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Érosion côtière / La société civile indexe les BTP

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La convention de la société civile ivoirienne invite les entreprise à adopter une politique environnementale. ( Photo DR)
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Le littoral ivoirien long de 566 km s’étend du cap des Palmes à l’Ouest (frontière ivoiro-libérienne) au cap des Trois Pointes à l’Est (frontière ivoiro-ghanéenne) avec une superficie estimée à 23 253 km2. Il couvre également un réseau lagunaire qui s’étend sur une longueur de près de 300 km avec une superficie de 1200 Km2. C’est le siège d’activités industrielles, agro-industrielles, artisanales, touristiques, halieutiques et aquacoles. Il n'est pas épargné par le phénomène de l'érosion côtière. Plusieurs habitations sont emportées par les vagues plongeant des villages entiers dans la désolation. De nombreuses familles désertent la côte face à l'avancée de la mer laissant des maisons abandonnées en ruines.

La pression humaine sur l’espace littoral et l’importance des activités économiques qui s’y sont développées ont eu depuis quelques décennies de nombreuses répercussions sur les ressources littorales.

Pourtant, le gouvernement ivoirien a comblé le vide juridique qui prévalait en matière de protection du littoral contre de diverses menaces telle que l’érosion des plages, par la prise du décret n°2017-378 du 02 juin 2017, vulgarisée au cours d’un atelier, jeudi 03 décembre 2020 et côtières. Ce décret portant aménagement, protection et gestion intégrée du Littoral interdit entre autre de procéder à l’extraction de matériaux ou à des travaux de dragage sur le littoral sans autorisation des administrations compétentes, à l’exploitation des carrières de sable (dragage) sans autorisation de l’administration compétente.

Un décret d’application de l’article 37 de la loi du 02 juin 2017

La coupure des mangroves et espèces végétales rares (en raison de leur importance dans la reproduction des poissons, des crustacées, dans la lutte contre l’érosion des berges, etc.) et la détérioration des espaces protégés sont proscrites.

Les usagers doivent s’abstenir de jeter, déverser ou laisser s’écouler directement ou indirectement en mer ou dans la partie des cours d’eau, des canaux ou des plans d’eau, dans les espaces et milieux mentionnés dans la loi et dans les zones fragiles ou très remarquables, des substances ou organismes ou objets qui sont soit nuisibles à la navigation, à la conservation, à la vie ou à la reproduction des ressources naturelles vivantes.

Mais « l’inexistence du décret d’application de l’article 37 de cette loi du 02 juin 2017 relative à l’aménagement, à la protection et à la gestion intégrée du littoral reste une situation qui entrave la bonne gestion du littoral ivoirien » a dénoncé Gadji Oscar, chargé du projet « BENKADI » à la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) au cours d’un point de presse tenu ce mercredi 21 décembre 2022 au siège de ladite organisation.

Plaidoyer en vue de la création d’une agence pour la gestion du littoral

En effet, « l’exploitation de sables marins et la destruction de la flore marine dans le secteur des BTP et les activités touristiques connaissent un intérêt particulier ces dernières années en Côte d’Ivoire. Or, la prolifération du minage de sable marin est un facteur important de la fragilisation du littoral. Cette pression accentue la montée de la mer, occasionnant le déplacement de la population rivéraine et favorisant leur paupérisation. Si ces entreprises s’engagent à adopter et appliquer une politique environnementale tenant compte des effets néfastes de l’érosion côtière sur les communautés, elle contribuent ainsi à obtenir à terme une protection naturelle des zones concernées » poursuit le conférencier.

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Selon l’article 40 de la constitution ivoirienne « la protection de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour la communauté et pour chaque personne physique ou morale. L’État s’engage à protéger son espace maritime, ses cours d’eau, ses parcs naturels ainsi que ses sites et monuments historiques contre toutes formes de dégradation ».

C’est pourquoi, Gadji Oscar préconise la signature d’un « décret d’application de l’article 37 de la loi 2017-378 du 02 juin 2017 relative à l’aménagement, à la protection et à la gestion intégrée du littoral, en vue de la création et du fonctionnement effectif de l’Agence Nationale de Gestion Intégrée du Littoral en abrégé ANAGIL ». Outre cela, il propose au nom de la CSCI, la révision de « la loi N°96-766 du 3 octobre 1996 portant code de l’environnement afin de prendre en compte l’évolution du droit de l’environnement au niveau international, la problématique des changements climatiques, l’érosion marine, l’utilisation durable des ressources naturelles et la résilience communautaire ».

Un appui au projet Waca

La loi portant aménagement, protection et gestion intégrée du Littoral vient en appui à la mise en œuvre du Projet d’investissement pour la résilience des zones côtières Ouest-Africaines (WACA-ResIP), d’un montant de 16 milliards de FCFA. Grâce à l’appui technique et financier de la Banque mondiale, ce projet est structuré autour de quatre composantes que sont, le renforcement de l’intégration régionale et des investissements pour une gestion côtière améliorée, la mise en place de politiques, institutions nationales et système d’information, les investissements nationaux physiques et sociaux et la gestion de projet.

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L’érosion côtière a entraîné la disparition progressive du village de Lahou-Kpanda et ses sites de sépulture. Cette dégradation des côtes a coûté environ 5,3% du PIB combiné de 2017 pour quatre pays que sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin selon un rapport de la Banque mondiale en 2017.

Joël DALLY

 

 

 

 

 

 

 

 

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