Politique

Après la débâcle aux élections locales et régionales: Gbagbo et le PPA-CI sortent enfin de bulle !

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Laurent Gbagbo s’est enfin attaqué aux vraies causes de la déroute de son parti aux récentes élections. (Ph : DR)
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L’ex-chef de l’État, Laurent Gbagbo et son parti, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), se sont résolus à sortir du monde virtuel dans lequel ils s’étaient murés au lendemain des élections municipales, régionales et sénatoriales. Ils ont décidé de sortir de leur bulle pour regarder en face, les véritables causes de leur débâcle.

C’est du moins, ce que laisse penser le chamboulement opéré par le président du PPA-CI dans l’équipe dirigeante de ce parti, le lundi dernier, 23 octobre 2023. Soit plus d’un mois après les élections sénatoriales du 16 septembre et les municipales et régionales du 2 septembre. Entre 5 et 7 semaines ! C’est le temps qu’il a fallu au leader du PPA-CI et à ses hommes pour reprendre leurs esprits et analyser, enfin, les réalités objectives qui expliquent leur cuisant échec à ces élections générales. Conséquence logique de ce changement de logiciel : le bouleversement intervenu dans la haute direction de ce parti.

De l’excuse de la fraude…

En effet, l’ex-chef de l’État et ses plus fidèles lieutenants semblent avoir renoncé à la politique de l’autruche, après avoir longtemps essayé de justifier leur débâcle par des arguments farfelus comme la fraude des adversaires ou une prétendue combine de la Commission électorale indépendante (CEI). On se souvient qu’au lendemain de la cinglante défaite que tous ses barons ont essuyée lors des élections municipales, régionales et sénatoriales, le PPA-CI a de nouveau embouché la rhétorique de la fraude. « Nous avons assisté à un hold-up…», avait hurlé Damana Pickass, le secrétaire général de ce parti. Les jours qui ont suivi, prenant la parole au cours d’une réunion de la haute direction du parti, Laurent Gbagbo lui-même avait repris la ritournelle. « Vous vouliez voir ce que c’est que la fraude, vous l’avez vécue », a-t-il soutenu en substance, pour justifier le retentissant échec de son parti aux trois élections municipales, régionales et sénatoriales.

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À la vérité, cette fraude alléguée ne saurait, à elle seule, suffire à tout justifier. Cet argument est d’autant moins recevable que des poids lourds du parti au pouvoir ont mordu la poussière lors de ces élections. C’est le cas notamment du président du Sénat, Ahoussou-Kouadio Jeannot, qui a successivement perdu les élections régionales et sénatoriales dans la région des Lacs ; du ministre du Commerce, Souleymane Dirassouba, qui a échoué à se faire élire maire de Yamoussoukro ; du ministre des Eaux et Forêts, Tchagba Laurent, qui a été battu aux municipales à Marcory ;  d’Éric Taba, directeur de protocole du Président Alassane Ouattara, qui a été défait à Cocody et de Fabrice Sawegnon, magnat de la communication, qui a été recalé au Plateau. Autant d’échecs que d’aucuns brandissent à dessein pour balayer la thèse de la fraude comme seule explication à la débâcle du PPA-CI.

À un diagnostic raisonnable de la débâcle

D’ailleurs, Laurent Gbagbo et ses hommes ont fini par mettre un bémol à leur rhétorique de la fraude pour regarder de face, les raisons objectives qui pourraient expliquer la grosse déconvenue essuyée aux récentes élections municipales, régionales et sénatoriales. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils semblent ne plus vouloir cacher le soleil avec la main, en invoquant à tout vent, la fraude pour justifier le cuisant revers. En témoignent les changements opérés par Laurent Gbagbo au sommet du PPA-CI, comme pour tirer les leçons de la déroute et cela, après un examen minutieux de tous les facteurs objectifs qui l’ont occasionnée. Au-delà de la fraude, semble avoir compris l’ex-chef de l’État, cette bérézina vient montrer que quelque chose n’a pas tourné rond dans l’implantation du PPA-CI, dans sa machine électorale et dans son marketing politique, en vue de vendre son projet aux électeurs. En conséquence, tout porte à croire que ceux à qui ces tâches ont été confiées, n’ont pas été à la hauteur de la mission. D’où, la sanction que leur a infligée leur mentor Laurent Gbagbo en les dégommant.

Les vraies raisons du chamboulement au sommet

Ainsi pourrait-on expliquer le fait de dessaisir Damana Pickass de ses prérogatives de secrétaire général du parti, pour le remplacer par Tchéidé Jean Gervais. Hier, secrétaire général du PPA-CI, c’était à lui qu’il revenait de dynamiser le parti et mobiliser toutes ses ressources humaines en vue de relever le pari de faire bonne figure aux récentes élections. À l’évidence, il n’a pas été à la hauteur. À cela, s’ajoute sa défaite aux régionales dans la région du Gboklè. Aussi a-t-il été dégommé au profit de Tchéidé Jean Gervais. Le même sort a été infligé à Katinan Koné, qui était jusqu’au récent réaménagement au sein du PPA-CI, le porte-parole du parti. Il a été remplacé à ce poste par l’avocate et cheffe du cabinet de Laurent Gbagbo, Me Habiba Touré. Sans doute parce qu’il n’a pas su crier à la ville et au monde, les revendications de son parti, condition sine qua non à sa participation à ces élections. Mais aussi pour n’avoir pas su porter le message du parti jusque dans les recoins du pays où se trouvent des électeurs qui auraient voté pour le PPA-CI. Sans compter que lui aussi a été laminé aux municipales à Port-Bouët. Une autre figure du parti qui a perdu des plumes au sortir de ces scrutins, c’est Hubert Oulaye, qui a perdu son fauteuil de président exécutif dans lequel a été installé Dano Djédjé, l’ancien ministre de la Réconciliation de Laurent Gbagbo. Comme Katinan et Pickass, lui également, a été rétrogradé, contrairement à ce que pourrait laisser penser leur nomination à d’autres fonctions. Sans doute parce que, de par ses prérogatives de président exécutif, il se devait d’œuvrer à une meilleure représentativité du PPA-CI à ces élections municipales, régionales et sénatoriales, lesquelles auront finalement donné du nouveau parti de Laurent Gbagbo, l’image d’un tonneau vide qui fait trop de bruit.

 

Assane Niada

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