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Contrôle général des pièces automobiles : De la pertinence et de l’efficacité de communiquer autour de l’opération

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Des jours sombres attendent les usagers de la route et propriétaires de véhicules en conflit avec la loi. La Police nationale a lancé ce dimanche 1er décembre 2024, une opération spéciale de contrôle de la régularité administrative des engins roulants sur l’ensemble du territoire national baptisée ‘‘Opération spéciale épervier’’.

Ce n’est certes, pas une grande première, mais l’objectif visé par cette opération spéciale mérite d’être salué. Il s’agira, en effet, d’un contrôle routier qui concerne l’ensemble du territoire national au cours duquel les plaques d’immatriculation banalisées, les visites techniques, les vitres teintées non conformes, les assurances et les vignettes fiscales et techniques seront contrôlées par la police de la circulation. Par ailleurs, des contrôles aléatoires seront également effectués pour s’assurer du respect des autres obligations légales. Les contrevenants s’exposent à l’immobilisation directe de leurs véhicules, une mise en fourrière ou dans les cas les plus graves, à des poursuites judiciaires. Déjà, en août 2024, la Police nationale avait lancé une opération similaire qui avait pour but de traquer les plaques d’immatriculation banalisées ou illisibles, les véhicules administratifs affichant des plaques d’immatriculation www, ainsi que les vitres teintées et les véhicules neufs n’ayant pas respecté les délais d’immatriculation. Comme on peut le voir, l’acte est noble et l’objectif louable.

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Seulement voilà. La publicité autour de cette opération et son annonce à grand renfort de publicité, posent à la fois le problème de l’efficacité future de cette opération et de la pertinence de ces initiatives de communication. Informer les voleurs des jours auxquels les forces de l’ordre vont quadriller leurs secteurs ou feront des descentes ou des patrouilles dans leurs zones d’opération est une manière indirecte de dire aux scélérats de se tenir à carreau et de ne pas s’adonner à leurs activités ignobles aux jours indiqués. Informer les chauffeurs et/ou propriétaires de Gbaka, taxis ou de wôrô-wôrô qui roulent sans les pièces administratives requises des jours où l’on procédera à un contrôle général des visites techniques, des attestations d’assurance et autres vignettes, est une manière indirecte de dire à ces derniers de garer leurs véhicules aux jours indiqués et de les faire sortir les jours où il y aura, au surplus, moins de contrôle.

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Informer également les autres usagers qui circulent indûment dans des vitres teintées ou les fonctionnaires qui cachent les plaques véhicules administratifs avec des plaques d’immatriculation www est une manière indirecte de leur dire que pour ces périodes-ci : mettez les plaques régulières, enlevez les teintures des vitres, quand l’opération va passer et qu’il y aura moins de contrôle, vous pourrez les remettre et puis la vie va suivre son cours.  Voici in fine, l’effet que pourrait produire la communication autour de l’opération spéciale épervier qui a démarré depuis ce dimanche 1er décembre.

Comment concilier la mission de service public qui consiste à sensibiliser les populations avec la traque des véhicules en circulation qui ne respectent pas les normes et les dispositions légales ?

Il ne faut donc pas se voiler la face. Ceux qui rusent avec la loi, vont toujours chercher des stratagèmes pour la contourner. Et dans le cas d’espèce, la Police nationale dont la mission est de servir, donne-là une occasion en or à ceux qui ne veulent pas se conformer à la loi de continuer à la transgresser. C’est là toute la problématique de la communication autour de cette opération somme toute salutaire. Comment concilier la mission de service public qui consiste à sensibiliser les populations avec la traque des véhicules en circulation qui ne respectent pas les normes et les dispositions légales ? Sur la question, il ne faut pas se leurrer.

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L’usager qui achète un véhicule ou le fonctionnaire qui reçoit un véhicule en dotation pour les nécessités du service, connaît pleinement les conditions générales d’utilisation et les règles applicables à la mise en circulation de ce véhicule. Celui qui, en pleine connaissance de toutes ces règles, s’y soustrait, n’a pas besoin de sensibilisation, tout comme le voleur n’a pas besoin d’être sensibilisé. On ne doit pas être très rigide envers les voleurs et être conciliant avec qui refusent de faire la visite technique de leurs véhicules qui peut déboucher sur des accidents, avec malheureusement, de nombreux morts. Quand un citoyen connaît la loi et s’obstine à la piétiner, ce dernier n’a pas besoin de sensibilisation. Informer les fraudeurs et les contrevenants qu’on va mener une action contre eux serait faire preuve de laxisme et les ménager. Or, la mission principale de la Police qui est de servir, n’est pas de protéger les fraudeurs, plutôt les traquer en tout temps et en toute circonstance pour une vie harmonieuse dans la société.

Bernard KRA

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