instar de certains pays en Afrique, ne dispose pas assez de moyens pour des traitements curatifs. Par conséquent, « c’est la prévention qui va nous permettre d’éviter ces maladies dont le traitement est très coûteux ». Il a indiqué que la stratégie de prévention va se faire par zone, c’est-à-dire dans les pôles régionaux d’excellence sanitaires, comme cela se faisait dans les années 1970 et 1980, pour le cas des grandes endémies. Selon les explications de cet universitaire, chaque pôle régional d’excellence sanitaire disposera d’une d’antenne de dialyse. Cet équipement va permettre d’organiser des caravanes de sensibilisation. « Ce que nous comptons faire, c’est que chaque chef d’antenne de dialyse devait pouvoir parcourir avec le matériel les villages et les villes pour des activités de sensibilisation et dépistage. Il y a 10 zones et nous voulons faire en sorte que chaque zone puisse, au moins 4 fois dans l’année, assurer le dépistage de façon régulière, de sorte que dans l’année, on puisse dépister au moins 20 000, voire 30 000 sujets », fait-il savoir. Toutefois, la mise en œuvre de programme de sensibilisation nécessite des moyens conséquents. « Bien entendu, cela demande des moyens. Nous avons des partenaires qui vont nous soutenir, comme la MUGEF-CI. On pense que de cette façon, on pourra toucher le maximum de personnes, de sorte qu’a un moment donné, il y ait une réduction de l’incidence, de la prévalence de la maladie rénale et donc de l’insuffisance rénale. Nous sommes en train d’acquérir des véhicules pour en doter chaque zone, avec le matériel et le personnel nécessaire pour assurer la prévention ».
Des unités d’urgence de soins intensifs bientôt ouvertes dans plusieurs CHU
Le dispositif sanitaire en Côte d’Ivoire, pour le cas spécifique des malades de l’insuffisance rénale, souffre de l’absence d’unités de soins intensifs pour une prise en charge dans les meilleurs délais d’un malade du rein. Cette insuffisance va être réduite avec la création d’unités d’urgence de soins intensifs. Selon lui, le traitement de la maladie rénale a trois pans. Par conséquent, une prise en charge du malade dans les meilleurs délais, dès les premiers signes cliniques, peut empêcher la maladie de progresser pour arriver au stade de l’insuffisance rénale. « Même s’ils ont une insuffisance rénale, il y a un traitement qu’on peut administrer pour ne pas que les sujets entrent dans la phase de l’insuffisance rénale. Pour ce faire, nous sommes en train d’ouvrir des unités d’urgence de soins intensifs en néphrologie au CHU de Cocody et au CHU de Treichville. Ces centres vont nous permettre de traiter les cas d’urgence. Il y a tellement de personnes qui ont une insuffisance rénale qui arrivent à l’hôpital avec des complications potentiellement mortelles. Ces centres de soins intensifs vont permettre de prendre en charge rapidement ces personnes à des coûts très réduits, de sorte qu’il y ait une réduction, de façon importante, de la mortalité des patients porteurs de l’insuffisance rénale, les années à venir », a rassuré le Professeur de médecine. À propos de ces centres, il a fait savoir qu’ils vont ouvrir à la fin du mois de février 2025. À l’en croire, ces centres « seront sans aucun doute les centres les plus importants depuis le fonctionnement du CNPTIR ».
La transplantation rénale désormais à 4 millions au lieu de 14 millions FCFA dans les hôpitaux privés
Un autre pan de traitement de la maladie est la transplantation rénale, a précisé le premier responsable du CNPTIR. Selon lui, cette intervention chirurgicale, jusqu’à preuve du contraire, ne se réalise que dans le privé. Le coût, a-t-il ajouté, est de l’ordre d’environ 13 à 14 millions FCFA. « Ce qui est malheursement hors de portée de plupart de la population. Nous avons commencé la transplantation depuis le 24 septembre 2012. 90 patients ont été déjà greffés avec des résultats encourageants. Maintenant, depuis que nous sommes à la tête du CNPTIR, nous sommes en train de voir dans quelle mesure la transplantation peut être démocratisée, peut être mise à la disposition de beaucoup de malades, de sorte que pour 4 millions Fcfa ou 4 millions cinq cent mille, tout au plus, les patients peuvent venir se greffer », a signifié ce spécialiste de la transplantation rénale.
Ce qui est prévu pour les enfants atteints de l’insuffisance rénale
Les enfants victimes de l’insuffisance rénale et dont le traitement commande une transplantation rénale, vont bénéficier également des faveurs de la politique de prise en charge du CNPTIR. Ce centre aura bientôt un Professeur spécialiste de la greffe rénale infantile. Le processus de recrutement est engagé, selon le DG. En outre, à la différence des enfants, la transplantation des enfants sera gratuite. « Pour le cas des enfants, nous allons voir si on peut les greffer gratuitement. Seulement qu’en matière de greffe, le problème majeur c’est l’organe ; avoir un rein n’est pas facile. C’est un don purement intrafamilial. C’est la famille qui doit donner le rein et non en dehors de la famille », a précisé le Professeur Clément Koffi. Et d’ajouter : « Chez ceux qui sont adultes et qui sont malades, il faut les greffer assez rapidement. Par contre, lorsqu’ils ont trainé longtemps en dialyse, cela devient difficile, parce que les parents estiment que leur malade peut vivre avec la dialyse, donc ils ont du mal à avoir des donneurs ».
Après la transplantation, un autre volet du traitement de la maladie rénale est la dialyse. Pour ce cas, il y a l’hémodialyse qui est la dialyse par le sang et la dialyse par le ventre. En Côte d’Ivoire, on pratique l’hémodialyse qui est la plus développée. Le CNPTIR dispose de17 centres de dialyse.
Ernest Famin