Les forces de l’ordre, déployées en nombre dans les zones stratégiques de Conakry, ont affronté des manifestants qui, malgré les restrictions, ont répondu à l’appel lancé par une coalition regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile. Pour ce collectif, l’objectif principal était clair : paralyser la ville pour attirer l’attention des autorités sur l’urgence d’un dialogue national.
« Il ne s’agissait pas seulement de descendre dans la rue, mais de marquer notre refus de continuer sous ce régime de transition sans calendrier clair », a déclaré un porte-parole des organisateurs.
Depuis le coup d’État de septembre 2021 ayant porté le Général Mamadi Doumbouya et son Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) au pouvoir, la transition militaire suscite des tensions croissantes. L’accord conclu avec la CEDEAO prévoyait une fin de la transition au 31 décembre 2024, mais aucune transition civile n’a été mise en place à cette date.
Dans son discours à la Nation du 1er janvier 2025, le Général Doumbouya a promis l’organisation d’un référendum constitutionnel au cours du premier trimestre de l’année, une annonce qui semble insuffisante pour calmer les revendications de l’opposition.
Le bilan de la manifestation est sombre : plusieurs blessés, des décès déplorés par les organisateurs, et de nombreuses interpellations. Face à cette répression, les « forces vives de la Guinée » ont réitéré leurs exigences, notamment la libération des détenus, l’instauration immédiate d’une transition civile, et le respect des engagements pris par le CNRD.
Les leaders de la contestation appellent à maintenir la mobilisation dans les prochains jours. « Le combat pour une transition civile n’est pas une option, c’est une nécessité pour la survie de notre démocratie », a insisté un représentant des forces vives.
Si la communauté internationale, notamment la CEDEAO, continue de plaider pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la situation reste fragile. Le CNRD semble résolu à poursuivre son agenda, mais l’opposition, galvanisée par le soutien populaire, semble prête à intensifier ses actions.
Cette nouvelle confrontation met en lumière les défis majeurs auxquels la Guinée est confrontée : un dialogue national difficile, des tensions sociales exacerbées, et une impatience croissante de la population face à l’incertitude politique.
Olivier YEO