À deux mois des prochaines élections municipales et régionales, on en sait un peu plus sur les intentions de Simone Gbagbo et son parti, le Mouvement des générations capables (MGC). En effet, dans un communiqué rendu public le week-end dernier, le MGC annonce qu’il entend aller à ce scrutin en alliance avec le PDCI dans plusieurs localités. On apprend ainsi que, en ce qui concerne les municipales, le parti de l’ex-Première dame fera front commun avec le PDCI dans quatre communes du District d’Abidjan : Yopougon, Cocody, Port-Bouët et Bingerville. En clair, Simone Gbagbo soutiendra Dia Houphouët à Yopougon, Jean-Marc Yacé à Cocody, Emou Sylvestre à Port-Bouët et Porquet Ange Désiré à Bingerville. À l’intérieur du pays, le parti de Simone Gbagbo va se ranger derrière les candidats du PDCI. Ce sera le cas notamment à Gagnoa, Soubré, Fresco, Bonon et Oumé. En retour, le MGC espère sans doute, intégrer le conseil municipal pour y faire ses armes en matière de gestion de la chose publique. Conscient qu’il a peu de chance de remporter les élections dans ces communes, le parti de l’ex-Première dame préfère se hisser sur le dos de « l’éléphant » PDCI. Dernier né des partis politiques, le MGC sort à peine du cocon et n’a donc pas une représentativité qui lui permet de prétendre remporter le scrutin dans les communes où il a choisi de se laisser porter sur les ailes du PDCI.
Le parti de Simone Gbagbo suit la même logique pour l’élection des présidents des conseils régionaux. Ici, le MGC entend notamment soutenir le candidat de Bédié dans les régions du Gbêkê, de la Nawa et des Grands Ponts, c’est-à-dire respectivement Blessy Jean-Chrysostome, Sess Essiagne Daniel et Netro Tagbo Réné. Et pour les mêmes raisons : convaincu de faire piètre figure à ce scrutin en faisant cavalier seul, le parti de l’ex-Première dame mise sur le PDCI pour espérer faire ses premiers pas dans la gestion des conseils régionaux. Le parti de Bédié apparaît comme un refuge pour Simone Gbagbo pour essayer de réussir ce test électoral qui apparaît comme la première véritable pesée pour son jeune parti, le MGC. Des résultats de son parti à ce scrutin pourrait dépendre son avenir politique d’autant qu’ils donneront à l’opinion, une idée de son poids politique réel hors de l’aura de son désormais ex-époux Gbagbo et de sa galaxie d’hier.
Comme Simone Ehivet, Laurent Gbagbo lui aussi, a choisi de s’allier au PDCI. Son parti, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), va s’aligner dans bien des localités derrière le candidat du parti de Bédié. Dans la région du Gbêkê, le parti de Gbagbo va soutenir Gnamien Konan, candidat du PDCI, pour la mairie de Bouaké. Même réalité dans la région du Cavally où le candidat du PPA-CI, Hubert Oulaye, va tenter de profiter de l’électorat PDCI pour espérer gagner les régionales. La même stratégie est projetée dans plusieurs autres régions où le parti de Gbagbo a obtenu de s’adosser au PDCI pour tirer parti d’une éventuelle victoire de ce parti ou pour profiter de son électorat pour grappiller quelques communes et régionales. C’est notamment le cas à Issia où le candidat du PDCI aux municipales bénéficie du soutien du PPA-CI, ou encore dans les régions du Bélier, des Grands Ponts, du N’zi, du Moronou ou de l’Iffou. Que son candidat conduise la liste commune ou pas, le parti de Gbagbo semble avoir trouvé dans l’alliance avec le parti de Bédié, une planche du salut pour espérer faire bonne figure à l’occasion du scrutin du 2 septembre prochain.
Lequel constitue son premier véritable test depuis sa création, il y a bientôt deux ans. Comme le disait un de ses barons, Emile Guiréoulou, récemment à Issia, ces élections locales sont un avant-goût de la présidentielle de 2025. Aussi les résultats du PPA-CI seront-ils particulièrement scrutés en ce qu’ils pourraient donner une idée du poids réel de ce parti né de la scission de l’ex-parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI).
Assane Niada
