Quelques heures seulement après que les portes des bureaux de vote se sont fermées, certains des candidats à l’élection présidentielle ont commencé à reconnaître leur défaite tout en félicitant celui que les premières tendances donnaient gagnant. Ce fair-play dont ont fait preuve ces candidats a eu pour effet de désamorcer d’éventuelles velléités de contestation du résultat des urnes, qui auraient pu conduire à des tensions postélectorales. Mais, il fallait encore attendre que le parti au pouvoir et son candidat, Amadou Ba, reconnaissent avoir perdu et se décident à féliciter celui que les tendances annonçaient vainqueur.
Amadou Ba et Macky Sall félicitent le vainqueur
Cela ne va pas tarder, puisque moins de 24h après, soit au lendemain du scrutin, le candidat du parti au pouvoir a produit une déclaration dans laquelle il adresse ses félicitations à Bassirou Diomaye Faye du PASTEF. « Au regard des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Faye pour sa victoire dès le premier tour », a-t-il admis. Le même jour, c’est le président sortant et leader du parti au pouvoir, Macky Sall, qui lui emboîte le pas en reconnaissant la défaite du candidat représentant son parti politique à ce scrutin. « Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant », a écrit Macky Sall le 25 mars 2024. Par cette élégance politique consistant à reconnaître la défaite de leur camp alors même que les résultats provisoires officiels ne sont même pas encore proclamés, les tenants du parti au pouvoir au Sénégal donnent une leçon à l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo et ses partisans, qui n’avaient pas reconnu leur défaite à l’élection présidentielle de 2010.
Battus, Gbagbo et les siens n’ont pas reconnu leur défaite
On se souvient, que dès la fin du second tour du scrutin, les partisans du président sortant d’alors s’étaient mis à dérouler des stratagèmes visant à vicier le verdict des urnes. On a en mémoire l’interruption de la proclamation officielle des résultats par l’un des séides du pouvoir Gbagbo, en l’occurrence Damana Pickass, qui a froissé en direct à la télévision les fiches du porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI), l’empêchant ainsi de poursuivre la proclamation des résultats. Qui ne se souvient également de toute la spirale de violence qu’a déroulée le parti alors au pouvoir en vue de contester le verdict des urnes donnant perdant son candidat Laurent Gbagbo ? Des « chiens de garde » du camp présidentiel, appelés alors jeunes patriotes ont été lancés dans les rues pour casser toute velléité de protestation contre cette tentative de hold-up électoral. Et comme si cela ne suffisait pas, des forces de l’ordre ont été déversées dans les rues pour casser toute opposition à cette volonté de confiscation d’un pouvoir perdu dans les urnes. Résultat : le pays a sombré dans une guerre électorale sans merci, qui a fait officiellement 3000 morts et de nombreux mutilés de guerre. Des morts et des blessés dont le pays aurait surement fait l’économie si Laurent Gbagbo et ses partisans avaient eu l’élégante attitude de Macky Sall et son candidat Amadou Ba en reconnaissant la victoire d’Alassane Ouattara dès la nuit du 30 octobre 2010 ou le lendemain du scrutin.
Assane Niada