M. le représentant de l’Union du fleuve Mano en Côte d’Ivoire, vous venez de prendre part à la cérémonie d’officialisation de l’Union des transitaires du fleuve Mano. Quel est le regard de l’institution que vous représentez sur cette organisation ?
Nous venons d’assister à la clôture de 05 journées de réflexion qui ont abouti à la finalisation de la validation des textes qui vont régir l’Union des transitaires du fleuve Mano. L’Union du fleuve Mano en elle-même, est une institution qui est créée en une 1973. Elle est plus ancienne que la CEDEAO. À l’origine de la création, il y avait deux pays membres, le Libéria et la Sierra Leone et l’Union avait une vocation douanière. Elle s’est élargie à la Guinée en 1980 et à la Côte d’Ivoire en 2008.
Créée en 1973, l’Union du fleuve Mano est une organisation sous-régionale qui a vu l’entrée de la Côte d’Ivoire seulement en 2008. Pourquoi la Côte d’Ivoire est-elle devenue membre ?
C’était effectivement à l’occasion du 15e sommet des chefs d’État de l’Union du fleuve Mano qui s’est tenu au Libéria. C’est là que la Côte d’Ivoire a signé son adhésion qui est devenue effective et cela a été validé par les parlementaires ivoiriens. La Côte d’Ivoire est devenue membre pour cinq raisons principales, à savoir, les raisons diplomatiques, politiques, humanitaires, économiques et sécuritaires.
Pourquoi la Côte d’Ivoire y a adhéré alors qu’elle n’est pas traversée par le fleuve Mano qui porte le nom de cette union ?
C’est vrai. Notre pays n’est pas riverain ou traversé par le fleuve Mano. Mais il faut dire que l’Union n’a pas pour vocation de mettre en valeur, le bassin du Mano. L’Union a été créée comme une institution qui a une vocation de valoriser le potentiel économique au niveau de l’intégration des pays membres. Mais les pays fondateurs qui ont créé cette union, ont estimé qu’il fallait donner un nom à leur organisation. Et comme ils sont traversés par ce cours d’eau, ils ont adopté ce nom comme nom d’institution.
Quels sont les enjeux réels d’un tel engagement pour la Côte d’Ivoire ?
Ce sont des enjeux qui sont partagés par tous les pays membres. La Côte d’Ivoire particulièrement, est confrontée à une question d’ordre économique, sécuritaire. Et c’est même pour cela qu’elle est devenue membre de l’Union du fleuve Mano. L’Union regorge de pays qui, potentiellement, sont les pays les plus riches en Afrique. Au niveau du sol et sous-sol, au niveau minéralier et minier. Pour la Côte d’Ivoire, c’est l’occasion de conquérir de nouveaux espaces économiques. Parce que vous avez, il y a près de 50 millions de consommateurs au sein de l’Union du fleuve Mano et la Côte d’Ivoire a cette possibilité d’avoir accès à un marché supplémentaire de près de 50 millions de potentiels. C’est une aubaine pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui est en train de relancer sa machine économique pour conforter ses positions. Et puis, elle la possibilité de saisir beaucoup d’opportunités. Aujourd’hui, le Liberia et la Sierra Leone sont en pleine reconstruction, donc, il y a de grands besoins à tous les niveaux.
Pouvez-vous expliquer ces différents niveaux d’échanges ?
Au niveau économique, il y a les échanges commerciaux qui sont déjà en vigueur qu’on veut rendre beaucoup plus effectifs. C’est pourquoi, la mise sur pied de l’Union des transitaires du fleuve Mano est salutaire. Cela peut contribuer à fluidifier les échanges commerciaux. Les plus gros échanges se font de la Côte d’Ivoire vers le Libéria et au niveau de tout genre de produits de consommation. De manière informelle, vous avez beaucoup d’échanges qui se font entre les populations au niveau des frontières. Les commerçants qui vont la navette entre les pays membres déplorent la fermeture des frontières. Même si la fermeture des frontières ne concerne que le passage des personnes, cela impacte les commerçants, parce qu’en général, ils se déplacent avec leurs marchandises. C’est le plaidoyer qui a été fait à l’entame des travaux entre les transitaires. Nous allons voir dans quelles mesures nous pouvons faire remonter les plaidoyers pour que les frontières soient ouvertes. Je pense que les autorités sont conscientes de cela et elles sont sûrement en train de voir l’évolution positive de la situation avant d’ouvrir les frontières.
Interview réalisée Venance Kokora