Cela fait pratiquement quatre mois que 46 des 49 soldats ivoiriens que le gouvernement de Côte d’Ivoire a envoyés en mission au Mali, y sont bloqués. En dépit de toutes les actions de médiation et de négociation entreprises jusque-là par le gouvernement ivoirien, et qui n’ont pas encore abouti, le chef de l’État reste convaincu que le problème connaîtra une issue heureuse. C’est cette foi qu’il voudrait voir contaminer tous les Ivoiriens, singulièrement les familles des soldats détenus au Mali.
Alassane Ouattara demande aux compatriotes et aux familles desdits soldats de lui faire confiance quant au dénouement heureux de cette affaire. C’est ce message d’espoir qu’il a chargé le porte-parole du gouvernement à transmettre au terme du Conseil des ministres du mercredi 9 novembre 2022. « Voici ce que je peux dire concernant les soldats en invitant les familles et l’ensemble de nos concitoyens à avoir confiance au chef de l’État, pour qui cette question reste une préoccupation importante, tout comme il s’est soucié pour que tous les exilés de Côte d’Ivoire rentrent. Ça été un long processus pour que tous puissent rentrer », a déclaré Amadou Coulibaly. Il ajoute dans la même foulée : « c’est long, c’est difficile, mais les familles sont en contact avec le ministère d’État, ministère de la Défense, qui leur donne régulièrement des informations sur le moral de nos soldats détenus au Mali ». L’attitude adoptée par le président de la République, requiert tout naturellement, la patience. Le porte-parole du gouvernement, par ailleurs, ministre de la Communication et de l’Economie numérique, n’a pas manqué de le signaler. « La Côte d’Ivoire a choisi la voie du dialogue, de la concertation et de la négociation.
(…) Nous avons même appelé nos concitoyens à la patience et notamment les familles des victimes à la patience et à avoir confiance au chef de l’État. Quand vous choisissez la voie du dialogue, quand vous choisissez la voie de la négociation, vous vous inscrivez d’une certaine façon, en même temps dans la gestion du temps. Nous sommes convaincus qu’il n’y a aucun doute que nos soldats rentreront ».
Il ne reste plus alors qu’aux Ivoiriens, particulièrement aux familles de ces soldats de faire confiance au chef de l’État pour le règlement du problème. Il est question de lui faire confiance, mais surtout de lui accorder le temps nécessaire qu’il faudra pour gérer ce problème, qui est tout de même délicat. Il faudra sortir de la logique de « l’ici là maintenant », et faire preuve de patience. Et cela, pour confirmer le dicton qui affirme que « la patience est un chemin d’or ».
Une mauvaise foi manifeste des autorités maliennes
Le blocage des soldats ivoiriens au Mali dénote de la mauvaise foi de la junte au pouvoir, qui est dirigée par le colonel Assimi Goïta. Plusieurs actions ont été menées pour leur libération. Deux chefs d’État ont justement été mandatés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rencontrer les responsables de la junte au sujet du problème. Il s’agit des présidents Adama Barrow de la Gambie et Nana Akufo Addo du Ghana. Ils sont arrivés au Mali le jeudi 29 septembre 2022 et étaient accompagnés par Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères. Celui-ci représentant le président Faure Gnassimbé, médiateur désigné dans l’affaire des militaires ivoiriens. Leur déplacement a accouché d’une souris, dans la mesure où les soldats ivoiriens n’ont pas été libérés. Avant la CEDEAO, le président en exercice de l’Union africaine (UA) s’est rendu en personne au Mali. Macky Sall, par ailleurs, président du Sénégal, était à Bamako le 15 août 2022 pour la même raison. Le numéro un sénégalais non plus, n’a rien obtenu de concret.
Le dernier argument avancé par Assimi Goïta pour continuer de maintenir les soldats en détention, est le fallacieux prétexte que ces derniers ne sont pas tous ivoiriens. Un argument balayé du revers de la main par Abidjan. Le porte-parole du gouvernement a apporté un démenti cinglant au terme du Conseil des ministres du mercredi 12 octobre 2022. « Nul ne peut appartenir à la fonction publique d'un pays s'il n’est national de ce pays, explique-t-il. La Côte d'Ivoire n'échappe pas à cette règle. Pour être membre de la fonction publique ivoirienne, il faut d'abord être ivoirien. Les militaires sont des agents de l'État, ce sont des fonctionnaires et leur corps étant encore plus particulier, vous imaginez bien que ce n’est pas dans l'armée de Côte d'Ivoire que l'on pourrait avoir des non-nationaux.
Ces militaires sont bel et bien ivoiriens. En dehors des pays qui disposent de légions étrangères où la loi de leur pays leur permet d'avoir des gens d'autres nationalités, dans tous les pays du monde, pour appartenir à l'armée, il faut être national de ce pays. La Côte d'Ivoire ne peut pas faire exception. Il n'y a donc aucun étranger parmi nos soldats », a-t-il été clair.
Comme on peut le constater, la junte malienne refuse de libérer les soldats ivoiriens. A-t-elle un agenda caché ? L’on l’ignore. L’on ignore également les raisons d’une telle attitude. Mais en état de cause, le chef d’État ivoirien reste dans sa logique : user de dialogue, de la concertation et de la négociation pour le règlement du problème.
Aristide Otré