Kalou Bonaventure, ex international ivoirien, footballeur de haut niveau aujourd’hui maire de la commune de Vavoua. Comment s’est passée cette reconversion du terrain de football au terrain politique ?
Cette reconversion a pris énormément de temps. Je n’étais pas prédestiné à faire de la politique. Ce n’est pas le terrain où beaucoup de personnes me voyaient. Je dirais que c’est par le concours d’une circonstance malheureuse. J’ai perdu mon père, ça faisait longtemps que je n’étais pas allé à Vavoua. Il était celui-là même qui nous représentait là-bas dans tout. Quand il est décédé, je suis allé là-bas et l’état de désolation dans lequel j’ai trouvé cette ville-là qui a vu naître ma mère, même si je ne suis pas né là-bas, cette situation m’a touché au plus profond de moi-même.
Quand vous avez été élu, quels étaient vos plus grands défis pour Vavoua ?
Les défis étaient immenses et concernaient tous les secteurs. Je peux citer l’école, les routes, la santé, l’adduction d’eau, la salubrité. C’était un chantier énorme au-delà de ce que vous pouvez imaginer. Mais quand on s’engage dans une cause sans aucune contrainte, on ne doit pas aussi pleurnicher. Il faut retrousser les manches et se mettre à l’ouvrage pour apporter un début de solutions aux attentes de ses administrés. Ma plus grosse fierté pour Vavoua…
Après votre premier quinquennat, entre le Vavoua de 2018 et le Vavoua de 2023, quel bilan faites-vous de vos actions à la tête de cette commune ?
Avant de parler de bilan je pense qu’aujourd’hui il n’y’a pas beaucoup d’Ivoiriens qui ne puissent pas mettre Vavoua sur la carte de la Côte d’Ivoire. Quand vous n’existez pas, on ne parle pas de vous. Mon premier objectif en venant à la tête de cette mairie-là, c’était que les autotriés ivoiriennes et internationales sachent que Vavoua existe et que Kalou Bonaventure qui a servi la nation sur d’autres terrains, est aujourd’hui engagé pour servir Vavoua. Pour les actions, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en terme de gestion communale, il y a des actions hors budget qui n’ont rien à avoir avec les actions budgétisées. Sur les actions hors budget, avec la fondation et avec mon frère Salomon, nous avons offert une école de trois classes à Gohitafla. Pour mon premier voyage à l’étranger en tant que maire de la commune de Vavoua, je me suis rendu dans une ONG en France avec qui j’avais des liens qui nous a donné énormément de matériels pour les populations de Vavoua. Nous avons hérité d’une dette d’un montant de 127 millions FCFA, qui est aujourd’hui résorbée. Je n’ai pas voulu en parler, parce que je ne veux pas exposer qui que ce soit. Je suis venu faire ma part. Sur le budget municipal, il y a la construction d’un hôpital à Dema, un village de la commune de Vavoua. L’électrification du quartier Akoto, la réhabilitation et l’équipement en tables-bancs de plusieurs écoles primaires etc.
Il y a l'extension de l'électrification de l'axe principal entre l'hôpital général et le corridor nord et la réhabilitation de l'abattoir municipal. Il faut noter aussi l'équipement de quinze (15) forages en pompe solaire dans les villages et campements de la Commune et l'extension du réseau électrique de Zouabi-Bah, ainsi que l'électrification de la voie menant à Gatifla. Nous avons équipé tous les services de la mairie en mobiliers. A côté de cela, chaque année, il y a la prise en charge de 100 à 200 élèves, la réhabilitation du stade municipal parce qu’au début de mon mandat, c’était source de railleries pour Vavoua. Vous savez bien que quand on arrive à la tête d’une commune comme Vavoua, il y a des urgences et le stade n’en était pas une à cette époque-là. Mais le stade a été réhabilité aujourd’hui c’est une fierté pour la ville. 2023 étant l’année de la jeunesse, la réhabilitation du centre culturel Hua Boua, du nom du premier maire de Vavoua fait partie de nos priorités. Il y a aussi l’organisation des moulins qui étaient disséminés dans la ville. C’était un grand désordre et il y avait des risques de maladies pour les riverains de ces moulins-là. Il y a même des enfants qui ont été brûlés dans ces moulins qui ont tous été relocalisés aujourd’hui. Nous leur avons mis de l’électricité, des ouvertures de voie ont été faites et une vingtaine de magasins ont été construits à leur compte.
Quelle est votre plus grosse fierté quand vous regardez vos 5 années de gestion ?
