Après sa mise sur orbite, pour répondre au RHDP, le pied sur l’accélérateur, le porte-parole du PDCI- RDA a fait tout ce qu’il pouvait pour tenter d’esquiver l’ogive nucléaire du tribalisme balancée par le ministre Mamadou Touré à défaut de pouvoir la détruire. Ainsi donc, à travers des contorsions intellectuelles, Soumaïla Brindoumi a tenté, pas de répondre, mais de déconstruire l’argumentaire développé par le RHDP. Mais l’exercice n’a pas du tout été aisé par l’élu de la Nation. En voulant répliquer au coup de massue du porte-parole adjoint du RHDP, Brindoumi n’a fait que confirmer le tribalisme rampant qui existe bel et bien au sein du PDCI-RDA. En évoquant l’appel du président Bédié aux Baoulés de porter leur choix sur Alassane Ouattara dans l’entre deux tours en 2010, le porte-parole du PDCI-RDA ne fait que confirmer que l’électorat de ce parti se limite aux Baoulé. Ni plus, ni moins. Lors du second tour de la présidentielle de 2010, pourquoi le candidat du PDCI-RDA qui est arrivé en troisième position n’a-t-il pas convoqué les têtes couronnées des autres communautés pour leur passer ce même appel ? La réponse coule de source.
Mais ce n’est pas tout. Dans la bataille pour la succession au président Henri Konan Bédié, le Pr Maurice Kakou Guikahué qui est notoirement reconnu comme le gardien du temple PDCI-RDA, a dénoncé ce même tribalisme qui semble être inscrit dans l’ADN de ce parti. Devant les micmacs de la vieille garde pour imposer un cadre Baoulé à la tête de cette formation, Guikahué, en son temps, n’a pas pris de gants pour dénoncer ce sectarisme. « Le PDCI-RDA véhicule des valeurs de dialogue, de tolérance et de paix qui sont éternelles. Mais pour ce faire, nous devons sortir des marécages des relents ethniques », avait dénoncé celui qui a été pendant des décennies, l’homme-orchestre du PDCI-RDA. Et comme un crime n’est jamais parfait, Tidjane Thiam, après son intronisation à la tête du PDCI-RDA, est allé faire allégeance aux chefs traditionnels Baoulé avant d’animer son premier meeting politique à Soubré. Ce fut le 20 juin 2024 à Yamoussoukro. Si tant est que le PDCI-RDA est un parti national et inclusif comme le porte-parole tente de le faire croire, pourquoi n’avoir pas sollicité les bénédictions de chefs issus de toutes les communautés en Côte d’Ivoire que de se limiter aux Baoulés ? Si ce n’est pas un repli identitaire, ça y ressemble terriblement. De toutes ces postures politiquement incorrectes, la preuve la plus flagrante du tribalisme qui règne au PDCI-RDA viendra de l’homme le plus âgé au sein de l’establishment de cette formation.
Le 24 juin 2024, Cowppli-Boni, aujourd’hui président d'honneur du PDCI-RDA, a assumé clairement que le PDCI-RDA est bel bien un parti tribaliste. C’était au cours d’une cérémonie avec les chefs traditionnels Baoulé à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro, dans les semaines qui ont suivi l’inhumation du président Henri Konan Bédié. Ce jour-là, Cowppli-Boni n’a pas usé de formule diplomatique pour confirmer que l’essentiel du PDCI-RDA se résume aux Baoulé. « 𝘈𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘥'𝘩𝘶𝘪, 𝘍𝘦́𝘭𝘪𝘹 𝘏𝘰𝘶𝘱𝘩𝘰𝘶𝘦̈𝘵-𝘉𝘰𝘪𝘨𝘯𝘺 𝘯'𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘭𝘢̀, 𝘦𝘵 𝘏𝘦𝘯𝘳𝘪 𝘒𝘰𝘯𝘢𝘯 𝘉𝘦́𝘥𝘪𝘦́, 𝘴𝘰𝘯 𝘴𝘶𝘤𝘤𝘦𝘴𝘴𝘦𝘶𝘳, 𝘷𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘲𝘶𝘪𝘵𝘵𝘦𝘳. 𝘌𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘪𝘵-𝘰𝘯 ? 𝘊𝘦𝘶𝘹 𝘲𝘶𝘪 𝘷𝘦𝘶𝘭𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳𝘳𝘦𝘳 𝘭𝘦 𝘗𝘋𝘊𝘐-𝘙𝘋𝘈 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘪𝘴𝘦𝘯𝘵 : 𝘭𝘦 𝘗𝘳𝘦́𝘴𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵 𝘏𝘦𝘯𝘳𝘪 𝘒𝘰𝘯𝘢𝘯 𝘉𝘦́𝘥𝘪𝘦́ 𝘦𝘴𝘵 𝘥𝘦́𝘤𝘦́𝘥𝘦́, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘢𝘭𝘭𝘰𝘯𝘴 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳𝘳𝘦𝘳 𝘭𝘦 𝘗𝘳𝘦́𝘴𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵 𝘉𝘦́𝘥𝘪𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘗𝘋𝘊𝘐-𝘙𝘋𝘈 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘶𝘪. 𝘝𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘢𝘷𝘦𝘻 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘲𝘶𝘦 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘪𝘮𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦. 𝘓𝘢 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘶𝘯𝘢𝘶𝘵𝘦́ 𝘣𝘢𝘰𝘶𝘭𝘦́ 𝘦𝘴𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘳𝘤𝘦 𝘮𝘢𝘫𝘦𝘶𝘳𝘦 𝘦𝘯 𝘊𝘰̂𝘵𝘦 𝘥'𝘐𝘷𝘰𝘪𝘳𝘦. 𝘈𝘭𝘰𝘳𝘴, 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘶𝘦𝘳 𝘭𝘦 𝘗𝘋𝘊𝘐-𝘙𝘋𝘈, 𝘪𝘭 𝘧𝘢𝘶𝘵 𝘥𝘪𝘷𝘪𝘴𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘉𝘢𝘰𝘶𝘭𝘦́, 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘶𝘯𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴. 𝘝𝘰𝘪𝘭𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘷𝘦́𝘳𝘪𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘳𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 ». Après tout ce qui précède, peut-ont encore avoir le courage moral et intellectuel de soutenir que le PDCI-RDA n’est pas un parti tribaliste ? Manifestement ceci est une évidence que nul ne peut éluder. Pendant qu’il est encore temps, le PDCI- RDA gagnerait à quitter les sentiers battus du tribalisme et de l’ethnicisme au risque de se limiter à sa plus simple expression, avec sa vieille garde nostalgique d’une certaine époque.
Kra Bernard