À l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, qui s’est tenue les 19 et 20 août 2022, Simone Gbagbo a mué le Mouvement des Générations Capables en un parti politique. À la vérité, ce n’était là qu’un secret de Polichinelle. Depuis qu’elle a rejeté la proposition de ses anciens compagnons du camp Gbagbo de les rejoindre au sein de leur nouvelle formation politique, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), l’on sentait bien que l’ex-Première dame serait tentée de jouer sa propre carte.
C’est ce qui explique qu’elle n’ait pas non plus rallié le camp Affi en demeurant au sein du Front Populaire Ivoirien (FPI). Dès lors, tout portait à croire qu’elle rêvait d’écrire sa propre histoire en privilégiant l’équation personnelle. Quand elle lançait, le MGC, en septembre 2021, des observateurs avertis de la vie politique ivoirienne, se doutaient bien qu’elle était en train de poser les bases d’un nouveau parti politique. Ils ne croyaient pas si bien dire. Voilà donc Simone Gbagbo à la tête d’un nouveau parti politique.
Un obstacle de plus pour le leader du PPA-CI
En portant sur les fonts baptismaux ce parti, l’ex-Première dame se dote d’un instrument visant à lui permettre d’exister dans l’arène politique nationale. Et ainsi d’y compter. À 73 ans. Cet acte consacre le « désapparentement » de Simone Gbagbo du passé politique qu’elle a connu avec son époux Laurent Gbagbo. Désormais, les deux conjoints seront donc des adversaires politiques. En plus du parti au pouvoir, l’ancien chef de l’État va devoir guerroyer avec sa conjointe avec laquelle il n’est plus en odeur de sainteté depuis son retour au pays le 17 juin 2021. Lui qui vient de créer un nouveau parti, le PPA-CI, va devoir batailler pour contrer la tentation de son épouse de chasser dans son pré-carré que constitue l’ex-mouvance présidentielle. Car, on s’en doute, Simone Gbagbo va pêcher prioritairement dans le même marigot que son époux, c’est-à-dire au sein du « peuple de Gbagbo ». Elle pourrait donc empêcher le PPA-CI d’étendre ses tentacules dans certaines contrées où les populations n’ont d’yeux que pour elle.
Pour tout dire, la création de ce nouveau parti vient morceler davantage, le bloc Gbagbo, dont un morceau a été emporté suite à la scission avec Affi N’guessan et ses partisans, restés, eux, au FPI et un autre, suite à la création, par Charles Blé Goudé, de son parti, le Congrès Panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples (COJEP). Simone Gbagbo vient, à son tour, casser en trois, ce bloc qui pesait 46% de l’électorat en 2010. Au reste, l’ex-Première dame se réclame toujours de gauche, même si elle ne se définit plus comme socialiste, mais plutôt socio-démocrate. Il reste que son parti défend pratiquement les mêmes idéaux qui ont poussé de nombreux inconditionnels de l’ancien président de la République à prendre fait et cause pour lui. De quoi appâter une bonne frange d’entre eux et donc réduire les chances du PPA-CI de ratisser aussi large qu’il espère. Ce sont là autant de raisons qui font dire que Simone apparaît désormais, comme un écueil de plus sur le chemin des ambitions présidentielles de Gbagbo.