Je ne situe pas ma fierté à un niveau matériel. C’est plus l’humain que j’essaie de mettre en avant. Quand je regarde les réalisations, c’est aussi cette relation que j’ai avec les populations qui se disent qu’il y a un maire qui est arrivé et qui se soucie réellement de leurs problèmes, c’est une distinction pour moi parce que Vavoua est une ville très cosmopolite. Aujourd’hui, il y a une certaine harmonie entre les populations. Comme fierté, je pourrais donc citer cet hôpital que nous sommes en train de construire à Dema. Je sais les difficultés que les parents de Dema ont quand il y a des cas de maladies pour pouvoir se déplacer à Vavoua et se soigner. Ce sera une vraie bouffée d’oxygène pour eux. Il y a aussi les pompes à motricité humaine qui vont passer au solaire parce que nous ne sommes plus dans les années 1960 pour que nos mamans se fatiguent à pomper pour avoir de l’eau. Il y a une quinzaine de pompes solaires qui sont en train d’être installées dans plusieurs villages et campements de la ville. Ça c’est une autre action qui a été menée pour laquelle j’éprouve une légitime fierté. « Moi au restaurant du RHDP ? »
Pour aborder le chapitre politique, quatre années après votre arrivée à la Mairie de Vavoua en tant qu’indépendant, qu’est-ce qui a motivé votre choix à porter aujourd’hui le maillot du RHDP ?
Mon adhésion à ce parti m’a pris quatre ans. Pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, ils savent que je mettais un point d’honneur à la décrispation de l’écosystème politique. Il était important que Simone Ehivet Gbagbo soit libérée et l’ex-président de la République Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé puissent rentrer au pays. Quand cette décrispation-là se fait, je suis à l’aise, parce que l’offre politique est là. Je n’avais jamais milité dans aucun parti politique. C’est pour cela que je suis à l’aise de pouvoir dire que je suis fier de mon choix. Quand il y a une offre politique et qu’on doit faire des choix, chaque choix est un renoncement. Il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, mais ainsi va la vie. J’avais un choix à faire et je pense que ce choix-là était le meilleur.
Pourquoi avoir choisi le RHDP et non le FPI, PPA-CI ou le PDCI-RDA ?
Quand il y a plusieurs choix à faire, on se base sur des éléments. Je suis un agent de développement et je fais mes premiers pas en politique. Je me base sur des éléments concrets, sur le développement pour opérer un choix. Je me dis que pour une ville comme Vavoua, depuis 1960 c’est la toute première fois qu’un gouvernement se penche véritablement sur nous en nous permettant d’avoir 6 kilomètres de bitume. Mais il n’y a pas que ça. Si ce n’était que ça, les causes de mon engagement seraient trop faibles. Mais c’est un élément pour moi en tant qu’agent de développement, je me permets de faire un choix. Il y a quelqu’un qui a une vision et qui partage cette vision, la met en pratique pour chacun de ses concitoyens où qu’ils soient en Côte d’Ivoire. Je me retrouve dans cette façon de développer le pays, sans distinction. Chacun de nous reçoit une part de ce développement et c’est aussi cette vision qui m’a séduit chez le Président Alassane Ouattara.
Aujourd’hui, vous êtes perçu comme un transfuge du mercato politique hivernal. Vos détracteurs disent que vous êtes partis au ‘‘restaurant’’…
Je l’ai dit à l’un de vos confrères que je ne suis pas un transfuge parce que cela inclut qu’on ait changé d’un parti à un autre. Qu’on ait changé d’idéologie, ce qui n’est pas mon cas. En tant que citoyen, je n’avais jamais milité dans aucun parti en Côte d’Ivoire. Donc en tant que nouveau militant, j’adhère à un parti. On ne peut pas sur des a priori dire que je vais au ‘‘restaurant’’. Aujourd’hui, j’ai fait un choix certes, mais les leaders d’opinion, les chefs religieux ont été consultés avant de faire ce choix, même si personnellement j’étais convaincu. Il fallait quand même que je les associe à ma démarche. Quand je faisais ma déclaration au siège du RHDP, tous les chefs traditionnels et des guides religieux de Vavoua étaient présents. C’est une mode aujourd’hui de dire que tous ceux qui vont au RHDP vont au ‘‘restaurant’’. Moi j’ai mes convictions et j’ai fait un choix réfléchi. Comme ils disent que je vais au ‘‘restaurant’’, je tiens à rappeler que quand j’ai gagné ces élections-là en 2018, ce ne sont pas les contacts qui ont manqué. Mais je n’étais pas encore prêt à y adhérer en ce moment. J’aurais pu monnayer de façon pécuniaire mon adhésion à cette époque-là parce qu’on sortait de campagne. Mais quand on monnaie son adhésion, c’est qu’il n’y a pas de conviction derrière. J’ai l’intime conviction que le président de la République Alassane Ouattara fait un travail énorme. Dans ce partage des ressources de la Côte d’Ivoire, c’est lui qui peut nous aider à apporter le développement à la ville de Vavoua. Je me retrouve dans sa manière de faire la politique, sans tambour ni trompette, sans se plaindre parce que ce ne sont pas les critiques ou propos virulents qui manquent. Mais le président a un objectif et il s’y tient. Je trouve cela remarquable.
