Au dire de leur chef de file, Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes (CVCI), organisation qui revendique plus de 1600 membres, la situation depuis 12 ans, est moins reluisante. Pour lui, les populations n’ont pas encore tiré les conséquences des violences passées. Il en veut pour preuve, les propos et actes de certains hommes politiques qui sont en déphasage avec les efforts consentis pour instaurer un climat de paix. Faisant le point de la situation de 2011 à 2023, Issiaka Diaby a indiqué que les actions d’envergure menées de part et d’autre, par des défenseurs des droits de l’Homme, des guides religieux, de l’ONUCI, des autorités ivoiriennes dont en premier, le Chef de l’État, Alassane Ouattara, ont fortement contribué à les amener à s’inscrire dans la tolérance. Cependant, il a informé que les victimes attendent, toujours pour les besoins de la vérité, d’autres facteurs dont la justice transitionnelle et la repentance.
Issiaka Diaby a rappelé que si les victimes ont accepté de s’inscrire dans cette logique, c’est pour permettre à la Côte d’Ivoire de demeurer stable et rompre avec les scènes de violences sociopolitiques. Il a regretté que fort de ces 12 années, « les victimes en Côte d’Ivoire n’ont rien obtenu », « ni la vérité, ni la justice, ni réparations (…) et encore moins les indemnisations. Nous rappelons à ces hommes politiques que les blessures demeurent ouvertes. Les victimes et communautés affectées par la longue crise armée, n’ont pas oublié et elles sont actuellement dans une position de veille. En retour, les victimes ont eu quoi ? », a-t-il averti. Selon le principal orateur, la question fondamentale de la justice et de la lutte contre l’impunité demeure.
« Nous interpellons tous les sachants à venir apporter des éléments de preuve et éclairer la justice pour des procédures objectives. La réconciliation et la cohésion sociale se chantent (…) Les victimes assoiffées, attendent vérité, justice et réparation. CDVR, CONARIV, programme national de cohésion sociale, quel est le bilan ? Quelles ont été les actions des partis politiques envers les victimes ? », a interrogé Issiaka Diaby.
Avant de mettre en garde, certains acteurs politiques qui, à travers leurs dérives langagières, persistent à vouloir coûte que coûte, réveiller de vieux débats. À ceux-là, le président de la CVCI a dit « ça suffit !!! ».
De ce fait, il a appelé le président de la République, Alassane Ouattara à mettre tout en œuvre afin de faire cesser les résurgences des violences sociopolitiques à travers la lutte contre l’impunité.
Indemnisation des victimes
Concernant l’indemnisation des victimes, Issiaka Diaby a demandé aux autorités de redoubler d’efforts parce que « la réconciliation n’a pas atteint ses objectifs », « le CVCI est déterminé à agir pour restaurer la dignité des victimes. D’ailleurs, le président de la CVCI a profité de l’occasion pour envoyer des pics à ses détracteurs qui l’accusent de tous les maux. « J’ai entendu beaucoup de choses, on dit que le président Ouattara m’aurait remis 1 milliard, d’autres disent que Laurent Gbagbo m’a remis quelque chose. C’est pourquoi, il a été acquitté. Tout récemment, j’ai participé à une activité à laquelle avait pris part Mme Simone Gbagbo et ensuite, nous avons pris une photo et des gens m’ont appelé pour me dire que j’ai vendu la lutte. Mais je vais dire que je n’ai pas fait de programme de lutte avec qui que ce soit », a-t-il martelé.
Des dossiers contre Charles Blé Goudé en attente
L’un des points forts de la sortie d’Issiaka Diaby a concerné l’information que des victimes des crises ivoiriennes se seraient constituées en partie civile contre l’ex-leader de la galaxie patriotique. Ce qui sous-entend que Blé Goudé pourrait encore faire face à la justice ivoirienne pour des faits qui lui seront reprochés. « Après sa condamnation, ils ont retiré la décision que j’ai en ma possession (ndlr : une pile de dossiers qu’il a brandis). C’est moi qui ai demandé qu’ils attendent parce qu’on a beaucoup de choses à faire. La décision est là, tout est une question de programme d’actions. Je vais discuter avec les membres du bureau et nous allons ensemble décider de la conduite à tenir », a-t-il conclu Issiaka Diaby.
Venance Kokora