Éditos

Alassane Ouattara, le soft power et le réalisme politique

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Lorsqu’il quittait ses bureaux feutrés du Fonds monétaire international en 1999 pour descendre dans l’arène politique ivoirienne, peu d’analystes misaient sur la capacité d’Alassane Ouattara à se faire une place, à fortiori, à conduire une bataille politique qui pourrait un jour l’amener au pouvoir.

26 années après sa démission du poste de Directeur général adjoint du FMI et 15 années après son accession au pouvoir, tous s’accordent aujourd’hui à dire qu’Alassane Ouattara est devenu un as de la politique. À la suite du Général De Gaulle qui avait qualifié Félix Houphouët-Boigny de « cerveau politique de premier ordre », l’on pourrait dire qu’à l’épreuve du temps et du terrain, Alassane Ouattara, le technocrate et économiste chevronné, est devenu lui aussi, un cerveau politique de premier ordre. La question que tous les observateurs et même ses plus farouches détracteurs se posent, est celle-ci : comment Ouattara qui a hérité d’un pays totalement exsangue en 2011 et qui a essuyé beaucoup de tentatives de coups d’État et de projets de déstabilisations multiformes, a-t-il pu tenir jusqu’à ce jour, dans un contexte sous-régional tourmenté, au point de réaliser ce qui n’a jamais été fait dans ce pays ? De notre point de vue, la réponse à cette question se trouve dans la méthode Ouattara.

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En 2017, l’homme de culture multicarte, Tiburce Koffi, a essayé dans une chronique, de décrire un peu cette méthode en ces termes : « Le Président Ouattara est un bosseur. Ce n'est pas un idéologue. Il est évident qu'il ne dégage pas la chaleur humaine de Laurent Gbagbo ; mais il n'a pas non plus les tares de ce dernier : la culture de l'amusaille, du propos vulgaire, du rire banania, des jouissances paresseuses et irresponsables. Ouattara ne rit pas, ne danse pas, ne s'amuse pas. Il travaille. C'est un chef d'État qui s'est donné une mission et qui s'applique à l'accomplir en s'en donnant les moyens ». L’une des clés du succès de la méthode Ouattara reste incontestablement la politique du soft power. Selon le géopoliticien américain Joseph Nye, père de ce concept, le soft power désigne la capacité pour une entité, notamment un État, d'obtenir ce qu'il souhaite, sans recourir ni à la force encore moins à la coercition. C’est donc un pouvoir de persuasion qui se base sur l’image du pays, sa réputation, ses performances économiques, son attractivité, ses méthodes de communication, sa culture, son mode de vie, le rayonnement de ses idées, etc. Le dernier fait en date qui met en relief cette approche du numéro 1 ivoirien, est le départ des forces françaises du pays. Là où les États de l’AES et dernièrement, le Tchad, ont fait beaucoup de bruits improductifs sur le départ des troupes françaises de leur sol, Alassane Ouattara l’a fait avec une douceur déconcertante qui contraste avec les vuvuzelas des autres États.

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Au-delà de cette actualité, il y a aussi cette habile déclaration du président ivoirien devant le corps diplomatique, jeudi 9 janvier 2025 où, à travers des mots choisis, il a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2025. Depuis également quelques années, les putschistes au pouvoir dans les États de l’AES ont développé une politique abjecte de « bouc-émissarisation » de la Côte d’Ivoire et de son président à travers des accusations parfois farfelues qui pourraient même amener la Côte d’Ivoire à prendre des décisions avec des conséquences extrêmement désastreuses pour ces pays qui dépendent tous ou en partie de la Côte d’Ivoire. Ici encore, Abidjan a fait le choix de la responsabilité en ne répondant pas aux coups de boutoir des putschistes. Au-delà de ces questions géopolitiques, quand il décide d’engager son pays dans un projet, ce n’est pas pour faire de la figuration. Sur le plan sportif et culturel, par exemple, qui sont des éléments du soft power, quand Alassane Ouattara décide d’engager son pays dans un projet, c’est pour être le meilleur. En 2017, la Côte d’Ivoire qui a accueilli les 8e Jeux de la Francophonie, a réussi à organiser les jeux les plus aboutis de l’histoire de cette organisation. En 2024, la Côte d’Ivoire a réussi également le pari de la plus belle Coupe d’Afrique des Nations, jamais organisée dans l’histoire de ce tournoi depuis 1957. Et la cerise sur le gâteau, la Côte d’Ivoire a organisé et remporté cette 34e édition. Ceci, grâce à la vision et au réalisme politique de son chef qui se donne toujours les moyens d’atteindre ses objectifs, sans faire de bruits. Au regard de ce qui précède, à 10 mois d’une élection présidentielle, quand Alassane Ouattara décide de s’engager, cela veut dire ce que ça veut dire. Sans commentaire.

Bernard KRA

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