« J’ai mes convictions et j’ai fait un choix réfléchi »
D’aucuns estiment que votre adhésion au parti au pouvoir procède de la difficulté de la mise à disposition des ressources aux maires de l’opposition pour travailler. Est-ce que Kalou Bonaventure a adhéré au RHDP afin de pouvoir recevoir les budgets pour travailler ?
C’est complètement faux ! Ceux qui le disent n’ont pas connaissance de la gestion municipale ou des collectivités parce que tout ce qui provient du Trésor comme ressources, c’est ce que la ville produit. Personne ne peut donc refuser à une ville ce qu’elle a produit. C’est vrai, ce ne sont pas des budgets énormes que nous avons, mais nous avons toujours reçu ce qui nous était dû.
Rien n’a donc été conditionné.
Je le répète, mon adhésion est un choix de conviction.
Vous étiez indépendant en 2018, les populations se sont reconnues en vous et vous ont élu à la tête de mairie de Vavoua. Cinq années après, vous devenez Rhdp. Pensez-vous que ces populations vont vous suivre dans votre choix politique ?
Tout est une question de discours et d’approche. Il faut expliquer aux gens pourquoi Kalou est parti au RHDP. J’aurai une tournée très prochainement à Vavoua pour expliquer à mes parents et à ceux qui ne comprennent pas encore parce que certains ont été effectivement déboussolés. J’irai leur donner les motivations et leur dire que le Président Alassane Ouattara est celui qu’il faut à la tête de ce pays-là. Et c’est lui qui peut nous aider à amorcer un début de développement que tous les enfants de Vavoua souhaitent.
Il y a eu récemment une affaire qui a défrayé la chronique où vous auriez refusé l’accès à votre village à une délégation du PPA-CI conduite par Stéphane Kipré. Monsieur le maire qu’est-ce qu’il s’est passé réellement ?
J’étais à Vavoua et deux jours avant mon retour à Abidjan, je reçois un courrier du PPA-CI disant qu’une délégation viendra animer un meeting à Vavoua et aura un déjeuner avec des chefs. Je n’ai trouvé aucun inconvénient en cela puisqu’à son retour d’exil, j’ai été sollicité par les équipes de Stéphane Kipré et j’ai envoyé une délégation à son accueil. J’ai même mis le stade municipal à sa disposition où il a fait son meeting. Pour la situation dont vous parlez, le Secrétaire général de la Mairie m’ayant informé de son arrivée, il n’y avait pas de soucis. C’est sur le chemin du retour sur Abidjan que mon quatrième adjoint m’appelle pour m’informer que des jeunes de mon village seraient allés menacer le directeur d’une école privée qui avait accepté que le déjeuner et le meeting se déroulent dans son établissement. N’étant pas sur place, je lui dis de prendre contact avec le Préfet pour trouver un palliatif parce que s’il y a des troubles, c’est de mon ressort et celui du Préfet. Après échanges avec mon adjoint, le Préfet décide de parler avec la délégation du PPA-CI. Le Préfet et la délégation s’accordent et il est décidé que le meeting ait lieu au stade et le déjeuner dans un hôtel de la ville. Cependant, pour le désagrément causé, je prends la décision de payer la location de la salle de l’hôtel pour la délégation du PPA-CI.
Le jour du meeting, mon quatrième adjoint appelle la responsable régionale du PPA-CI, Mme Sarah Soko, pour harmoniser les points pour que le meeting se déroule dans de bonnes conditions. Contre toute attente, elle informe par la suite mon adjoint du report du meeting. Grande fut ma surprise quand le même soir à mon arrivée à Abidjan, on m’envoie un message pour dire que j’ai refusé l’accès de mon village à Stéphane Kipré. C’est un frère, je prends donc sur moi la décision de l’appeler pour qu’on s’explique. Pour moi, le débat est clos. Mais le lendemain, lors d’un de ses meetings, il revient sur ce pseudo incident et me pointe du doigt. J’ai trouvé cela regrettable. Je ne peux pas accepter qu’on dise que j’ai refusé l’organisation de leur meeting alors qu’ils étaient d’accord avec le Préfet pour que le meeting se tienne au stade pour éviter qu’il ait troubles à l’ordre public. Mais il est de notre devoir aussi en tant qu’autorités Préfectorales et Municipales de prendre des décisions pour éviter les troubles à l’ordre public. Donc j’ai regretté cette histoire montée de fil en aiguille pour me faire passer pour le méchant, me faire passer pour celui qui refuse la tenue d’un simple meeting. Moi je suis profondément démocrate pour la simple raison que je suis appelé à aller ailleurs pour passer le message de mon parti et du Président de la République.
