Société

Reportage/Construction de la ligne 1 du métro d’Abidjan  - Adjamé : Voyage au cœur de l’angoisse des populations impactées

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L’avènement du projet de métro d’Abidjan suscite beaucoup d’espoir mais des grincements de dents pour certaines populations. A Adjamé, la démolition des bâtiments situés sur l’emprise du projet de la ligne 1 du métro d’Abidjan a provoqué la colère des populations et pour cause une incompréhension, un problème de communication.

Une immersion au cœur dans le plus « gros marché » de Côte d’Ivoire, nous permet de comprendre la portée du projet dans ce secteur. Il est 13h 35 ce vendredi 19 novembre 2021, sous un soleil de plomb, nous traversons le marché Forum d’Adjamé (l’un des plus grands d’Afrique de l’ouest). Entre le vacarme que produisent les commerçants, se passe une opération d’envergure derrière ce gigantesque marché précisément à l’avenue de la Bia, rue des vivriers. Les vrombissements d’engins lourds attirent notre curiosité.

Le constat est unique. Des tas de gravats de ce qui était encore il y a peu des maisons et magasins pour commerce jonchent les rues.  Deux énormes bulldozers sont activités, rasant tout sur leur passage pour préparer le tracé de la ligne 1 du métro. Au milieu de ces décombres, ils sont des centaines à soulever les débris pour chercher à sauver ce qui peut l’être ; ici des marchandises ensevelies, là des marmites ou ustensiles de cuisines. Habitants et commerçants s’épaulent pour sauver ce qu’il reste de leurs affaires.

Assis sur un banc de fortune, les yeux larmoyants, Kassoum Konaté a les yeux rivés sur les engins qui à coup foudroyant broient les derniers « vestiges ». Ce dernier avoue qu’ils ont été prévenus du déguerpissement depuis 2016. « Nous avons été avertis, il y a longtemps. Mais le hic, c’est que nous ne savions pas quand est-ce que l’opération devait débuter », nous confie-t-il avant de faire remarquer le véritable souci qui les a maintenus sur les lieux jusqu’à ce jour.

 

On ne peut pas accuser l’Etat ! Le Gouvernement fait son travail

« Il nous a été dit que nous devrions être indemnisés avant que l’opération ne démarre. Hélas ! Cela n’a pas été le cas pour plus de 75% des bénéficiaires ou ayant droit. Ces femmes que vous voyez là, ont de petits commerces et louent de petits magasins. Ces dernières n’ont pas été indemnisées encore moins recensées. Seuls les grands magasins ont pu bénéficier de ce recensement. Aussi, ce que nous déplorons c’est la somme qu’on nous (les commerçants) propose comme dédommagement.

Nous estimons que 205 000 FCFA est trop peu alors qu’à Adjamé, pour avoir un magasin, nous devons débourser en moyen 5 millions de Francs » s’irrite ce commerçant de céréales et qui s’indigne de la lenteur de la procédure. Même constat dans le secteur de Soumarabougou à la lisière des quartiers Abrass et Bramakôté, dans la zone d’Adjamé mairie 2 où un jeune étudiant avec son baluchon au dos essaie avec sa mère et ses frères de faire sortie de la zone leurs dernières affaires.

Ibrahim Registre Kader COULIBALY, nous confie que la cellule aidée des agents de la mairie a demandé aux familles de se faire recenser bien sûr en présentant une topographie de leur domicile. « On ne peut pas accuser l’Etat. Le gouvernement fait son travail vu que nous avons été prévenus plusieurs mais sans donner de délai. Néanmoins, pour les propriétaires de cours et les locataires, l’Etat devrait remplir sa part de contrat relativement au dédommagement. Le geste que nous attendons de l’Etat c’est la mise à disposition d’un site pour relocaliser les familles vulnérables » a plaidé Kader avec un regard impuissant fixé sur les machines en activité.

Cependant, ils épousent la vision du Président de la République dans sa politique de développement. Les démolitions des bâtisses sur les emprises du projet restent salutaires pour l’émergence du pays. C’est pourquoi, il fait un plaidoyer auprès des autorités compétentes pour la revalorisation de leur indemnisation ou même diligenter une négociation avec les propriétaires de magasin pour revoir à la baisse le coût de la location.

Joël Dally

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