À son audience du 28 septembre 2023, le Conseil d’Etat s’est prononcé en faveur de l’annulation des résultats des élections municipales qui se sont tenues le 2 septembre 2023, dans certaines localités. Il s’agit des communes de San Pedro, Ferkessédougou, Gohitafla, Sarhala et Kouibli. La moralité de cette décision du Conseil d’Etat, c’est qu’un candidat qui le saisit pour contester les résultats des municipales, peut avoir gain de cause, à condition de soutenir sa requête par des arguments probants et des justificatifs convaincants. En effet, la preuve est faite que, lorsque le requérant fonde sa requête sur un dossier en béton, il est possible que le scrutin soit annulé. Il importe donc pour les candidats qui contestent les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI), d’aller au-delà des récriminations pour étayer leur constatation par des preuves irréfragables.
Par ailleurs, l’annulation des résultats par endroits, on le devine, ne fait pas que des heureux : les candidats dont la victoire proclamée par la CEI est annulée, voient le ciel leur tomber sur la tête. Sonnés par un tel revirement de situation, seront-ils assez forts mentalement pour se relever de ce coup de massue et se remettre en ordre de bataille pour le match à rejouer ? Auront-ils suffisamment de ressources pour se lancer encore dans cette joute électorale ? Interrogés, des proches des candidats victorieux, recalés par le Conseil d’Etat, n’ont pas caché leur déception et leurs appréhensions quant à la reprise des élections. Passé la déception, d’autres envisagent de relancer leurs machines électorales, non sans s’inquiéter de ne pas pouvoir mobiliser les mêmes ressources que le 2 septembre et surtout de l’issue incertaine de ce match à rejouer.
Du côté des candidats initialement déclarés défaits, l’annulation des résultats tombent comme du pain béni. C’est du moins, ce qu’ont laissé entendre des proches de leurs équipes de campagne joints par téléphone. Ils se sont d’abord réjouis que le Conseil d’Etat ait dit le droit, selon eux. Puis, ils se disent confiants quant à l’issue de l’élection qui sera reprise. Car, avancent-ils, ils ont là l’occasion de montrer aux yeux du monde que ce sont bien eux que les populations avaient votés lors du scrutin du 2 septembre.
Mais à la vérité, rien n’est gagné d’avance pour l’un et l’autre camp, même si l’on est tenté de penser que les candidats initialement déclarés perdants par la CEI pourraient être mieux armés mentalement pour engager cette autre bataille. Ils se retrouvent en effet, dans la position d’une équipe éliminée aux portes d’une finale de coupe du monde et qui semble plus motivée de rafler la médaille de bronze, que son adversaire de la petite finale, encore sonnée par sa défaite à la demi-finale. Toutefois, ces scrutins restent ouverts, d’autant qu’ils apparaissent comme l’ultime chance pour les candidats appelés à les reprendre. Aussi ne sont-ils pas dénués d’intérêt.
Assane Niada