Politique

Interview/ Lutte contre les violences électorales, le djihadisme, l’immigration irrégulière-Alexandra Heldt (Directrice Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann) : « Notre priorité pour la sous-région, c’est la jeunesse »

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Pour Mme Alexandra Heldt, Directrice Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann, la jeunesse constitue la priorité des priorités pour préparer les leaders de demain. (Ph : DR)
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Mme Alexandra Heldt est la nouvelle Directrice Afrique de l'Ouest de la Fondation Friedrich Naumann. Après avoir pris fonction en août 2023, elle évoque dans cet entretien, l'importance stratégique de la Côte d'Ivoire pour la Fondation, de ses rôles en tant que responsable de l'Afrique de l'Ouest et des défis uniques auxquels sont confrontés le Mali, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Elle lève également un coin du voile sur les projets de la Fondation pour une sous-région caractérisée depuis quelques années par les changements anti-constitutionnels, l’extrémisme violent et la sempiternelle question de la migration irrégulière.

Vous êtes en Côte d'Ivoire depuis août 2023. Comment vous sentez-vous dans ce pays ?

Je suis profondément ravie d'être ici, ayant été reçue avec une chaleureuse hospitalité. Originaire d'Allemagne, j'ai travaillé les quinze dernières années à Berlin au sein des fédérations des industries allemandes. Ces fédérations assurent un rôle de représentation pour l'ensemble du secteur industriel allemand. J'y ai beaucoup œuvré en lien avec l'Afrique, bien que sans y résider. Aujourd'hui, je me trouve enfin sur ce continent, une présence qui m'enchante profondément.

 

Vos activités couvrent l’Afrique de l’Ouest et le bureau sous-régional de la Fondation est basé à Dakar. Pourquoi avoir choisi la Côte d'Ivoire comme lieu de travail ?

Comme je l’ai indiqué, durant les 15 dernières années, j’ai beaucoup travaillé sur des projets liés à l'Afrique, mais je ne l'ai pas fait directement depuis le continent. C'est donc avec un grand enthousiasme que j'ai saisi l'opportunité de m'impliquer de plus près et de me confronter directement aux problématiques que j'observais jusqu'alors à distance. Aussi, la Côte d’Ivoire est un choix stratégique pour la Fondation Friedrich Naumann, qui y est implantée depuis de nombreuses années. Nous disposons d'un bureau local, témoignant de notre engagement de longue date dans le pays. En tant que responsable de l'Afrique de l'Ouest, basée à Dakar, je supervise nos activités non seulement en Côte d'Ivoire, mais aussi au Sénégal et au Mali. Cette répartition géographique de la Fondation dans la région, il y a quelques années, est une décision qui me semble à la fois judicieuse et pertinente pour nos objectifs.

 

Vous avez mentionné précédemment le Mali, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Actuellement, le Mali fait face à des enjeux de sécurité, notamment liés au terrorisme. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, les élections présidentielles sont prévues respectivement pour 2024 et 2025. Dans ce contexte, quelles sont vos priorités pour ces États ?

Si je devais identifier une priorité, ce serait vraiment la jeunesse. Je crois qu’il faut vraiment adresser les problématiques de la pauvreté, de l'éducation et du manque de perspectives. Concernant les élections à venir au Sénégal en 2024 et en Côte d'Ivoire en 2025, ma position n'est pas celle d'une politicienne dans ces pays, mais plutôt celle d’une observatrice et partenaire. Mon rôle premier est d'écouter, de conseiller et de soutenir pour aller dans la bonne direction des choses. Nous avons été témoins de violences au Sénégal, il y a quelques mois, reflet d'une jeunesse frustrée, privée de perspectives et en proie au désespoir face à certaines dynamiques politiques. Cette situation a conduit de nombreux jeunes sénégalais à risquer leur vie en mer, cherchant un avenir meilleur. Ce cycle ne peut pas perdurer. Il faut y mettre fin en créant un environnement propice pour l’épanouissement des jeunes sur le continent africain. À la Fondation, nous nous engageons activement pour répondre à ces défis. Nous mettons en place de nombreuses formations dans les domaines entrepreneurial, politique et juridique, visant à renforcer les capacités des jeunes et à les encourager à rester dans la région. Nous sommes convaincus qu'il existe de belles perspectives en Afrique de l'Ouest, et notre mission est de les rendre accessibles à la jeunesse.

 

Vous faites de la jeunesse, votre priorité face à des problématiques aussi importantes comme la politique, la sécurité, la migration irrégulière, etc. Pourquoi un focus sur la jeunesse ?  

La Jeunesse en Afrique de l'Ouest est nombreuse, entreprenante et dynamique. Il est important de la prendre en compte dans la résolution des problèmes de sécurité, de migration et d’instabilité politique. Nous observons également une montée du populisme qui constitue un fléau, combiné à l'expansion du djihadisme dans les régions limitrophes, qui représente une menace croissante. Il est impératif de rester vigilants pour prévenir une aggravation de ces situations. Les jeunes, souvent désespérés et en quête de perspectives, se trouvent malheureusement au cœur de ces mouvements. Ils sont les plus vulnérables et victimes de ces dynamiques destructrices. La jeunesse doit être notre priorité à tous.

 

En Côte d'Ivoire, il y a un contexte économique très favorable, caractérisé par une économie libérale. Cette situation est en adéquation avec l'idéologie de la Fondation Friedrich Naumann, le Libéralisme. Comment la Fondation pourrait-elle contribuer à renforcer les partenariats ?

Je vous remercie pour cette question qui soulève un point qui me tient particulièrement à cœur. En effet, nous agissons en tant qu'interface entre les organisations locales et internationales, ce qui implique une interaction étroite entre les entreprises de Côte d'Ivoire et d'Allemagne. La Côte d’Ivoire a justement la chance d’avoir une chambre de commerce allemande ouverte depuis quelques mois seulement. Cette évolution témoigne de l'intérêt croissant des entreprises allemandes pour la Côte d'Ivoire et reflète la volonté du gouvernement allemand de renforcer ces liens économiques. En tant que partenaire de la chambre de commerce allemande et forte de mon expérience antérieure dans ce secteur, ainsi que de mon réseau étendu, je m'engage activement à forger des liens plus solides entre l'industrie allemande et l'économie ivoirienne. Notre rôle est essentiel pour faciliter et promouvoir ces partenariats économiques bilatéraux.

 

Entretien réalisé par Kra Bernard

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