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Interview exclusive / Flambée des prix, incitation à la consommation locale…Dr Ranie-Didice Bah-Koné,: « Voici les secteurs d’activités où les Ivoiriens dépensent leur argent »

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Selon Dr Ranie-Didice Bah-Koné, SE du CNLVC, le ministère du Commerce veille à la mise en œuvre effective des mesures édictées par le gouvernement (photo DR)
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A quoi sert le Conseil national de lutte contre la vie chère ? Que fait-il concrètement pour soulager les consommateurs ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles répond la Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre la vie chère, Dr Ranie-Didice Bah-Koné, dans cette interview exclusive accordée à L’Avenir.

Qu’est-ce que le Conseil National de Lutte contre la Vie Chère et comment contribue-t-il à la lutte contre la vie chère ?

Le Conseil National de Lutte contre la Vie Chère (CNLVC) est une structure née de la volonté du Gouvernement ivoirien de renforcer son dispositif institutionnel en matière de lutte contre la vie chère et de protection du pouvoir d'achat des consommateurs. Le CNLVC est composé de trois entités que sont le Conseil de Concertation qui est l'organe d'orientation politique. Il est présidé par le Premier ministre, Chef du gouvernement, Patrick Achi. Ensuite nous avons le Comité Technique présidé par le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Souleymane Diarrassouba. Le Comité Technique regroupe en son sein toutes les structures publiques comme les ministères clés, les structures privées comme la CGECI et la FIPME et la société civile avec les Fédérations d’associations de consommateurs.

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Et enfin, la 3e entité qui compose le CNLVC est le Secrétariat Exécutif qui est l’organe opérationnel, que j’ai l’honneur de piloter. La mission principale du CNLVC dans la lutte contre la vie chère, est d’assurer une veille permanente sur les prix des produits et services de grande consommation. Suite à des études portant sur la composition du panier de la ménagère en Côte d’Ivoire, nous avons pu identifier les principaux postes de dépenses des ivoiriens que sont l’alimentation, le logement et le transport. Nous accordons donc une attention particulière au prix des produits alimentaires notamment des produits de première nécessité, au logement ainsi qu’aux services de transport des personnes physiques et des biens notamment des produits vivriers. Le CNLVC est également un cadre d’échanges permanent entre les acteurs de la société civile représentée par les fédérations d’association des consommateurs, le gouvernement et les opérateurs économiques. Et justement ces fréquentes échanges nous permettent de relever les difficultés que rencontres les différentes parties prenantes et de recueillir les préoccupations des consommateurs, que nous traduisons en termes de recommandations au gouvernement. Et dans un second temps, une fois les mesures de lutte contre la vie chère adoptées par le gouvernement, le CNLVC a la charge de communiquer, de sensibiliser et de s’assurer de la mise en œuvre effective des mesures édictées par le gouvernement.

 La troisième édition du mois d’octobre, mois du consommer local a été lancée depuis le 13 octobre dernier. Que doit-on entendre par « Mois d’octobre, mois du consommer local » ?

L’initiative « mois d’octobre, mois du consommer local » vient d’un constat de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) que notre espace constitue un vaste marché potentiel de 120 millions de consommateurs mais que les entreprises issues de chaque pays de l’union ont beaucoup de mal à s’affirmer sur ce marché et à en tirer profit en raison d’une consommation extravertie des consommateurs de la zone qui ont tendance à privilégier les biens et services importés.

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Pour pallier à cette faiblesse, les ministres en charge du commerce des états membres de l’UEMOA, réunis le 25 octobre 2025 à Ouagadougou au Burkina Faso, ont décidé à l’unanimité de faire du mois d’octobre, le mois de la promotion de la consommation locale à travers le concept « Mois d’octobre, mois du consommer local ». Il s’agit durant tout le mois d’octobre d’accorder plus de visibilité aux produits du terroir et de sensibiliser les populations à privilégier dans leur choix de consommation les produits locaux. Cette troisième édition, placée sous le parrainage du ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Souleymane Diarrassouba, a fait l’objet d’un lancement officiel le jeudi 13 octobre 2022 au Plateau.

Pourquoi devrions nous attendre le mois d’octobre pour consommer local ?

L’initiative « mois d’octobre, mois du consommer local » ne consiste pas à consommer local qu’au mois d’octobre. Mais a plutôt pour objectif de faire la lumière durant tout le mois d’octobre sur le potentiel de notre pays en terme de production et de commercialisation de nos produits locaux. Il s’agit également durant tout le mois d’octobre d’inciter nos populations à consommer local. Le mois d’octobre permet de mettre un gros coup de projecteur sur la consommation de nos produits locaux.

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Cependant, consommer local doit s’incruster dans nos habitudes de consommation de tous les jours, et cela durant toute l’année. Ce coup de projecteur doit amener au changement des habitudes de consommation, afin de privilégier les produits locaux lors de nos achats du quotidien. L’ivoirien doit développer les réflexes qui vont l’amener à faire le choix de consommer ce que nous produisons. L’objectif principal du « Mois d’octobre, mois du consommer local » est de promouvoir une culture de consommation centrée sur ce que nous produisons. Plus spécifiquement, il s’agit de donner de la visibilité aux produits locaux et aux produits de saison et d’améliorer la perception chez les consommateurs.

Quel est le lien entre « lutte contre la vie chère » et le « consommer local » ?

Cette initiative de promotion du consommer local cadre parfaitement avec la stratégie de lutte contre la vie chère adoptée par le Gouvernement ivoirien qui consiste substituer les produits importés aux produits locaux afin de réduire ce qu’on appelle en économie l’inflation importée. En effet, face à l’inflation des cours mondiaux de certains produits importés, la consommation des produits locaux peut être un atout dans la lutte contre la vie chère. Voyez-vous après le déclenchement de la covid19, l’augmentation du prix du fret, la fermeture des frontières et les pressions faites sur le marché international des produits de première nécessité, ce sont traduits par des hausses des prix au niveau international. Et si le prix d’un bien augmente dans le pays d’origine, et que nous pays importateur nous achetons ce bien, à l’arrivée vous imaginez le prix final de ce bien.

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C’est ce que nous avons vécu lors de la crise sanitaire à Covid 19. De même, dernièrement avec la crise Russo-ukrainienne, on a constaté une augmentation sur le marché international du prix du blé, dont la farine sert notamment à la fabrication du pain. Ces inflations importées auraient pu être évitées si nous avions substituer ces produis importés par ceux que nous produisons. Par conséquent, la promotion de la consommation des produits locaux vise à susciter des changements dans les habitudes de consommation de nos concitoyens en améliorant l’image des produits locaux auprès des populations.

Pensez-vous que les transformateurs locaux sont en mesure de satisfaire la demande nationale, vu que beaucoup produisent de manière artisanale ?  

C’est clair qu’il y a encore de nombreux défis à relever au niveau de la production, de de la transformation, de la distribution, et de l’emballage de nos produits. Cependant il faut noter qu’il y a énormément de progrès qui se font dans le domaine avec l’appui du Gouvernement. C’est d’ailleurs une occasion de démontrer notre patriotisme économique, parce que si nous commençons aujourd’hui à consommer local, non seulement nous récompensons l’effort de nos entrepreneurs mais aussi et surtout nos encourageons davantage d’investissements dans le secteur de la transformation locale de nos produits locaux et contribuons de cette façon à la croissance économique de notre pays.

Réalisée par Venance KOKORA

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