Ils se sont rencontrés dans la lutte syndicale en 1973 et depuis cette date, ils sont restés ensemble. Du moins jusqu’à ce lundi fatidique du lundi 21 juin 2021, où les avocats de l’ancien président Laurent Gbagbo ont officialisé sa décision de divorcer d’avec celle qui a été sa camarade de lutte et compagne de vie pendant 48 ans.
Le lundi 21 juin 2021 marque le début de la fin d’une aventure poli- tico-amoureuse où les deux compagnons ont connu les pires moments de l’exis- tence humaine, avant de goûter aux délices du pouvoir en 2000. C’est donc un couple qui a connu des vertes et des pas mûres qui va im- manquablement voler en éclats dans les semaines, mois ou années à venir. Mais pour qui suit l’histoire de ce couple, c’est au début des années 2000 que les ingrédients de la sépa- ration ont commencé à se réunir. Quand Laurent a épousé en secondes noces Nadiani Bamba, selon les rites traditionnels et islamiques, Simone s’était radicalisée et avait, d’après certaines indiscrétions de l’époque, menacé de divorcer si son époux de président continuait son idylle avec sa nouvelle conquête. Mais comme le cœur a ses raisons que la raison elle-même ignore, selon la formule consacrée, Gbagbo a imposé Nady à Simone comme coépouse. De 2000 à 2010, la Côte d’Ivoire était dirigée par un président polygame. Etant contrainte de faire face à cette réa- lité, Simone s’est imposée dans le dispositif politique du FPI en prenant la tête des ultras pour qui il ne fallait faire aucune concession à l’adver- saire, même sur le terrain sentimen- tal. Certaines indiscrétions rapportent même qu’avant 2010, le principe de chambre à part avait été admis par Laurent et Simone. Puis, survint l’épisode de la crise post- électorale.
Pourquoi Laurent n’a jamais voulu voir Simone après 2011 ?
Et, selon ce que racontent certains membres de l’entourage de Gbagbo, ce sont l’intransigeance de Simone qui était soutenue par le général Dogbo Blé et un quarteron d’offi- ciers de l’Armée qui ont empêché Gbagbo de signer sa reddition en mars 2011 quand il était cerné de toutes parts. A contrario, Nady Bamba faisait partie de ceux qui avaient fait preuve de réalisme et qui avaient demandé à l’ex-président de céder le pouvoir. Mais l’intransi- geance de Simone, sa proximité avec les généraux de l’Armée et l’appui des miliciens et mercenaires ont fini par avoir raison des modérés.
Après sa capture par les Forces répu- blicaines de Côte d’Ivoire (Frci), Laurent Gbagbo attribue à Simone, tous les déboires qui lui sont arrivés. Selon certains pontes du régime ac- tuel, après l’épisode, Gbagbo et Si- mone devraient être ensemble en résidence surveillée à Korhogo. Mais l’ancien président s’est catégo- riquement opposé. Il a insisté et sup- plié le régime de l’éloigner de Simone. C’est pour cette raison que l’ex-Première dame a été finalement envoyée à Odienné. Ceci pourrait donc justifier cela. Et quand Laurent Gbagbo a confié à des visiteurs que « dans la vie il faut savoir choisir sa femme », l’opinion a fini par comprendre que Gbagbo ne voulait plus de Simone. Quand elle est sortie de prison, elle n’a jamais manifesté le désir d’aller voir son époux, même après la mesure d’amnistie. A la vérité, c’est Gbagbo qui ne voulait pas la voir. Et quand après le décès de
Sangaré Abou Drahamane, Gbagbo a confié le parti à Assoa Adou, Simone avait compris ce jour-là, que son Laurent ne la comptait plus dans son cœur. Puis, arriva la veille de son arrivée où l’ancien ministre Léon Emmanuel Monnet est allé lui signi- fier ouvertement, que son époux ne souhaite pas la voir à son accueil. La lettre de divorce introduite par le ca- binet de Me Claude Mentenon, est donc l’épilogue d’un long feuilleton politico-sentimental qui a connu beaucoup de rebondissements dans son évolution. Laurent et Simone vont certainement divorcer. Mais, qu’adviendra-t-il du FPI, le parti po- litique que les deux camarades tour- tereaux ont fondé dans la clandestinité en 1982 ? C’est un autre feuilleton avec beaucoup d’autres rebondissements qui va s’ouvrir.
Kra Bernard
