A 76 ans, Laurent Gbagbo n’entend visiblement pas prendre sa retraite politique, maintenant. A en juger par ses premières déclarations faites aussi bien devant ses partisans que dans des médias occidentaux, il semble plutôt décider à redescendre dans l’arène après avoir fini de pleurer sa mère, lors de son séjour dans son village natal, le week-end du 27 au 29 juin 2021.
Que nul ne s’y trompe donc, l’ex-chef de l’État ne compte pas passer le temps à inaugurer les chrysanthèmes, encore moins jouer au damier, comme un retraité. A l’entendre, le septuagénaire veut remettre le couvert en s’engageant pleinement dans la vie politique. Aurait-il pu en être autrement pour cet homme qui aura consacré plus de 40 ans de sa vie à la politique ?
Et pourtant, bien des observateurs s’étaient pris à rêver d’un Gbagbo nouveau, loin de la fournaise politique. Et cela, après les premiers actes qu’il a posés et qui tendaient à faire croire qu’il était résolu à tourner le dos à un pan de son passé. Il s’agit de son intention affichée, de divorcer d’avec Simone et de sa rupture d’avec l’église évangélique, au profit de l’église catholique, dont il était autrefois un fidèle. Des signaux qui ont laissé penser que Gbagbo était en train de tirer un trait sur son « ancien monde » pour rentrer dans un nouveau monde, éloigné des agitations dont se nourrit la vie politique. Que nenni !
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En effet, le septuagénaire entend bien reprendre le combat politique là où il l’avait laissé avant d’être arrêté, puis transféré à la Cour pénale internationale (Cpi). En témoigne le champ lexical de la guerre dont il se gargarise à chacune de ses rares prises de parole. « Je suis un soldat », « Je suis mobilisé », martelait-il le jour même de son arrivée à Abidjan, à son ex-QG de campagne. Bien avant, dans l’avion qui le ramenait à Abidjan, il embouchait déjà cette rhétorique guerrière. « Je suis un soldat. Je suis au garde-à-vous », a-t-il lâché quand un confrère de France 24 l’interrogeait sur son intention d’être candidat ou non en 2025. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le septuagénaire n’est pas près de prendre sa retraite de la vie politique nationale.
Mieux, il lorgne même la présidentielle de 2025. « Moi, je n’exclus rien », annonce-t-il les couleurs quand on lui demande s’il songe déjà à la prochaine échéance présidentielle. Et pourtant, en 2025, il aura bouclé ses 80 bougies. Il n’empêche, l’octogénaire qu’il sera, entend bien être sur la ligne de départ quand sera donné le signal pour la course à cette élection présidentielle. On le voit donc, l’icône des pro-Gbagbo entend encore rester, pour un moment, sur la scène politique, épousant ainsi le vœu de nombre de ses partisans, dont Dano Djédjé. C’est dire que les mois et années à venir promettent.
Assane NIADA