C’est l’un des dictons les plus usités dans le langage courant en Côte d’Ivoire. On ne peut faire d’omelette sans casser des œufs. C’est une vérité irréfragable qui peut s’étendre à tous les domaines comme celui de l’idéal du développement. La Côte d’Ivoire, on le sait, est dans une dynamique de développement accru jamais atteint en si peu de temps depuis 2011. Cela ne relève pas de la démagogie ou d’une vision politique étriquée, mais de la réalité des faits. Et ceci, depuis l’installation de l’administration Ouattara au pouvoir. Mais tout comme on ne peut faire d’omelette sans casser des œufs, on ne peut pas non plus faire du développement sans créer des impairs au sein de la population. Depuis 2011, des routes et autoroutes s’étendent dans toutes les contrées, des infrastructures socio-éducatives, industrielles et énergétiques poussent dans toutes les localités. En un mot comme en mille, la Côte d’Ivoire est en chantier et l’on peut en tirer une légitime fierté. Seulement voilà. Ce développement ne va pas sans conséquences sociales pour les populations. Le dernier fait en date, est le bilan dressé lors de la dernière réunion du Conseil national de sécurité sur l’interdiction de circulation des motos et tricycles sur certaines voies du district d’Abidjan. « Le Ministre en charge de la Sécurité a informé le Conseil national de sécurité de la mise en œuvre de l’opération "Répression des usagers des engins à 02 ou 03 roues pour non-port de casque", dans le District d’Abidjan, par la Gendarmerie nationale. Ainsi, sur la période du 27 avril au 29 août 2021, cette opération a permis : la saisie de 32 967 engins, la délivrance de 176 390 amendes forfaitaires, pour un recouvrement estimé à 271 045 500 F CFA. Au regard de ces résultats extraordinaires, le Président de la République a félicité le Premier ministre et l’a instruit à l’effet de poursuivre la mise en œuvre des réformes initiées dans le cadre de la lutte contre l’insécurité routière et l’incivisme sur les routes ivoiriennes », indique le dernier communiqué du Conseil national de sécurité. Cela revient à dire que la répression va aller crescendo, parce qu'ayant reçu le OK du chef de l'État. En seulement cinq mois, 32 967 engins à deux roues ont été saisis à Abidjan. Le résultat est flippant ! S’il faut saluer ces mesures qui contribuent à assainir l’univers des transports et assurer la sécurité des usagers, il faut cependant relever que ce sont 32 967 citoyens ou peut-être plus vivant d’un commerce informel grâce aux motos et tricycles qui ont vu leurs activités péricliter entre avril et août 2021. Ceux-là, ce sont les livreurs, les transporteurs inter-communaux de bagages et même certains prestataires qui collaborent avec de grandes structures privées ou étatiques. Mais l’on ne peut pas faire autrement. Depuis la survenue de la rébellion de 2002, nombreux sont les citoyens qui se sont plaints de l’invasion des engins à deux roues dans la plupart des villes ivoiriennes et malheureusement de la capitale économique Abidjan. Le phénomène avait pris de l’ampleur au point où des taxi-motos avaient commencé à gagner Abidjan, la perle des lagunes et vitrine de la Côte d’Ivoire émergente. Fallait-il laisser continuer cette activité au nom de l’épineuse question du chômage ? Non, il fallait agir et agir très vite.
Depuis la survenue de la rébellion de 2002, nombreux sont les citoyens qui se sont plaints de l’invasion des engins à deux roues dans la plupart des villes ivoiriennes et malheureusement de la capitale économique Abidjan. Le phénomène a pris de l’ampleur au point où des taxi-motos avaient commencé à gagner Abidjan, la perle des lagunes et vitrine de la Côte d’Ivoire émergente. Fallait-il laisser continuer cette activité au nom de l’épineuse question du chômage ? Non, il fallait agir et agir très vite.
Il est vrai que des jeunes vont en payer un lourd tribut, mais c’est un impératif du développement. Mieux, divers mécanismes d’emplois des jeunes et de financements des projets ont été implémentés par le gouvernement. C’est par ce procédé que l’on peut lutter véritablement et durablement contre le chômage et encourager l’entrepreneuriat et non laisser prospérer le désordre. Sur ces mesures jugées impopulaires au départ, il en a été de même lorsque le Gouvernement avait pris la mesure de limitation de l’âge des véhicules importés en 2018. Il faut le reconnaître, cette loi a eu des conséquences désastreuses chez certains acteurs du secteur qui ont fini par mettre la clé sous le paillasson. La mesure avait été sévèrement critiquée par plus d’un, y compris des proches du pouvoir d’Abidjan. Mais vers la fin, l’on a fini par comprendre le bien-fondé de cette loi. Le porte-parole du gouvernement en son temps, avait indiqué que ce dispositif visait à « réduire significativement le nombre croissant d’accidents de la route, à réduire les émissions de gaz à effet de serre, réduire l’encombrement dans nos villes ». À l’époque, certaines mauvaises langues avaient fait courir la rumeur selon laquelle cette mesure était un deal du pouvoir avec les concessionnaires automobiles hexagonaux. Aujourd’hui, avec cette guerre engagée par le Gouvernement contre l’incivisme sur les routes, les populations ont fini par comprendre le bien-fondé de cette mesure de limitation de l’âge des véhicules importés, parce qu’à la vérité, sur les 500 000 véhicules que comptait le parc automobile de la Côte d’Ivoire en 2018, seulement 70 000 étaient en règle au niveau de la visite technique. Comme on peut le voir, les chiffres sont effarants et il fallait agir. Même dans la construction de certaines infrastructures, l’on entend beaucoup de bruits qui s’assimilent la plupart du temps, à des actes de mauvaise foi. Au début de ce mois de septembre 2021, l’on a entendu beaucoup de bruits sur la démolition de bâtisses sur le long du tracé du métro d’Abidjan. Certaines populations avaient fait courir la rumeur selon laquelle le gouvernement a démoli leurs constructions sans compensation. Ce qui est archifaux ! Depuis 2011, les propriétaires de toutes les habitations et constructions qui étaient sur les emprises des constructions des ponts, échangeurs, routes, autoroutes ont été dédommagés. Même le célèbre restaurant ‘‘ La Bâche bleue’’ qui était une adresse incontournable et la vitrine de la gastronomie en Côte d’Ivoire a été rasé, parce qu’il était situé sur l’emprise de la construction de l’échangeur de Marcory. En son temps, que n’a-t-on pas entendu ? Mais aujourd’hui, tout Ivoirien, quel que soit son bord politique, éprouve une fierté quand il passe sur cet échangeur. C’est cela l’impératif du développement. Ainsi donc, comme les constructions déjà réalisées qui font aujourd’hui la fierté de la Côte d’Ivoire, les populations doivent se plier aux mesures actuelles en cours pour lutter contre l’incivisme et l’insécurité sur nos routes. S’il faut avaler cette pilule pour être fier de notre paysage urbain et pour éviter les morts et les agressions sur nos routes, il faut l’avaler. Demain, cette pilule sera un nectar, celui du développement.
Kra Bernard