Politique

Dossier/RHDP, PDCI-RDA, PPA-CI, FPI…Les grands défis qui attendent ces partis en 2024

dossier-rhdp-pdci-rda-ppa-ci-fpi-les-grands-defis-qui-attendent-ces-partis-en-2024
Les responsables des partis RHDP, PDCI-RDA, PPA-CI
PARTAGEZ

L’année 2023 s’en est allée. Le début de chaque nouvelle année, au-delà des traditionnels vœux que l’on se souhaite, est une occasion pour toutes les entités, personnes morales comme physiques, de se projeter pour les 12 prochains mois. Ainsi donc, après le message à la Nation du président de la République et les vœux des différents responsables politiques, il appartiendra à chaque formation de se projeter pour non seulement exister, gagner du terrain et surtout se préparer pour la conquête et l’exercice du pouvoir pour les partis de l’opposition et l’impératif de la conservation du pouvoir pour le parti au pouvoir. Si 2023 a été une année avec des fortunes diverses pour chacun des partis politiques, ceux-ci n’auront pas de choix pour 2024. Que l’on soit du RHDP, du PDCI-RDA, du PPA-CI ou encore du FPI, les enjeux et les objectifs ne sont pas les mêmes. Au-delà des vœux pieux de conquête du pouvoir, certains devront faire face à la dure réalité du terrain politique en 2024.

L’organisation et la discipline : la clé de voûte pour le RHDP

En politique, rien n’est certes, absolu, mais de tous les partis politiques en Côte d’Ivoire, le RHDP reste celui dont le niveau d’organisation et d’implantation augure de lendemains meilleurs pour ses militants. Sur la base d’éléments factuels que les résultats électoraux des législatives de mars 2021 et des élections locales et sénatoriales de septembre 2023, l’on peut dire que le parti houphouëtiste n’a pas à s’inquiéter pour 2024. Les dernières élections législatives et locales organisées en Côte d’Ivoire, ont enregistré la participation de toutes les formations politiques. Et sur l’ensemble de ces scrutins, le RHDP a étalé au sens propre comme au figuré, tous ses adversaires. Au niveau de l’Assemblée nationale, par exemple, avec le retour de l’UDPCI, le RHDP totalise désormais 166 sièges sur 255. Le parti contrôle 125 communes sur 201 et 26 régions sur les 31. Au regard de ces chiffres, l’on peut dire qu’au niveau de l’implantation et de l’adhésion des populations, le RHDP n’a plus rien à prouver. Sa seule préoccupation en 2024, sera donc de consolider cette assise politique. Mais cela passe immanquablement par deux éléments que sont l’organisation en interne et la discipline.

A lire aussiOpération e- militant : le RHDP procède à la remise des cartes de militants

Comme le dit le slogan d’une célèbre marque pneumatique, « Sans maîtrise, la puissance n’est rien ». Ainsi donc, en 2024, le RHDP devra s’organiser pour consolider cette assise politique et surtout inculquer la discipline à ses militants pour éviter les déperditions de voix lors des élections. A l’état actuel des choses, l’on peut dire que pour 2025, quel que soit le candidat qu’il alignera, si le RHDP maintient son niveau d’organisation actuel et parvient à faire respecter tous les mots d’ordre par ses militants, aucune force politique ne pourra l’inquiéter en 2025 et même au-delà. Le dire, ce n’est pas faire de la prestidigitation politique, mais c’est une analyse sur la base des chiffres électoraux. Quand un parti a les 2/3 du Parlement et les ¾ des mairies, l’on peut dire que sauf orientation politique suicidaire ou volonté de se faire harakiri, le RHDP a toutes les cartes en main pour dominer encore pendant longtemps, l’échiquier politique. Mais cela passe par la consolidation de la maîtrise de l’organisation interne et l’indispensable discipline dans la mise en œuvre de toutes les stratégies et autres mots d’ordre du parti.

PDCI-RDA : L’improbable reconquête du terrain politique avant de songer aux élections

En Côte d’Ivoire, le PDCI RDA est le plus vieux parti sur l’échiquier national. Mais depuis 24 ans, ce parti a basculé dans l’opposition. Après la perte de son président en août dernier, Tidjane Thiam, ancien ministre du Plan et ancien patron du Crédit suisse, vient d’être propulsé à la tête du parti en remplacement de Henri Konan Bédié, dans un contexte tumultueux. Aussitôt installé dans son fauteuil, Tidjane Thiam rêve grand pour son parti. Il l’a fait savoir dans ses vœux aux militants de son parti à l’occasion du nouvel an. « Notre objectif principal en 2024, sera d’être plus présents sur le terrain. Nos militants devront montrer que le parti est présent partout. La réussite de notre projet dépendra largement de notre capacité d’écoute. Nous devons donc aller à la rencontre et à l’écoute des Ivoiriens. C’est tous, ensemble, que nous devons nous engager en 2024 dans l’occupation de terrain, sur toute l’étendue du territoire de notre pays. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, en passant par le Centre. Il ne devrait y avoir nulle place où le PDCI-RDA ne puisse s’exprimer », a indiqué Tidjane Thiam. Comme on peut le voir, l’objectif est noble et l’ambition, légitime.