Qu’est-ce que refuser l’accès de mon village à Stéphane Kipré aurait eu comme bénéfice pour moi ou pour le village ?
Qu’on me l’explique. « Je trouve malhonnête le procédé des responsables locaux du PPA-CI »
Il se raconte que c’est le nouveau maire RHDP qui aurait instrumentalisé des jeunes pour s’opposer à ce meeting ?
C’est ahurissant ! Aucun jeune n’a été instrumentalisé. Là où je trouve le procédé malhonnête des responsables locaux du PPA-CI, c’est qu’ils aient accepté de tenir leur meeting au stade quand ils sont allés voir le Préfet avant de se rebiffer. S’ils avaient dit non au Préfet et qu’il décide de les faire rentrer à Bouhitafla, je l’aurais compris et je me serais aligné. Mais à partir du moment où ils sont d’accord avec le Préfet de faire le meeting au stade et de prendre le déjeuner à l’hôtel, en tant que maire, je prends toutes les dispositions avec mon adjoint pour l’organisation de leur meeting. Après on me fait passer pour celui qui a refusé l’organisation de la rencontre chez moi. Je ne trouve pas cela honnête de leur part.
Est-ce que vous avez parlé avec Stéphane Kipré suite à cet incident ?
Justement, j’ai parlé avec lui la veille de son meeting. Et ce pour l’informer de la teneur de l’entretien entre le Préfet et les responsables locaux du PPA-CI.
Était-il d’accord avec cette décision de l’autorité ?
Je ne saurai vous le dire. Mais d’après lui, on refuse qu’il vienne chez nous. Je lui ai dit que personne ne refuse qu’il vienne à Vavoua. J’ai même ajouté qu’il est venu par deux ou trois fois. Mais cette fois-ci, si le Préfet qui est au-dessus de moi dans l’ordre hiérarchique au plan administratif dit qu’il y a risque de troubles à l’ordre public, je m’aligne. De plus quand les équipes de Stéphane Kipré tombent d’accord avec le préfet pour changer de site pour le meeting. Que l’on ne vienne pas me tenir pour responsable.
Que dites-vous à vos administrés après cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive ?
Nous sommes en politique et il y a plusieurs choses à la fois qui peuvent expliquer ce qui s’est passé. Il y a d’abord ceux qui n’ont pas apprécié mon soutien à un candidat à la Fédération ivoirienne de football (Fif) au détriment d’un autre candidat. Ils le ramènent sur le terrain politique. Il y a également ceux qui disent que je n’aurais pas dû m’engager au RHDP. Il y a donc beaucoup de griefs. Mais il faut que mes administrés gardent à l’esprit qu’au-delà de mes convictions personnelles et mes prises de position sur tels ou tels autres sujets, c’est le développement de Vavoua qui m’importe au-delà de tout. La difficulté de Vavoua, ce sont les problèmes de personnes. Il faut qu’on apprenne à faire la politique comme dans les autres localités où le développement de la ville est placé au-dessus des problèmes de personnes et des fois au-delà des convictions politiques. En tant que maire, j’ai un devoir, parce que je porte toute la responsabilité des charges de la population. Même si j’étais allé au PPA-CI ou au PDCI, il y aurait eu des gens qui ne comprendraient pas ma position. Il faut que les gens se fassent à l’idée qu’on fait la politique pour le bien-être de ses administrés. On se bat et on fait du lobbying pour sa ville. C’est cette envie là que j’ai et c’est pourquoi je me bats pour changer Vavoua.
Nous sommes à quelques mois des élections municipales. Est-ce que Kalou Bonaventure est candidat à sa propre succession ?
Je suis candidat à la candidature pour le compte de mon parti, le RHDP. La désignation des candidatures n’est pas encore connue. J’ai déposé mes dossiers comme tous les candidats sur l’étendue du territoire. Le directoire décidera des candidats qui sont à même de porter le parti vers les victoires parce que 2023, c’est une petite photo de ce qui se passera en 2025. Donc il faut aligner les meilleurs. Je suis dans la peau du candidat à la candidature. Mais en attendant, je reste concentré. C’est comme en football, tant que l’entraineur n’a pas donné la liste de ceux qui doivent aller sur le terrain, on reste concentré. Dès que le onze entrant est donné, on ira sur le terrain pour se battre pour que le parti ait le plus grand nombre de maires et de conseils régionaux, et ceci de façon écrasante. Le Président de la République Alassane Ouattara fait un énorme travail pour le développement de la Côte d’Ivoire. Nous avons donc un produit très bien vendable. Sur ce point-là, je suis à l’aise. Et j’attends que les choses se fassent.
Réalisée par Kra Bernard, Collaboration Olivier Yéo