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2025 : La guerre des générations aura lieu…

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La Côte d’Ivoire a commémoré dans la sobriété dans ce mois d’août, le 61ème anniversaire de son accession à la souveraineté nationale. Après les pères de l’indépendance, avec à leur tête feu le président Félix Houphouët-Boigny, il n’y a pas eu de changement générationnel au sens propre du terme dans la gouvernance du pays jusqu’à ce jour. De fait, les personnalités qui animent le paysage politique en Côte d’Ivoire sont quasiment les mêmes depuis la disparition du premier président de la République au début des années 1990. 30 années après l’avènement du multipartisme et après 30 années de règne sur l’échiquier politique, une catégorie d’hommes politiques doit, peu ou prou, passer le flambeau à une nouvelle génération. Au-delà de l’épreuve fatidique du temps qui finit toujours par s’imposer à l’homme, le contexte actuel de notre société exige ce changement générationnel. Après le vent de l’Est et le discours de La Baule, les paradigmes de la politique ont beaucoup évolué.  Le premier à avoir compris ce principe est le chef de l’État Alassane Ouattara qui, depuis 2018, avait clairement émis le vœu de passer le flambeau à une nouvelle génération. Le 16 juillet 2018, lors de l’Assemblée générale constitutive du parti unifié, Alassane Ouattara avait laissé clairement transparaître cette option en ces termes : « Le RHDP est né de la vision clairvoyante de chacun d’entre nous, bien plus importante que nos ambitions personnelles et les ambitions de nos partis. Cette alliance durera, elle vivra. Nous devons travailler main dans la main, le président Bédié et moi, pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 ». Même après les brouilles entre le chef de l’État et son aîné Henri Konan Bédié après la formation du parti unifié, Alassane Ouattara a continué d’entretenir cette ferme volonté. Cependant, face au jeu trouble de son aîné Bédié, il a dû nuancer sa position. Pour lui, la transition générationnelle ne devrait pas se faire à minima. Tous ceux de sa génération, soutient-il, doivent se retirer de la scène politique, sans exclusive.  « Je vois certaines hésitations concernant des personnes de ma génération. C’est pourquoi, je n’ai pas encore pris de décision. Mais soyez rassurés. Mon intention, c’est bien de transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Mais je veux que tous ceux de ma génération comprennent que notre temps est passé. Et que nous devons tous nous mettre de côté (...) Alors si eux, ils décident d’être candidats, je serai candidat également », a-t-il déclaré. C’était au cours du meeting de clôture de la visite d’État dans le Hambol, le 2 décembre 2019. Le 5 mars 2020, devant le Parlement réuni à Yamoussoukro, Alassane Ouattara a réitéré cette même ambition. « Je voudrais, vous annoncer solennellement, que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération. Cette décision est donc conforme à ce que j’ai toujours dit, à savoir, qu’il faut laisser la place à une jeune génération, en qui nous devons avoir confiance ; des jeunes ivoiriens honnêtes, compétents et expérimentés, qui ont appris à nos côtés, comme nous l’avons fait aux côtés du Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny ».

 Mais le décès brusque du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, alors candidat du RHDP, à seulement deux mois de l’élection présidentielle, a tout chamboulé et a contraint le chef de l’État à revoir sa position face au péril qui planait sur le pays. La suite des événements lui a d’ailleurs donné raison, parce qu’à la vérité, l’opposition était dans un schéma de déstabilisation. Il a fallu donc Alassane Ouattara pour freiner la désobéissance civile qui devrait déboucher sur une transition, comme cela a été vécu dans le pays au cours du dernier trimestre de l’année 2020. Aujourd’hui, tous ces faits sont derrière nous. Les trois ténors qui se disputent la scène politique depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny sont à nouveau réunis. Henri Konan Bédié, du haut de ses 87 ans, continue d’entretenir le mystère sur ses intentions pour 2025. Laurent Gbagbo se dit encore prêt pour le service avec ses 76 bougies bien comptées. Alassane Ouattara qui n’est pas disqualifié pour 2025 avec ses 78 ans semble à la recherche de l’oiseau rare pour sa succession après les décès des Premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko. Dans tous les cas de figure, un vent de changement soufflera en 2025. C’est une évidence qu’imposeront le temps et les circonstances. Au niveau du RHDP, même si personne n’ose afficher ses ambitions, du moins pour le moment, les potentiels candidats à l’après Ouattara peaufinent, à feu doux, leurs stratégies, en attendant éventuellement une position ou consigne du chef. Au niveau de l’ancien parti au pouvoir, plus précisément de ‘‘l’enveloppe’’ laissée à Affi N’Guesssan, il n’y a pas de débat sur le candidat pour 2025. En revanche, dans le futur parti de Laurent Gbagbo, la priorité est ailleurs. La formalisation et l’animation de ce futur nouveau parti semblent la priorité du moment. Pendant ce temps, Blé Goudé, depuis La Haye, ne fait aucun mystère de sa volonté de briguer la magistrature suprême. Mais, il déclare être le maître de son agenda. Ainsi donc, sur l’échiquier politique national, il n’y a qu’au PDCI-RDA où Jean Louis Billon a décidé de remuer le cocotier avec force. « Lors du Bureau politique du PDCI qui a précédé l’élection présidentielle pour choisir notre candidat, j’avais déjà précisé que j’étais moi-même candidat et je me retirerais si le président Henri Konan Bédié était candidat, chose que j’ai faite. En le faisant, j’avais précisé que nous nous préparons en tant que nouvelle génération pour les élections prochaines et que je me battrai pour que les jeunes aient une place, sinon la place prédominante au PDCI-RDA. Eh bien, le processus est enclenché ! Je fais partie de la nouvelle génération, mais je ne suis pas seul.  C’est toute une équipe, un groupe, des centaines, voire des milliers dans le parti qui constituent cette nouvelle génération. Il est temps maintenant pour cette génération d’entrer en action pour servir la Côte d’Ivoire au plus haut niveau », a déclaré Jean Louis Billon, dans une interview accordée au quotidien gouvernementale Fraternité Matin dans sa livraison de ce week-end. Comme on peut le voir, au PDCI-RDA, le compte à rebours pour tourner la page du Sphinx de Daoukro a commencé. Dans tous les cas de figure, que ce soit au niveau du parti au pouvoir ou de l’opposition, la guerre des générations aura lieu. Cette guerre n’aura pas les mêmes caractéristiques, les mêmes manifestations et les mêmes résultats dans chaque camp, mais elle aura lieu. Et un vent de changement générationnel soufflera sur la Côte d’Ivoire en 2025.

Kra Bernard

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