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Explosif / Rien ne va plus au PDCI-RDA: Le dernier bureau politique livre ses secrets

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Le parti dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié est miné par de profondes dissensions qui risquent de faire voler cette formation en éclats
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Les vives tensions qui secouent plusieurs délégations du PDCI RDA sont symptomatiques de ce qui se passe au sein de la haute direction de cette formation. A la vérité, le plus vieux parti de la Côte d’Ivoire traverse une zone de très forte turbulence. Pour preuve, la dernière réunion du Bureau politique tenue le 27 mai 2023 dans l’antre du Sphinx à Daoukro a été beaucoup mouvementée.

Un coin de voile s'est levé sur le dernier bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Un membre du bureau politique qui a requis l'anonymat, révèle que plus rien ne va au sein du vieux parti. Le dernier bureau politique qui s'est tenu le 27 mai 2023 à Daoukro, aura été le théâtre des défiances et des déchirures internes, mais aussi de la désaffection des cadres. Sur 2 271 membres annoncés à ce conclave, à peine 50 personnes y ont assisté. Ce qui n'a pas manqué d'alerter les participants sur le malaise que vit leur parti. Qu'à cela ne tienne ! Le bureau politique se tient tout de même et prend la décision de reporter, pour la énième fois, le 13ème congrès ordinaire initialement prévu en ce mois de juin. Raison invoquée, la tenue des élections municipales et régionales le 2 septembre 2023. Bédié ne souhaitant pas organiser un congrès à la veille de ces élections, pour éviter de fragiliser davantage son parti. Cependant, la table de séance n'hésite pas à donner la parole aux participants pour recueillir leurs avis.

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C'est en ce moment que tout se gâte. Mme Essoubouo Augustine, membre du Bureau politique et figure emblématique du service du protocole de Bédié, prend la parole, à la suite de plusieurs participants, pour dire des vérités crues. Sans porter de gant, elle fustige la gestion du vieux parti qui, selon elle, est en train de mourir. Pour appuyer ses dires, elle avance la faible affluence des membres du bureau politique à la réunion. "Les militants sont fatigués", lâche-t-elle. Comme pour laisser l'assistance digérer sa mise en bouche, elle observe un moment de silence. Puis, indexant la table de séance, elle renchérit : "les cadres qui ont donné leur poitrine en 2020, lors des actions de désobéissance civile, ont été éjectés au profit d'autres personnes". Elle-même Essoubouo, dira-t-elle, a passé quelques jours à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Pour elle, c'est injuste que ces cadres qui ont été arrêtés soient mis de côté. Au registre des critiques, elle relève également les dysfonctionnements au sein de la direction de son parti, évoquant notamment des faits de falsification des signatures du leader du PDCI. À l'appui de cette dénonciation, elle invoque des communiqués contradictoires, tous signés du président, preuves éloquentes de pratiques frauduleuses dont se rendent coupables des proches de Bédié.

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Dans la même veine, elle ne manque pas d'accuser des membres de la direction du PDCI d'avoir pris de l'argent avec des cadres pour faire d'eux des candidats aux élections municipales et régionales. Ce qui provoquera la colère des militants dans plusieurs localités. Elle conclut en révélant qu'il y a eu détournement au sein du Groupe parlementaire du PDCI à l’Assemblée nationale. Une situation qui, selon elle, a occasionné la démotivation des députés de son parti. Ceux-ci, précise-t-elle, ne participent plus aux réunions convoquées par le président du groupe parlementaire, accusé d'avoir « volé » de l'argent. Pour elle, si tous ces dysfonctionnements perdurent, c'est parce que le leader de son parti protège les auteurs d'actes indélicats et illégaux. Quand elle finit son lourd réquisitoire, les participants à la réunion ne disent mot. Tous sont conscients que Mme Essoubouo a raison. Elle a dit haut et fort ce que pensent bas la majorité des cadres et militants de son parti. Le président du PDCI tente de sauver la face. Il suspend la séance pendant 1h. Dehors, lors la pause, de petits groupes se forment pour échanger sur cette sortie pour le moins "dérangeante" de Mme Essoubouo. Elle est félicitée par des participants, quand d'autres l'évitent, sans doute pour ne pas être dans l'œil du cyclone de la direction de leur parti. La séance reprend et la réunion est expédiée. Un communiqué final sanctionne la rencontre et les participants quittent Daoukro, avec un goût de cendre à la bouche. Essoubouo Augustine venait ainsi de donner un coup de pied dans la fourmilière du vieux parti.

Yacouba DOUMBIA

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