A lire aussi8è Congrès extraordinaire du PDCI-RDA : Thiam prend le parti sur fond de division à Yamoussoukro

Mais la tâche sera difficile pour le nouveau président du PDCI-RDA. Le baromètre de la force de tout parti, ce sont ses résultats électoraux, preuve de son implantation et de l’adhésion des populations à sa ligne politique. Or, sur la question, le PDCI-RDA est dans le creux de la vague. A l’Assemblée nationale, le parti ne compte que 64 députés sur 255 sièges. Au niveau des communes, le parti de Tidjane Thiam ne contrôle que 22 communes sur 201 et 3 régions sur les 31. Plus grave, le parti ne fait que perdre du terrain au fil des élections. Ainsi, après avoir été transformé en « vestiges » au Nord, le PDCI-RDA a été transformé en « reliques » au centre. Au regard de ce constat, nul besoin de sortir de Sciences Po Paris, l’on peut dire que la priorité des priorités pour le PDCI-RDA en 2024, n’est pas de songer à une quelconque élection, mais la reconquête du terrain qui est le préalable à tout. En plus de cela, Tidjane Thiam qui a été élu dans une « opacité » totale, devra batailler pour asseoir sa légitimité à la tête du parti, rassembler les nombreux clans qui se battent en interne d’aller à la reconquête du terrain et songer ensuite à des projets électoraux.

PPA-CI : Retour à la case des divisions

S’il y a un parti dont le président aura du fil à retordre en 2024, c’est bien le Parti des peuples africains de Laurent Gbagbo. Ancien parti au pouvoir qui a basculé à nouveau dans l’opposition, après avoir tenté de confisquer le pouvoir en 2010, Laurent Gbagbo et son parti sont encore dans l’œil du cyclone. Dès son retour de prison, au lieu de rassembler, l’ancien président a plutôt divisé la galaxie qui l’avait soutenu pendant ses dix années de pouvoir et aussi pendant la crise post-électorale. Ainsi, après le divorce matrimonial et politique d’avec son ancienne épouse, Laurent Gbagbo a abandonné le parti qu’il a fondé dans les années 1990. Après cela, d’aucuns avaient pensé que l’ancien opposant historique à Félix Houphouët-Boigny allait rassembler les siens et créer une nouvelle machine politique redoutable. Deux années après sa création, le PPA-CI continue d’exister sur les réseaux sociaux, vautré dans ses propres contradictions internes et autres guerres de clans et est incapable de séduire les Ivoiriens.

A lire aussiAprès la débâcle aux élections locales et régionales: Gbagbo et le PPA-CI sortent enfin de bulle !

Aujourd’hui, le PPA-CI, c’est seulement 18 députés sur 255 sièges. C’est zéro sénateur, zéro Conseil régional sur 31 et deux petites communes sur les 201 que compte le pays. Dans un tel contexte, quelle doit être la priorité du PPA-CI en 2024 ? Il ne faut pas se voiler la face.  C’est légitime pour les hommes de Laurent Gbagbo de songer à 2025, mais objectivement, la priorité est ailleurs. Le PPA-CI donne aujourd’hui l’image d’un navire dont le compte à rebours pour le naufrage a commencé. Le parti est plus divisé que jamais, suite à l’élection de la présidente de la Ligue des femmes. Impossible dans un tel contexte de songer à l’élection d’un président de la Ligue des jeunes qui viendra renforcer le fossé des dissensions internes. Amon Ago Marthe, la présidente du Comité de contrôle, est sur la sellette. Les dignitaires sont à couteaux tirés. Certains menacent même de claquer la porte. Au plan électoral, le PPA-CI ne pèse pas le poids d’un duvet. Les résultats des dernières élections locales sont là pour l’attester. En 2024, si Laurent Gbagbo ne veut pas sortir par la petite porte de l’histoire politique de son pays, il doit miser sur la réconciliation et la cohésion en interne avant tout autre projet.

FPI : Marcher à l’ombre du RHDP pour ne pas se perdre…

En quittant le Front populaire ivoirien en 2021, Laurent Gbagbo, le fondateur de ce parti, a fait le serment de laisser une « enveloppe vide » à Affi N’Guessan. Deux années après, l’on peut dire qu’il a réussi son coup. En termes de représentativité, le FPI ne compte aujourd’hui que deux élus que sont les deux postes de député, remportés par Affi N’Guessan lui-même et Sia André dans la localité de Sangouiné. Malgré le partenariat avec le RHDP, le président du FPI n’est pas parvenu à conserver son poste de président du Conseil régional du Moronou qui lui a été arraché par une alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI.

A lire aussiCôte d'Ivoire:Un partenariat politique inédit entre le RHDP et le FPI pour le développement de la Côte d'Ivoire

Dans un tel contexte, Affi et son parti se retrouvent face à un choix cornélien : Suivre la ligne politique originelle ou se réinventer pour espérer exister ? En réponse, le parti a fait le second choix en signant un partenariat avec le RHDP. En 2024, le FPI qui ne dispose d’aucune mairie, d’aucun conseil régional, devra marcher à l’ombre de son mastodonte de partenaire, qu’est le RHDP. Après avoir tiré les leçons de sa débâcle généralisée lors des élections locales, Affi N’Guessan sait que politiquement, le FPI n’est plus maître de son destin. En 2024, le parti devra faire son introspection afin de dépasser le cadre de partenariat pour signer des alliances stratégiques afin d’exister. Affi n’a pas d’autre choix, parce que la réalité du terrain politique est impitoyable.

 

Kra Bernard

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire