Cette décision souveraine du Chef de l’Etat semble ne pas faire l’unanimité au sein de la population et particulièrement auprès de l’opposition ivoirienne. Notre analyse.
*D’un strict point de vue juridique*
Que dit la constitution sur les pouvoirs de nomination du président de la république ?
Article 67 “le Président de la République est le chef de l'Administration. Il nomme aux emplois civils et militaires”.
Art 68 “le Président de la République est le Chef suprême des Armées. Il préside les
Conseils, les Comités de Défense et de Sécurité”.
Le Chef de l’Etat a-t-il le droit de proroger le délai d’activité d’un officier général de l’armée, d’un préfet ou d’un enseignant ? Oui. Il n’y a donc d’un strict point de vue juridique aucun souci d’irrégularité ou d’illégalité.
D’ailleurs, à ce sujet, huit (8) membres du corps préfectoral ivoirien, dont Tuo Fozié et Bamba C. Daniel, viennent être maintenus en activité à titre exceptionnel, pour une durée d'un an à compter du 1er janvier 2025, par le président Alassane Ouattara dans un décret en date du 26 décembre 2024. Cela n’a ému ni irrité personne.
*D’un strict point de vue militaire et sécuritaire*
Le Gle Apalo a-t-il, ne serait-ce qu’une seule fois, failli à sa mission sécuritaire ? Pas à ma connaissance.
Faut-il nommer à la tête des grands corps de l’armée des officiers supérieurs en qui le Chef de l’Etat n’a pas pleinement confiance ? Si l’on s’en tient à la défaillance (c’est un euphémisme) de l’Armee nationale sous le président Gbagbo alors c’est, sous nos tropiques( Cf. Notamment les pays de l’AES), une exigence vitale.
Rappelons-nous que le Président Gbagbo, en 2011, suite à l’élection présidentielle contestée, avait notamment été lâché par son chef d’Etat-major des armées, son commandant supérieur de la Gendarmerie, ses commandants des forces aériennes, terrestres et maritime.
Seuls quelques officiers supérieurs, à l’image de celui de la garde républicaine, Dogbo Blé Bruno, lui étaient restés loyaux. C’est epsilon.
Fort de cette malheureuse expérience vécue par Gbagbo, doit-on en vouloir au Pdt Ouattara de nommer à des postes sensibles et stratégiques des hommes en qui il a pleinement confiance ? Bien sûr que non.
Selon l’Art 54 de la constitution “le Président de la République … est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire …”. En cas de rébellion ou de coup d’Etat réussi, on lui reprocherait de n’avoir pas respecté son engagement constitutionnel de protéger ses concitoyens et la république, à l’instar de ce qui a été reproché aux ex présidents Bedié en 1999 et de Gbagbo en 2002.
*D’un strict point de vue historique*
Est-ce la 1ere fois que des officiers supérieurs ou généraux sont-ils maintenus en activité en Côte d’Ivoire ? Non.
Pour rappel, par le décret n° 2007-619 du 23 novembre 2007 portant maintien en activité d'Officiers généraux des Forces Armées nationales, certains Officiers généraux des Forces Armées nationales ayant atteint la limite d'âge de leur grade ont été maintenus en activité pour une période d'un an, à compter du 1" janvier 2008.
En l’espèce, il s’agissait, pour la Gendarmerie nationale, du général de Division TOUVOLI Bi Zogbo et, pour les Forces terrestres, du général de Brigade LOHOUES Agnéro Camille.
À cette époque, personne n’a crié au loup. Et pour cause, le président Gbagbo a agi dans le strict cadre de ses prérogatives légales.
Rien de nouveau donc sous le soleil Éburnéen. Attaquons-nous plutôt aux vrais maux qui minent la société ivoirienne.
De Jean Bonin Kouadio.