« L’élection des secrétaires généraux n’était pas une chose facile », « Cela n’a pas été une chose facile », a répété le président du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Alassane Ouattara entendait ainsi souligner toute la délicatesse de cet exercice démocratique tant redouté dans bien des partis, à cause du risque de fragilisation de la cohésion interne. L’organisation d’élection en vue du choix des personnes appelées à occuper un poste peut être, en effet, source de vives tensions, susceptibles de laisser des traces pouvant impacter négativement la bonne marche du parti. D’où la propension à écarter cette option quand il s’agit d’affecter des personnes à des postes.
C’est ce risque que Ouattara a voulu prendre en optant, lui, pour le choix des secrétaires départementaux par voie électorale. « Cela n’a pas été une chose facile », admet-il. Mais, soucieux d’avoir pour interlocuteurs des personnes jouissant du soutien des militants de base, il en a pris le pari. « …Je tenais à le faire parce quand on parle de démocratie, il faut aller à la base. Démocratie veut dire le choix, le vote de chacun des militants », justifie-t-il sa décision de soumettre les aspirants au poste de secrétaire départemental à la « pesée » des militants de base. Pour Alassane Ouattara, ces premiers responsables locaux du RHDP doivent être l’émanation de la base pour qu’ils jouissent d’une légitimité qui en fait des porte-voix naturels de cette base. Aussi se félicitait-il d’avoir gagné ce pari pour le moins risqué.
Mais Ouattara est allé bien au-delà. Il a donné en exemple à ses adversaires politiques cet exercice qui permet de mesurer la vitalité démocratique à l’intérieur du RHDP. « …J’attends que les autres partis fassent de même. On les attend », a-t-il lancé comme un défi. Le disant, il donne la leçon à ses opposants, principalement aux deux autres ténors de la vie politique nationale que sont Bédié et Gbagbo.
Ouattara met au pied du mur ses deux rivaux
Eux, dont les partis ont critiqué des actes de violence isolés, qui ont quelque peu entaché l’élection des secrétaires départementaux du 23 juillet 2022. En leur lançant ce défi, Ouattara met au pied du mur ses deux rivaux, dont les formations politiques n’ont jamais procédé à un tel exercice démocratique pour choisir les membres de leurs instances dirigeantes.*
La tentative du PPA-CI de Gbagbo de se prêter à l’exercice pour choisir les présidents de la jeunesse et des femmes dudit parti, a tourné court. Les colossaux enjeux ayant suscité des tensions, lesquelles ont fini par faire avorter l’option de la consultation populaire comme mode désignation du président des jeunes et de la présidente des femmes. Lui qui se targue d’être un héraut des valeurs démocratiques, se doit de relever ce défi lancé par Ouattara. Tout comme Bédié, dont le parti, qui se dit démocratique par son nom, devrait traduire en acte cette étiquette proclamée.