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Interview/ Ousamne Sall, porte-parole des pécheurs de Kafolo : Quand nous avons l’armée, nous étions rassurés »

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Ousmane Sall : « Nous avons retrouvé l’espoir et la quiétude ». Photo : MZ
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Témoin avec sa famille de l’attaque de Kafolo, Ousmane Sall raconte sa peur et l’horreur qu’il a vécu.

Après les attaques terroristes, comment appréciez-vous le niveau de la sécurité à Kafolo ?

Avec les horreurs que nous avons vécu pendant ces attaques, si la sécurité n’était pas revenue, je me demande si les habitants de Kafolo seraient encore dans le village. Nous voulons avant tout remercier le Président de la République qui a permis la mise en place de cet important dispositif de sécurité, qui nous permet de vivre en paix, dans la tranquillité. Nous ne voulons plus que ces choses nous arrivent encore, c’est pourquoi nous plaidons pour que le dispositif soit davantage renforcé. Que les forces de l’ordre continuent le travail qui sécurisation, cela nous conforte.

Des jeunes de Kafolo ont dénoncé la rusticité des patrouille militaire à l’égard des populations et souhaitant une sécurisation à visage humain.  Comment jugez-vous la relation et la cohabitation entre les forces de l’ordre et les populations dans le village ?  

Je pense que ce sont des choses qui arrivent. Les forces de l’ordre font leur travail. Ce qui est important, c’est que ce travail de sécurisation nous permette de retrouver la quiétude et de pouvoir, à nouveau, vaquer à nos occupations.

Comment avez-vous vécu cette nuit du 10 juin 2020 avec votre famille ?

Kafolo est un petit village tranquille. Une nuit, nous sommes réveillés par des tirs. Ce n’était pas courant et nous étions loin d’imaginer qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. C’est le matin que nous avons compris qu’il s’agissait en fait d’une attaque terroriste. Des gens sont arrivés, on ne sait d’où, et s’en sont pris à notre village. C’était la peur et l’horreur dans tout le village.

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Ou étiez-vous cette nuit-là et qu’avez-vous fait devant la situation ?

J’étais dans ma maison avec ma famille. Quand j’ai entendu les tirs de plus en plus importants. J’ai compris que quelque chose n’était pas claire. Nous avions tous peurs dans la maison, mais j’ai dit à ma femme et aux enfants de rester calme. Nous sommes restés camouflés sous le lit, jusqu’à 9 heures.

Qu’avez-vous vu lorsque vous êtes sortis ?

Nous avons vu l’horreur. Ce n’était pas beau à voir. Les militaires étaient sur le qui-vive, d’autres étaient blessés. Moi qui habite tout juste près du corridor, vous pouvez imaginer quel traumatisme, les tirs ont créé à ma famille. C’est quelque temps après que nous avons compris qu’il s’agissait d’hommes armés, venus attaquer le village.

Et d’où venaient ces hommes armés-là, selon vous ?

Je ne suis pas à même de pouvoir dire d’où ils sont venus, surtout que tout s’est passé dans la nuit.

Au lendemain de l’attaque dans quel état d’esprit étaient les populations ici ?

Nous avions tous peurs. A la maison, ma famille et moi, nous dormions difficilement. On vivant dans la crainte au quotidien, car une attaque pouvait survenir à n’importe quel moment. Nous craignions que ces personnes viennent taper à nos portes.

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Vous ne vous êtes jamais dit qu’il fallait lutter, vous-même, pour préserver le village et vos familles d’une éventuelle autre attaque terroriste ?

De telles ambitions peuvent vous traverser l’esprit, mais quand en face, il y a des armes lourdes. Que pouvez-vous bien faire. A un moment, nous avions pris la résolution de partir du village. Et je n’étais pas seul dans cette situation.

Pourquoi vous ne l’avez pas fait ?

Lorsque nous avons vu les forces de l’ordre en nombre, nous étions rassurés. Nous avons retrouvé l’espoir et la quiétude est revenue petit à petit jusqu’aujourd’hui.

Selon des sources, les terroristes proposent de l’argent, jusqu’à 500.000 Fcfa et des motos en vue de rallier leur cause. Que savez-vous de ces infirmations ? Avez-vous eu des proches qui se sont fait enrôlés ?

Ce sont des choses que nous avons tous entendus ici, mais j’avoue que personne dans le village n’a été approché. Si c’est arrivé, je n’en suis pas informé.

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Avez-vous eu vent d’arrestations ou d’interpellations de terroristes ?

Même si c’est le cas, je pense que ce sera tenu au secret.

Qu’en est-il des personnes, qui selon des sources, auraient disparue mystérieusement ?

Je pense que ces personnes n’ont pas disparu. Après l’attaque, pris de peur, certains sont partis du village. Et quand on ne les voyait plus, on a jugé qu’ils avaient disparus. Mais ils sont revenus, car ils ont laissé leurs parents et leurs maisons ici.

Après cette attaque, Kafolo a bénéficié d’un important soutien de l’Etat. Les jeune

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s ont bénéficié de moyens pour des projets, des femmes ont été insérées dans le tissu professionnel, des infrastructures routières, sanitaires et scolaires ont vu le jour. La sécurité a été renforcée. Comment jugez-vous la réponse du gouvernement ?

Nous sommes heureux que Kafolo bénéficie de tout cela et nous prions que cela continue et se renforce. Cependant, il y a encore beaucoup à faire.

Concrètement, qu’attendez-vous ?

Nous sommes une communauté de pécheurs dans le village, qui est beaucoup impacté par cette situation. Les autres vont aux champs tranquillement, mais nous ne pouvons plus aller à la pêche. Nous ne savons plus quoi faire, plus que c’est notre activité. Retourner à la pêche présente quelques risques sécuritaires pour nous. Tout peut arriver sur le fleuve de la Comoé. Comment subvenir à nos besoins et nourrir nos familles ? Si ce n’est de rester au bord du fleuve pour pêcher, impossible pour nous d’aller plus loin, là où le poisson abonde.

Réalisée par Manuel Zako, envoyé spécial à Kafolo

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