Après le retour de Laurent Gbagbo le jeudi 17 juin 2021, tous ceux qui ont espéré que ce come-back allait sceller la réconciliation en Côte d’Ivoire, ont été déchantés et sur tous les points. Au lieu de descendre de l’avion bruxellois avec un rameau d’olivier à la main, l’ancien opposant historique a sauté par-dessus bord, avec le couteau entre les dents. Sa première cible, c’est son épouse avec laquelle il a passé 48 années de sa vie. Cette dernière, en plus d’avoir été humiliée devant toutes les caméras du monde entier et devant ses propres enfants, s’est rendu compte que leur union qui a commencé en 1973, a pris fin ce jeudi 17 juin 2021, sur le tarmac de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Simone Gbagbo a donc été répudiée publiquement et sans ménagement. Mais l’ancien prisonnier de La Haye ne s’arrêtera pas là. Au lieu de se poser en réconciliateur dans son propre parti politique, en proie à de graves dissensions internes, il a pris fait et cause pour un camp. Aussitôt arrivé, il a froissé son fameux concept « Asseyons-nous et discutons ». The last, but not the least : sa responsabilité dans les événements qui ont secoué le pays au lendemain du scrutin présidentiel de 2010. Dans un reportage réalisé par une chaîne internationale, l’on se rend compte que c’est le même Gbagbo de 2010 qui revient encore en 2021. Rien dans son discours n’a changé. Malgré la métamorphose du pays et les dix années de prison, Laurent Gbagbo est encore au stade de « Qui a gagné les élections ? » « Certains ont décidé de mettre Ouattara au pouvoir. Mais pour le mettre au pouvoir, il faut que la place soit vide. Je dois donc être dégagé. Mais moi je me considère comme celui qui a gagné l’élection présidentielle de 2010. Ça, c’est évident », indique Laurent Gbagbo, dans un reportage en plein vol. À l’analyse, l’on se rend compte que l’extrémisme politique violent de ses partisans, est inspiré par lui-même, puisque depuis dix ans, ce sont ces mêmes thèses que les ‘‘Gbagbo ou rien’’ défendent.
Au lieu d’avoir une once de compassion pour la mémoire de ces victimes, l’homme s’en lave les mains comme Ponce Pilate. Là où son poulain Charles Blé Goudé, malgré toutes les épithètes qu’on lui colle, a fait preuve de hauteur d’esprit, Gbagbo, directement ou indirectement, nie tout et continue de se poser la question de qui a gagné les élections en 2010.
Mais là où Gbagbo achève de s’illustrer qu’au lieu de lâcher une colombe dans le ciel ivoirien à sa descente d’avion, il est venu allumer le feu, en dégageant sa responsabilité dans tous les événements qui ont secoué le pays à la fin de son mandat. « Quand je suis arrivé à la CPI, j’avais peur. Je me suis dit qu’il y avait peut-être des choses qui ont été faites en mon nom que je ne savais pas. Mais quand le procureur et son bureau ont commencé à décliner toutes les accusations, j’ai senti qu’il n’y avait rien ». Voici donc le vrai visage de celui dont le retour au pays avait été annoncé comme un accélérateur de la réconciliation. Gbagbo était au pouvoir jusqu’à 2010. C’est son refus de céder le pouvoir, malgré toutes les médiations du monde, qui a provoqué la crise. Des Ivoiriens ont été tués. Au lieu d’avoir une once de compassion pour la mémoire de ces victimes, l’homme s’en lave les mains comme Ponce Pilate. Là où son poulain Charles Blé Goudé, malgré toutes les épithètes qu’on lui colle, a fait preuve de hauteur d’esprit, Gbagbo, directement ou indirectement, nie tout et continue de se poser la question de qui a gagné les élections en 2010. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que les Ivoiriens ont tourné la page. Gbagbo est donc revenu au pays avec un couteau entre les dents pour régler ses comptes, mais les Ivoiriens dans leur écrasante majorité, y compris ses propres partisans qui ont découvert son vrai visage, ne le suivront plus sur les sentiers de la perdition. Dix années après son départ du pouvoir, le pays a changé. Lui-même en partant à Gagnoa ce week-end, a fait le constat. La parenthèse de l’élection de 2010 est donc hermétiquement fermée. La seule préoccupation des populations actuellement, c’est l’amélioration continue de leurs conditions de vie. Rien d’autre.
Kra Bernard