Interrogée sur l’éventualité d’être candidate à la présidentielle de 2025, l’ex-Première dame a répondu : « Ce n’est pas impossible que je sois candidate ». Et d’ajouter, comme pour nuancer quelque peu son propos : « Mais je précise que c’est le parti, MGC (Mouvement des générations capables, dénomination de son parti politique, NDLR), qui va s’asseoir pour étudier nos chances à cette joute électorale, en vue de décider si c’est moi qui dois défendre ses couleurs ou si c’est quelqu’un d’autre. Ce que je peux dire, c’est que nous serons à l’élection présidentielle de 2025. C’est une certitude ». Une chose est sûre, Simone Gbagbo rêve de diriger la Côte d’Ivoire à la suite de son époux, Laurent Gbagbo. À 74 ans, elle n’entend pas être un objet de décoration dans le paysage politique national.
Après avoir fait ses classes du temps où son époux était aux commandes de l’État, elle estime être venu le moment d’aspirer au fauteuil présidentiel. Sauf revirement dû aux vicissitudes de la vie, l’ex-Première dame envisage donc de croiser le fer avec des ténors de la classe politique nationale qui se projettent pour 2025. Au cas où son époux Laurent Gbagbo serait remis en selle par un quelconque arrangement politique, il pourrait trouver Simone Gbagbo sur le chemin qui conduit au palais présidentiel. Mais, quelle est son offre politique ? En quoi cette offre politique se différencie-t-elle de ce que le régime FPI, dont elle était une figure emblématique, a servi aux Ivoiriens de 2000 à 2010 ? Simone Gbagbo n’en a pas dit un mot. Une seule certitude : elle reste fidèle à l’idéologie politique que porte son époux. « Notre divorce en vue n’a rien à voir avec notre idéologie. On partage la même plateforme idéologique », assure-t-elle. Alors, que compte-t-elle apporter de nouveau à ce pays en en prenant les rênes, que n’a apporté le couple présidentiel Gbagbo d’alors ? Elle n’en a pas soufflé le moindre mot.
Tout au plus, sait-on que pour espérer voir se traduire en acte son rêve de diriger la Côte d’Ivoire, elle aussi compte sur le PDCI de Henri Konan Bédié. « Nous comptons nouer des alliances principalement avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI », confie-t-elle, parlant de la stratégie électorale envisagée par son parti pour les élections municipales et régionales du 2 septembre 2023. On pourrait en déduire que Simone Gbagbo ambitionne de monter sur le dos du PDCI pour se propulser sur le fauteuil présidentiel. Comme son époux espère lui aussi exploiter son alliance avec le PDCI comme d’une perche pour franchir le mur qui donne accès au palais présidentiel. Henri Konan Bédié et son parti accepteront-ils de servir de cheval aux ambitions présidentielles de Simone et Laurent Gbagbo ? Rien n’est moins sûr.
Outre l’alliance avec le PDCI, l’ex-Première dame souhaite une refonte ou, à tout le moins, une recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) pour espérer concrétiser son rêve de diriger la Côte d’Ivoire après la parenthèse Laurent Gbagbo de 2000-2010. En effet, elle appelle à une CEI expurgée des acteurs politiques. « Ma proposition est que nous arrivions à créer une structure chargée des élections qui soit vraiment autonome, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas dirigée par des personnalités appartenant à des partis ou groupements politiques », préconise-t-elle. Et d’ajouter : « Ce sont ces formations politiques qui vont aux élections. Naturellement, ce sont elles qui proposent des candidats pour ces échéances électorales. Quand on les maintient dans la structure de direction de l’organe national chargé d’organiser les élections, c’est comme si elles sont juges et parties en même temps ». En clair, Simone Gbagbo veut une CEI débarrassée de tous les représentants des partis politiques. Une position qui diffère de celle défendue par son époux, dont le parti a réclamé et obtenu d’être représenté au sein du bureau central de la CEI. Si les choses restaient en l’état, l’ex-Première dame sera-t-elle quand même candidate en 2025 ? Elle n’en a rien dit.
Assane Niada