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Retour de Gbagbo / Les victimes envahissent le palais de justice du Plateau

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« Nous allons radicaliser nos actions »

Des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011 ont manifesté lundi, 10 mai 2021, devant le Palais de justice au Plateau, pour dénoncer l’impunité et s’insurger contre l’éventuel retour en Côte d’Ivoire de l’ancien président Laurent Gbagbo.

Des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011, regroupées au sein du Collectif des Victimes des Crises en Côte d’Ivoire ( CVCI), ont manifesté leur colère, le lundi 10 mai 2021, devant le Palais d justice au Plateau pour dire non au retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien, estimant « qu’il est un problème pour la réconciliation nationale et non une solution ». Brandissant des écriteaux aux messages hostiles à Gbagbo (« Gbagbo doit être condamné ») et à Charles Blé Goudé, son ancien ministre de la jeunesse, ces victimes ont protesté sous une pluie battante, en présence des forces de police, qui ont encadré la manifestation. « On en a marre de l’impunité en Côte d’Ivoire, ça suffit ! Dès que Laurent Gbagbo met les pieds en Côte d’Ivoire, nous allons le considérer comme un criminel qui a braqué la BCEAO pendant la crise postélectorale. Il a été condamné par la justice ivoirienne et cette condamnation doit être exécutée. Pour nous, c’est un criminel qui est doit être traité comme tel et sa place, c’est à la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan). Gbagbo n’est pas une solution pour la réconciliation nationale, mais plutôt un problème », a martelé Issiaka Diaby, le président du CVCI et meneur de cette manifestation. Selon lui, il n’est pas question que Gbagbo bénéficie d’un traitement lié à sa qualité d’ancien chef d’État. « Nous avons mis en place un comité d’accueil ; et le jour de son arrivée à Abidjan, nous serons sur le tarmac de l’aéroport pour l’accueillir et le conduire à la MACA », a averti le président du CVCI. En marge de cette manifestation, Issiaka Diaby a été reçu en audience par Adou Richard Christophe, le Procureur de la République près le tribunal du Plateau. Au sortir de cette rencontre, il a déclaré : « Nous sommes allés demander au procureur de ne pas privilégier la réconciliation au détriment des victimes. La justice est un élément de la réconciliation. Nous lui avons dit que le jour où Laurent Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire, si les condamnations de la justice ivoirienne à son encontre ne sont pas exécutées, nous le conduirons à la MACA ». 

Gbagbo : un problème et non une solution

Par ailleurs, Issiaka Diaby a dit être contre les lois d’amnistie et a indiqué également qu’il a interpellé le Procureur de la République sur le fait que des ex-exilés tiennent des propos de nature « à mettre de l’huile sur le feu ». « Nous ne sommes pas satisfaits de cette rencontre avec le Procureur. Nous allons donc demander aux victimes de radicaliser leurs actions sous réserve du respect strict des droits de la personne humaine », a menacé le orte-parole des victimes, annonçant que son organisation va mener des « actions citoyennes ». En retour, a-t-il fait savoir, « le procureur nous a promis qu’il allait rendre compte au procureur général pour que certaines choses soient faites ». « Nous sommes venus pour nous faire entendre et demander au gouvernement de choisir entre Gbagbo et les victimes. Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités parce que les victimes sont délaissées », a expliqué de son côté Bamba Makourako, l’une des manifestantes. « Aujourd’hui, nous demandons au président Ouattara de choisir entre les victimes et les hommes de Gbagbo. Que le gouvernement fasse un choix parce qu’on est fatigués. Les victimes n’ont pas encore eu justice et réparation », a, dans la même veine, critiqué Karim Coulibaly, une autre victime de la crise postélectorale. Pour rappel, l’exprésident ivoirien, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, l’ancien chef des « Jeunes patriotes », ont définitivement été acquittés par la Cour Pénale Internationale (CPI) le 31 mars 2021. Ils étaient accusés de crimes contre l’humanité commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait officiellement 3000 morts. Ainsi, depuis cet acquittement, les partisans des deux hommes préparent leur retour en Côte d’Ivoire.

Lahassana Barro

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