Politique

Devoir de mémoire/27 octobre 1994-27 octobre 2023 : 29 ans après sa création, retour sur la longue marche du RDR

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Djeni Kobina, premier Secrétaire général du RDR a donné à la Côte d’Ivoire une redoutable machine politique qui aujourd’hui fait son œuvre au sein du RHDP.(Ph d’archives)
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Ce parti n’existe plus en tant que structure politique opérationnelle autonome sur le terrain. Il a certes été fondu dans le RHDP et constitue l’épine dorsale de cette redoutable force politique. Mais l’histoire étant un témoignage, l’on ne doit jamais oublier d’où l’on vient. 27 septembre 1994-27 septembre 2023. Le Rassemblement des républicains a eu 29 ans le jeudi 27 septembre 2023. Retour sur la longue marche de ce parti…

Le chemin a été long et pénible. 29 ans, ce n’est certes pas une date symbolique, mais les résultats des récentes élections municipales, régionales et sénatoriales pour lesquelles les houphouëtistes ont opéré une véritable razzia méritent que l’on revisite l’histoire du RDR, qui constitue aujourd’hui le disque dur interne et externe du RHDP. Tout est parti de la redistribution des cartes politiques au lendemain du décès du père fondateur Félix Houphouët Boigny en 1993. Dans la guerre successorale qui s’était instaurée, plusieurs personnalités du PDCI-RDA proches de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, étaient dans le collimateur des nouveaux tenants du pouvoir. Cette guerre successorale se déporte au 4ème congrès extraordinaire du PDCI-RDA du 30 avril 1994 au Palais des congrès de l’Hôtel Ivoire. Ce jour-là, la parole est refusée à Djeni Kobinan, un membre du Comité central et porte-parole des rénovateurs. Celui-ci, claque la porte et créé le RDR qui sera reconnu comme parti politique à part entière le 27 septembre de la même année. Voici comment naquit un puissant appareil politique avec un leader charismatique au destin hors pair : Alassane Ouattara. Ce petit tournant de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, constitue le point de départ d’une aventure politique qui s’est écrite dans les larmes, dans la sueur et dans le sang de ses martyrs.

Quelques jours après, soit le 24 octobre 1994, le nouveau parti anime son premier meeting au stade Robert Champroux de Marcory. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Le Champroux est plein comme un œuf.

Suivront les meetings de San Pedro, Séguela, Bouaké etc. A peine née, le nouveau parti est une machine que plus rien ne peut arrêter. C’est donc à juste titre que son premier Secrétaire général aimait employer le terme « le RDR, une force qui va ! ». Dépassés par les adhésions à cette formation naissante et son incroyable capacité de mobilisation, les détracteurs du RDR ont l’ont qualifié de « parti aux longs boubous », allusion faites aux musulmans et aux nordistes. Il est vrai que l’on retrouvait beaucoup de nordistes dans ce nouveau parti, mais dans le contexte de l’époque marqué par l’ostracisme dont étaient frappés les nordistes, le délit de patronyme et de faciès, ceux-ci n’avaient pas d’autre choix que de militer au sein de ce parti afin de combattre ensemble cette exclusion dont ils étaient l’objet sur la terre de leurs ancêtres et lutter aussi contre l’arbitraire. Sinon dans les faits, à sa création, le RDR avait fait de la diversité son ADN. Pour preuve, les huit membres fondateurs ont été choisis sur la base des grands équilibres sociologiques et géographiques. Hyacinthe Sarassoro représentait le Nord Sénoufo, Diakité Coty Souleïmane, le Nord-Ouest et le grand groupe Malinké, Hyacinthe Leroux pour l’Ouest montagneux, Amadou Soumahoro pour le Centre-Nord, Pierre Badobré pour l’Ouest, Malan Jean et Ayié Ayié Jean Pierre pour le Sud et Djeni Kobina l’Est. 29 années après, c’est vrai qu’il y a encore des nostalgiques de cette période de ségrégation qui ne dit pas son nom, mais la Côte d’Ivoire est redevenue ce qu’elle était du temps de Félix Houphouët Boigny où chaque fils de ce pays se sent ivoirien partout où il se trouve.

Aussitôt après sa création, son premier test grandeur nature a été le boycott actif de 1995 dans le cadre du Front républicain. A partir de cette date, la répression va s’abattre sur ce parti et ses cadres.

Dans un tel contexte, il fallait des ‘‘courageux’’ et des ‘‘téméraires’’ pour porter la voix du RDR. Ainsi naquit le premier instrument de communication du RDR, le journal Le « Républicain ivoirien » avec pour Directeur de publication Ayié Ayié Alexandre et des journalistes comme Méïté Sindou, Touré Moussa, Koné Moussa, dit Bim Yeti etc. En 1998, Kandia Camara sera élue première présidente des femmes du RDR. Dans la même année, Odjé Tiacoré Joseph est élu président des jeunes au congrès de Daloa. Il succède à Habib Sanogo qui avait été désigné président par consensus après l’échec du Congrès de Boauké. Toutes les structures sont au complet et le parti tient son premier congrès le 1er Août 1999 au Palais des sports de Treichville. Alassane Ouattara est élu président du RDR.

RDR : la naissance d’une « force qui va »

A partir de cette date, le parti va traverser des périodes très difficiles (Voir ci-dessous les grandes dates). Mais connaîtra le couronnement de la lutte en 2010 avec la victoire de son président. Ici encore, il fallait se battre pour que le président du RDR, soutenu par la coalition du RHDP, puisse avoir l’effectivité du pouvoir. 13 années, après l’accession de son champion au pouvoir, le RDR peut légitimement se bomber la poitrine d’avoir été au départ du second miracle ivoirien. Le parti est certes fondu au RHDP qui est une véritable chance pour la Côte d’Ivoire, mais il ne doit pas oublier d’où il vient. Sur le chemin de la restauration de la dignité et de la démocratie, le RDR ne doit pas oublier ses martyrs.  La démocratie, la justice et les libertés sont certes restaurées, mais force est de reconnaître que le RDR vient de loin et de très loin. Et dans cette longue marche, les morts de toutes les manifestations, les victimes des escadrons de la mort, ceux du carré des martyrs où ont été enfouis les 56 corps du charnier de Yopougon et les centaines de corps des événements de novembre 2004 du carré des martyrs d’Abobo ne doivent pas être oubliés….

Kra Bernard

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