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Réconciliation nationale : Quand le fonds de commerce de l’opposition ne fait plus recette

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Réconciliation nationale : Combien de fois n’a-t-on pas entendu ou lu cette expression dans les discours de certains leaders politiques, essentiellement proches de l’opposition ? Jusqu’à un passé récent, aucun leader ou responsable politique de l’opposition ne pouvait construire une simple phrase, sans employer le terme ‘‘réconciliation nationale’’. Au finish, l’expression a été tellement utilisée et galvaudée au point où un agrégé en Lettres Modernes viendrait à s’interroger s’il comprend véritablement le sens et la portée de ce vocable. À douze mois de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, les leaders de certaines chapelles politiques ont commencé à mettre au goût du jour, la fameuse question de la réconciliation nationale.

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Pascal Affi N’Guessan, dans sa volonté de rompre le partenariat avec le RHDP, a appelé de tous ses vœux, des assises nationales pour, dit-il, réconcilier les Ivoiriens et régler par voie de conséquences, tous les problèmes politiques du pays. Mais de quelle réconciliation parle au juste Affi N’Guessan et tous les tenants de l’opposition qui claironnent à tout bout de champ cette expression ? Il est vrai que la réconciliation est une quête perpétuelle, mais depuis la fin de la crise post-électorale de 2011, que n’a-t-on pas encore fait, quels mécanismes et quelles institutions n’a-t-on pas encore mis sur pied pour réconcilier les Ivoiriens au point d’exiger des assises nationales en 2024 ? Pour trouver la réponse, posons la bonne et vraie question comme nous l’avions déjà indiqué dans un éditorial en 2021 : Y-a-t-il un problème de réconciliation en Côte d’Ivoire ? Pour pouvoir y répondre, explorons d’abord la portée sémantique de cette notion.

« Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et les prisonniers militaires pour qui les tenants de l’opposition employaient le terme réconciliation, sont tous libérés et vaquent tranquillement à leurs occupations. Laurent Gbagbo, le plus illustre d’entre eux qui cristallisait toutes les attentions, vit tellement bien au point où il a organisé de nouvelles noces pour bien jouir de sa rente viagère…Au total, les Ivoiriens peuvent certes, avoir des divergences de vue sur la politique ou d’autres questions, mais évoquer la tenue d’assises nationales, est une véritable escroquerie morale »

Selon Le Larousse qui est le dictionnaire de référence de la langue française, la réconciliation est « l’action de réconcilier des adversaires, des gens fâchés entre eux.

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C’est le rétablissement des liens conjugaux entre époux en instance de divorce ou séparés de corps ». Cette définition appelle aussi à des questionnements sur la réconciliation en Côte d’Ivoire : Est-ce que dans les villages, dans les quartiers, dans les marchés et dans les bureaux, les Ivoiriens sont fâchés entre eux et se regardent en chiens de faïence ? Est-ce qu’à l’état actuel des choses, il y a une adversité avérée ou latente entre les populations dans les villages et quartiers, au point où il urge de convoquer des assises nationales pour éviter le chaos ? Même si ce n’est pas un non catégorique, la réponse à toutes ces questions coule de source. Après avoir réussi le pari de la plus belle CAN jamais organisée sur le continent africain et après avoir remporté la coupe qui a renforcé la cohésion entre frères ivoiriens, aujourd’hui, celui qui parle encore de réconciliation est un vendeur d’illusions au sens propre comme au figuré. Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et les prisonniers militaires pour qui les tenants de l’opposition employaient le terme réconciliation, sont tous libérés et vaquent tranquillement à leurs occupations.

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Laurent Gbagbo, le plus illustre d’entre eux qui cristallisait toutes les attentions, vit tellement bien au point où il a organisé de nouvelles noces pour bien jouir de sa rente viagère. D’autres thuriféraires de l’ancien régime comme Serges Kassy et François Kency qui sont des artistes, sont revenus et organisent des concerts quand et comme ils veulent. Une autre catégorie comme l’ancien international Tiehi Joël et Ahoua Stallone qui évoluent dans le domaine du sport, sont engagés à 100% pour leurs clubs. D’autres encore comme Charles Blé Goudé et Simone Gbagbo ont créé des partis politiques et lorgnent même le fauteuil présidentiel en 2025. Alors, de quoi parlent au juste ces politiciens en panne d’idées et de stratégies pour qui le mot réconciliation est le condensé de toute leur offre politique ? Il ne faut pas se voiler la face. La réconciliation qui était le fonds de commerce de certains leaders politiques a fondu comme du beurre au soleil. A l’état actuel des choses et surtout après le coup de marteau de la CAN 2023, on ne peut pas évoquer un problème de réconciliation entre les Ivoiriens, dans la mesure où aucune situation objective urgente ne nécessite la tenue d’assises nationales pour réconcilier les Ivoiriens.  L’on peut plutôt parler de consolidation de la cohésion nationale, parce que fondamentalement, les Ivoiriens n’ont pas de problèmes entre eux. Ce sont les hommes politiques qui ont des problèmes entre eux. Ils doivent chercher à régler leurs problèmes entre eux et non les transposer à l’échelle de toutes les populations. Au total, les Ivoiriens peuvent certes, avoir des divergences de vue sur la politique ou d’autres questions, mais évoquer la tenue d’assises nationales, est une véritable escroquerie morale.

Bernard KRA

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