Les opposants au parti au pouvoir, le RHDP, sont visiblement frappés d’inertie à un an de la prochaine élection présidentielle. Ils ont du retard à l’allumage, est-on tenté de dire si l’on s’en tient à l’impression d’immobilisme que renvoie le quotidien de leurs partis politiques. C’est notamment le cas des deux partis supposés significatifs que sont le PDCI-RDA, dirigé par Tidjane Thiam et le PPA-CI de Laurent Gbagbo. A moins de 13 mois du prochain scrutin présidentiel, tout se passe comme s’ils avaient abandonné le terrain au parti au pouvoir, le RHDP, d’Alassane Ouattara. Lequel semble faire cavalier seul.
Le RHDP actif sur le terrain
Depuis plusieurs mois, il ne se passe de week-end sans que les militants et partisans de ce parti n’organisent des cérémonies d’hommage au chef de l’État ; lesquels constituent des occasions de remobiliser la base du parti au pouvoir dans la perspective de la présidentielle de 2025. Outre ces cérémonies d’hommage, devenues un rituel visant à mettre les militants en ordre de bataille en vue du scrutin présidentiel de 2025, le RHDP a initié, depuis quelque temps, une tournée des coordonnateurs régionaux à travers tout le territoire national, en vue de battre le rappel des troupes tout en renforçant la cohésion interne. Pendant ce temps, que font ses concurrents les plus représentatifs que sont le PDCI-RDA et le PPA-CI ? Rien ou presque.
Dix mois après qu’il a été parachuté à la tête du parti à l’emblème d’éléphant, Tidjane Thiam semble déjà essoufflé. Il donne, en tout cas, l’impression de tourner en rond ou faire du surplace. Comme en panne de stratégie, l’ancien patron du Crédit suisse est de moins en moins visible sur le terrain. Sa dernière activité politique majeure reste le meeting qu’il a organisé à Soubré en juin dernier. Il y a donc plus de trois mois.
Thiam et le PDCI-RDA en mode surplace
Depuis, il est plus présent à l’extérieur que sur le terrain où les Ivoiriens attendent l’aspirant au fauteuil présidentiel qu’il est. Plutôt que d’aller au contact des populations, Thiam semble plus préoccupé à se familiariser avec les leviers d’un parti qui reste encore marqué par le mode de gouvernance hérité de son défunt leader Henri Konan Bédié. Et pourtant, vu qu’il a été absent de la scène politique pendant près de 25 ans, on s’attendait à le voir multiplier les initiatives visant à aller à la rencontre des populations. Sur ce point, il a un retard à combler par rapport à ses potentiels adversaires que sont Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Même si, dans une interview publiée par le site lemonde.fr en mars 2024, il dit n’avoir pas de « problème de notoriété ». « Les Ivoiriens connaissent ma famille, ils me connaissent moi, mon parcours… », assurait-il. Il reste que Tidjane Thiam va devoir sortir de sa tour d’ivoire pour aller faire du corps à corps avec le pays profond. Pour l’heure, il n’en prend pas le chemin.
Sans doute parce que coincé par le boulet Jean-Louis Billon, qu’il traîne à son pied comme le forçat autrefois. En effet, le successeur de Bédié semble avoir de la peine à se défaire de cette sorte de bracelet électronique que représente l’équation Billon. Lequel semble déterminé à lui mener la vie dure. Contre vents et marrées, celui-ci ne semble pas ouvert à tout arrangement politique visant à lui ôter le droit de candidater à la convention devant désigner le candidat du PDCI-RDA à la prochaine présidentielle. Une situation pour le moins préoccupante pour Thiam, qui pourrait également expliquer le fait qu’il soit comme transparent sur le terrain, à moins de treize mois de la prochaine présidentielle.
Gbagbo et le PPA-CI tournent en rond
A l’image de Laurent Gbagbo, l’autre figure de l’opposition. Lui non plus ne se fait pas remarquer par un certain activisme sur le terrain à un an de la présidentielle à laquelle il aspire se présenter. Sans doute parce qu’immobilisé par l’armure que constitue sa radiation de la liste électorale suite à la perte de ses droits civils et politiques pour avoir été condamné à 20 ans de prison pour braquage de la BCEAO. En dépit de ses prestations et récriminations de ses zélateurs, la situation n’a pas évolué. Corseté par cette sanction, résultante d’une décision judiciaire, Gbagbo en est visiblement à faire du surplace, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Par ailleurs, trois mois après sa dernière sortie politique publique, son appel de Bonoua semble être mort-né. Snobée par son ex-épouse Simone Gbagbo et boudée par son ex-bras séculier, l’ancien leader des jeunes patriotes, Blé Goudé, cette initiative politique semble avoir fait pschitt. Puisque l’autre parti qui compte dans l’opposition, à savoir le PDCI-RDA, a également tourné le dos à cet appel de Bonoua, préférant rejoindre le groupement des partis de l’opposition mis en place à l’initiative de l’ancienne Première dame Simone Gbagbo. Isolé de ses alliés naturels que sont Simone et Blé Goudé, blacklisté par le PDCI-RDA, qui a donné de lui l’image d’un parti aspirant revenir au pouvoir par la violence, le PPA-CI de Gbagbo est comme frigorifié, à 12 mois de la prochaine présidentielle. Autant de choses qui font dire que le PDCI-RDA et PPA-CI préparent un boulevard au RHDP à la présidentielle de 2025.
Assane Niada
