Vous êtes une jeune entrepreneure et vous exercez une activité atypique. Pour commencer, qui est Soro Yoh Aïcha ?
Je réponds au nom de Soro Yoh Aïcha. Je suis une jeune dame qui vend des produits naturels pour l’entretien de l’organisme. J’ai eu un BTS en assistanat de direction et comme le marché du travail a ses réalités, j’ai décidé de vendre des produits pour dégraisser le ventre, perdre le poids et traiter d’autres pathologies comme ce que l’on appelle communément les ‘‘plaies de ventre’’, la constipation, les hémorroïdes, etc.
Par rapport à l’activité que vous exercez, comment doit-on vous appeler ?
Je me considère comme une tradi-praticienne, parce que je soigne, certes, mais je n’ai pas de diplôme en médecine.
Être tradi-praticien suppose avoir été initié à une science ou avoir hérité d’un savoir-faire ancestral. Vous, si jeune et tradi-praticienne. Comment avez-vous acquis cette science ?
Je tiens à préciser que j’ai grandi avec ma grand-mère maternelle. Celle-ci vendait des produits à base de plantes à Bouaké et elle parvenait à soigner beaucoup de gens. C’est donc à côté d’elle que j’ai appris les vertus des plantes.
Dans la vente de vos produits, vous pratiquez la purge à domicile. Comment avez-vous appris ce métier ?
Comme je l’ai précisé, c’est auprès de ma grand-mère que j’ai tout appris. À ses côtés donc, j’ai appris comment faire la purge, même à des grandes personnes. Ayant maîtrisé les plantes qu’elle utilise, ayant aussi appris à purger, quand j’ai décidé de faire cette activité ici à Abidjan, j’ai aussi décidé de continuer ce que ma grand-mère faisait, puisque ce sont les mêmes pathologies qui continuent d’affecter les gens aujourd’hui.
Justement. Parlant de pathologies, quelles sont les maladies que traite Miss Aïcha Yoh ?
D’abord, je dégraisse le ventre. Aujourd’hui, avec la sédentarité et nos méthodes alimentaires, certaines personnes finissent par avoir un ventre arrondi, malgré leur bonne volonté. À travers nos produits, nous parvenons à ‘‘casser’’ les gros ventres. Il y aussi des femmes qui, après une maternité, ne parviennent pas à retrouver la forme de leur ventre et elles donnent toujours l’impression d’être enceinte. Au-delà de ces aspects esthétiques, nous traitons également les constipations, la colopathie et la fameuse maladie qu’on appelle communément ‘‘plaie de ventre’’.
Sans stigmatiser une quelconque communauté, le purgeoir est beaucoup utilisé par les Baoulés qui ont une bonne maîtrise de cet instrument. Vous, une Sénoufo, pourquoi l’avoir choisi comme outil de travail ?
(Rires) Le purgeoir est un instrument qu’on utilise en médecine comme tous les autres. C’est vrai qu’on l’identifie aux Baoulés, mais tout le monde utilise le purgeoir. Je l’ai choisi comme instrument de travail, parce que le produit que je donne à mes clients se prend en principe par la voie orale. Mais il est tellement amer au point où les patients n’arrivent pas à l’utiliser correctement. Ce qui fait qu’on n’arrive pas à atteindre les résultats escomptés. Or, avec la purge, la difficulté pour prendre le produit ne se pose pas. Pour faire la purge, il n’y a pas d’autre instrument que le purgeoir. Voilà pourquoi, il est devenu mon outil de travail de prédilection.
Quelle est la composition des produits que vous recommandez à vos clients ?
Les produits que j’utilise sont uniquement à base de plantes naturelles qui viennent directement d’un champ. Ce sont des plantes qui sont écrasées naturellement sans aucun ajout.
Nous sommes à Abidjan, comment arrivez-vous à avoir les plantes pour faire les décoctions que vous proposez à vos clients ?
Je disais au début de cet entretien que ma grand-mère est tradi-praticienne. Elle m’a montré toutes les plantes qui rentrent en ligne de compte dans la composition des produits. J’achète donc les plantes avec les femmes sur les marchés ou à défaut, je les fais venir de Bouaké ou d’autres contrées.
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Interview réalisée par Kra Bernard