Société

Parc national de la Marahoué: Le plaidoyer des populations du poumon vert de la région

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Les populations évoquent des questions humanitaires pour justifier leur présence à l’intérieur du parc. (Photo : JD)
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Dans le cadre du déguerpissement, 14 hectares de cacao plantés illicitement dans le parc national de la Marahoué, ont été détruits par des agents de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) de Bouaflé, en 2021. Mais les populations y sont toujours installées.

« Gbangbokouadiokro fait partie des campements qui sont sur la ceinture du tracé du parc. Laquelle ceinture n’est d’ailleurs, plus reconnue par nos autorités.  Ce qui fait de cette zone, un endroit à déguerpir absolument. Nous ne refusons pas de partir, mais nous demandons des sites de recasement, bien sûr, après un recensement des habitants du parc. Parce que nous n’allons jamais nous opposer aux décisions prises par l’État. Nous ne faisons que plaider pour qu’une solution définitive soit trouvée. Nous ne sommes pas rentrés dans le parc par ignorance. Mes parents y sont arrivés en 1956 avant d’ériger cet endroit en espace protégé en 1974.

 

Tous les grands décideurs connaissent la réalité du parc et son histoire.

 

Nous ne sommes pas des "rebelles". Tous les grands décideurs connaissent la réalité du parc et son histoire. Nous faire partir avec la force, n’est pas la solution. C’est toute l’économie d’un pays qui prendra véritablement un coup. C’est pourquoi, nous plaidons pour que nos champs ne soient pas détruits. Un comité de gestion inclusif peut être mis en place pour sauvegarder le reste et lutter contre l’extension des plantations. Les produits qu’utilisent les agents des Eaux et Forêts ne tuent pas que nos plantes, mais également toutes les espèces rares qui s’y trouvent.

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C’est pourquoi, nous implorons la clémence du chef de l’État Alassane Ouattara pour qu’il défasse sa signature en notre faveur au vu des nombreux enjeux socio-économiques. Aussi, nous invitons des ONG comme la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) à nous accompagner dans notre plaidoyer », supplie Assigno Kouakou Olivier, président des jeunes de Gbangbokouadiokro.

 

ce sont plus de 3000 enfants de ce campement, voire plus de 10.000 enfants du parc qui seront menacés de sortir du système éducatif

 

Si le déguerpissement a lieu actuellement, ce sont plus de 3000 enfants de ce campement, voire plus de 10.000 enfants du parc qui seront menacés de sortir du système éducatif. « La Première Dame de Côte d’Ivoire, Madame Dominique Ouattara, ayant fait de la scolarisation des enfants, l’une de ses priorités, nous lui demandons de se pencher sur le cas de nos enfants », s’est ouverte à nous, Koffi Brou Jeannette, Présidente des femmes de Gbangbokouadiokro.

 

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En 2021, certaines opérations ont été menées, à savoir la destruction de 68 plots d’iroko et de lingues, la saisine de 60 planches d’iroko, d’un véhicule, de trois tricycles, six motopompes, quatre motos et huit dragues des orpailleurs clandestins, 18 vélos, la destruction de 75 hameaux, ainsi que la saisie d’un camion de bananes, de deux fusils de calibre 12 et l’arrestation de 14 personnes. Ce résultat a été donné par le directeur de zone de l’OIPR, le lieutenant-colonel Kouadio Kouassi Remy, lors de la deuxième session du Comité de gestion locale du parc national de la Marahoué, tenue le jeudi 4 novembre 2021, à la préfecture de Bouaflé, rapporte l’agence ivoirienne de presse (AIP).

 

le département de Bonon compte 167 397 habitants

 

Selon le recensement général de la population et de l’habitat 2021, le département de Bonon compte 167 397 habitants. Bien sûr, en tenant compte de ces populations qui vivent dans le parc.

Au sein de cette aire protégée qui fait frontière à plusieurs départements, l’on dénombre près de 42 campements avec une forte concentration de populations venues des pays limitrophes et d’autres allochtones.

C’est fort de ce constat que M. Salia, président des jeunes de la communauté CEDEAO, demande une médiation du président du Sénat, SEM Jeannot Ahoussou-Kouadio et celle du président de l’Assemblée Nationale, SEM Adama Bictogo, pour les aider à surmonter non seulement cette douloureuse épreuve, mais également, à trouver une issue favorable pour ces milliers de familles.

 

 

La société civile se mobilise pour une meilleure prise en charge

 

 

Contribuer à la protection de l’environnement et de la biodiversité par la réflexion et la mise en œuvre de projet pour assurer la pérennité de l’humanité et des espèces protégées, voici la mission que s’est confiée des environnementalistes. « Nos actions sont de faire des plaidoyers pour améliorer des politiques publiques sur le changement climatique en vue de l’atténuation et de l’adaptation des aires protégées en Côte d’Ivoire », nous confie Gnombléi Aquilas, président de l’ONG Santé Animale Afrique de Bouaflé. C’est au cours d’une série d’activités qui se tient dans des villages mitoyens du parc de la Marahoué que nous avons échangé avec cet expert, partenaire de la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI).  « Nous avons procédé cette semaine à la création de comités de relais du projet dans les villages (Garango, Dabouzra et Danangoro) pour renforcer et pérenniser les actions de conservation du Parc National de la Marahoué.

 

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Il s’agit essentiellement d’activités de sensibilisation sur la protection de la faune et de la flore pour l’atténuation et l’adaptation aux effets des changements climatiques. Les parties prenantes de cette initiative sont en majorité, les jeunes et les femmes de ces localités à proximité des parcs pour leur implication dans les initiatives de conservation », a-t-il fait savoir.

Pour cette ONG, il importe que les paysannes et paysans qui vivent à proximité des parcs, adoptent des techniques agricoles afin d’avoir du rendement considérable sur leur parcelle villageoise, sans avoir à aller dans le parc.

Outre cela, les conseils régionaux devraient penser à un plan climat au niveau de leur région et les maires devraient participer et contribuer à la mise en œuvre de cette gouvernance locale en matière de résilience climatique.

 

Joël Dally, Envoyé spécial

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