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Les accusations de partialité à l’encontre de la CEI, du Conseil Constitutionnel, du pouvoir RHDP par Tidjane Thiam, relèvent d’un prisme subjectif qui mérite une analyse approfondie.
Derrière une telle prise de position se cache généralement une tentative stratégique visant à disqualifier, à l’avance, les résultats d’un processus électoral perçu comme défavorable.
Cette posture s’inscrit dans une dynamique où, la contestation politique se construit moins sur des preuves objectives que sur une rhétorique destinée à délégitimer les institutions en charge des élections en les prénommant d’arbitres capables de tricher.
Dès lors l’on est tenté de se demander où seront vos scrutateurs ?
Les PV ne sont-ils pas signés in situ et remis à chaque représentant ?
Les résultats ne sont-ils pas transmis via internet par chaque représentant dans leur différent QG ?
Comment le parti au pouvoir fait-il pour perdre la commune de Ferkessedougou si l’arbitrage pouvait changer les donnes ?
Tidjane Thiam en déclarant un verdict avant le scrutin, illustre son incohérence dans son jugement sur le rôle d’un arbitre à une élection et, confirme vraiment qu’il est hors sol pour citer JL Billon.
De toute évidence, Tidjane Thiam a été bien heureux que la commission électorale pour la présidence du PDCI ait pesé de tout son poids, pour marquer des buts contre Maurice Kacou Guikahué en rejetant sa candidature.
Du fait de cette possibilité de pratique injuste, douteuse interne à son parti, Tidjane Thiam généralise le syndrome de la schizophrénie.
1. La subjectivité du jugement et son instrumentalisation politique.
En prêtant des intentions de malveillance et de partialité à ces organismes en disant « ils feront tout pour me barrer la route », Tidjane Thiam se place dans une logique de perception plutôt que de réalité.
La subjectivité de son jugement découle d’un biais de confirmation qui, consiste à annoncer que toute décision qui ne lui est pas favorable est perçue comme une preuve de manipulation, tandis que toute décision allant dans son sens, est interprétée comme un sursaut d’intégrité institutionnelle.
Dans cette configuration, l’accusation devient un outil subversif de communication politique visant à :
Entretenir un doute généralisé sur la transparence du processus électoral, alimentant ainsi une défiance populaire vis-à-vis des institutions.
Citons l’exemple d’un cas plus simple que celui de notre confrère Tidjane Thiam.
Karim Wade au Sénégal, détenteur de la double nationalité française par sa mère, fils d’un ex président de la République en vie, n’a pu être candidat à cause du délai de la procédure de renonciation.
Tidjane Thiam est conscient que sa procédure de libération des liens de la nationalité française n’est pas acquise, alors il préfère créer un écran de fumée dès à présent pour préparer les consciences à cette situation.
Ainsi, il aura préparer psychologiquement ses partisans à rejeter des résultats défavorables.
Créer un rapport de force médiatique et politique, forçant les institutions à se justifier en permanence et à légitimer leurs décisions.
Ce type d’accusation repose donc moins sur des éléments tangibles que sur une mise en scène stratégique où la perception prime sur la réalité.
2. Une posture de victimisation.
L’opinion d’option de partialité à l’égard des institutions électorales peut également être analysée comme une stratégie de victimisation anticipée.
Tidjane Thiam cherche à se poser en victime d’un système biaisé, non pas après les résultats mais avant même que le scrutin ait lieu.
Cette anticipation lui permet, de disqualifier le processus électoral avant même d’en connaître l’issue en lui offrant un narratif justifiant une contestation future.
Le codage de ce discours repose sur :
Un glissement sémantique entre critique légitime et dénonciation infondée, où des dysfonctionnements réels ou supposés sont amplifiés pour nourrir une suspicion généralisée.
Une rhétorique de l’impuissance face à sa difficile situation d’être candidat, vise à mobiliser l’opinion publique et à s’attirer un soutien international.
Une tentative d’inversion des responsabilités, où l’échec électoral ne peut être attribué à une stratégie politique inadaptée, mais nécessairement à une fraude orchestrée.
3. Conceptualisation de l’accusation comme une fraude à l’avance.
L’accusation infondée d’une fraude électorale avant même la tenue du scrutin peut être qualifiée de fraude à l’avance, une stratégie qui consiste à :
Créer artificiellement un climat de suspicion pour influencer la perception collective du processus électoral.
Préempter la contestation post-électorale en instillant l’idée que toute issue défavorable est nécessairement le fruit d’une manipulation.
Délégitimer le vainqueur potentiel, en rendant ses résultats suspects aux yeux de l’opinion publique et des observateurs internationaux.
Cette approche s’apparente à une fraude narrative, où l’objectif n’est pas de démontrer une manipulation réelle, mais d’ancrer dans l’esprit des citoyens l’idée que le processus est biaisé avant même son déroulement.
En d’autres termes, il s’agit d’un renversement de la charge de la preuve où l’accusateur ne cherche pas à démontrer l’existence d’une fraude, mais contraint les institutions à prouver qu’elles sont impartiales, ce qui est une démarche infiniment plus complexe.
4- Une manipulation par anticipation.
L’accusation d’une partialité des arbitres, la CEI, la Cour Constitutionnelle par Tidjane Thiam sans fondement probant, s’inscrit dans une stratégie de manipulation par anticipation à refuser tout motif de rejet ou de résultat à l’élection .
Elle vise à prendre l’avantage dans la bataille de la perception publique, à mobiliser ses partisans et à préparer le terrain pour une contestation légitimée d’avance.
Cette posture peut être analysée comme une instrumentalisation du doute sur la démocratie, où le débat électoral n’est plus un affrontement d’idées, mais une guerre de récits dans laquelle, la vérité objective importe moins que la capacité à imposer un narratif dominant, portant sur des accusations de subversion du processus électoral.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA.