Ce que l’on puisse dire, c’est qu’après 2010, c’est la première fois que toute la classe politique, parti au pouvoir comme ceux de l’opposition, appellent leurs militants à se mobiliser pour s’inscrire sur le listing. Ceci est de bonne augure dans la mesure où pour voter, il faut d’abord figurer sur la liste électorale. Seulement voilà. Une semaine après son lancement, l’opération ne draine pas de monde. Au cours d’une visite effectuée dans des centres d’enrôlement de la ville d’Abidjan, Alain Dogou, 2e Vice-président de la CEI, a dressé un bilan à mi-parcours de cette opération.
« A la date du vendredi 27 octobre 2024, nous avons 200 117 requérants qui ont visité l'ensemble des centres d'enrôlement. Sur les 200 117, il y a 86.511 requérants, soit 43% d'anciens électeurs qui sont venus mettre à jour leurs données. Nous avons 113 mille nouvelles personnes qui se sont présentées pour la première fois pour s'inscrire sur la liste électorale, soit 57 %. Nous avons, depuis le début, environ 19 personnes enrôlées par centre. Nos centres peuvent accueillir 50 personnes/jour au minimum, soit 13 millions de personnes en 23 jours », a-t-il indiqué. Hier, sur le plateau du débat de la chaîne de télévision NCI, le représentant de la CEI a indiqué qu’une semaine après le lancement, 410 centres ouverts n’ont enregistré aucun requérant. Ce qu’il convient de retenir, c’est que ce bilan est largement en deçà des estimations attendues. Avant son lancement, des leaders politiques de l’opposition et non des moindres, ont indiqué que l’on pouvait atteindre le chiffre de 8 millions d’inscrits sur la liste électorale.
Alors que les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont produit des communiqués pour confirmer la gratuité de toutes les pièces afférentes à la révision de la liste électorale, l’on constate malheureusement que les choses ne vont pas dans le bon sens. Alors question : Malgré la mobilisation de tous les partis politiques et la gratuité des pièces, pourquoi l’opération n’intéresse pas les Ivoiriens ? La réponse à cette question est simple. Au-delà du caractère non obligatoire de l’inscription sur la liste électorale, le premier frein à la mobilisation des populations relève de la responsabilité des leaders politiques de l’opposition. Depuis un bon moment, le PPA-CI, le PDCI-RDA et tous les partis saprophytes qui gravitent autour d’eux, se sont donné pour mission de discréditer l’institution en charge de mener cette opération. Ainsi, depuis des mois, il ne se passe de semaine sans qu’un officiel du PDCI-RDA ou du PPA-CI ne fasse une sortie pour discréditer la CEI et la présenter comme un instrument d’une hypothétique fraude en préparation.
Dans un passé pas trop lointain, ces mêmes partis politiques avaient donné des mots d’ordre pour casser le matériel de la CEI et empêcher cette même opération par tous les moyens. Après tous ces faits, ces mêmes partis politiques font aujourd’hui des tournées pour amener les populations à adhérer à une opération conduite par une institution qu’ils ont décrédibilisée et jetée aux orties hier. Comment des populations aux fins fonds de la Côte d’Ivoire qui ont adhéré hier à ces mots d’ordre de boycott peuvent aujourd’hui comprendre la pertinence d’aller s’inscrire sur la liste électorale ? Il ne faut pas se leurrer. La publicité autour de l’opération est certes de la responsabilité de la CEI, mais sa réussite ou son échec dépend beaucoup des partis politiques. Ceux qui, hier, ont appelé les populations à casser le matériel électoral et à ne pas s’inscrire sur la liste électorale et qui font l’exercice contraire aujourd’hui, doivent trouver les mots pour expliquer leur incohérence auprès de ces populations. Ce n’est pas un rétropédalage, mais pour la réussite de l’opération, l’honnêteté et l’éthique politique l’exigent.
Bernard KRA