Sur la question, il n’y a point de doute. Au plus haut niveau de l’État, la volonté politique est manifeste et l’engagement est clair et sans équivoque : Alassane Ouattara qui est très jaloux de la réputation de son pays, ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit de faire rayonner la Côte d’Ivoire. En 2017, le pari a été relevé avec l’organisation des 8e Jeux de la Francophonie qui ont été qualifiés « de jeux les plus aboutis » dans toute l’histoire de la Francophonie. Aujourd’hui, cap est mis sur la CAN 2023 avec le même engagement et la même détermination. Mais à 75 jours de cette grosse organisation, les choses ne semblent pas bouger comme il se doit dans le pays. Il est vrai que les infrastructures de la CAN sont quasiment prêtes pour accueillir la grand-messe du football africain, mais les populations ne sont pas encore emballées dans cette compétition. En dehors des villes qui abritent des stades, dans les autres localités du pays, la vie suit son cours normal, comme si ce grand événement ne les concernait pas. À 75 jours de la cérémonie d’ouverture, en dehors des activités officielles, rien a priori, n’est entrepris pour que les populations s’approprient cette vision du président de la République, qui est offrir à l’Afrique et au monde, la plus belle compétition jamais organisée. Contrairement à 1984 où la compétition concernait 8 équipes, 2 stades et deux villes, pour l’édition 2023 de la CAN, ce sont 24 équipes, 6 stades et 5 villes. Comme on peut le voir, le défi est énorme ! Il est vrai qu’on peut avoir les meilleures infrastructures pour cette CAN, mais quelle serait une organisation sans un accompagnement populaire et sans une adhésion de toutes les couches socio-professionnelles ? C’est à ce niveau que se pose le problème. Une Coupe d’Afrique des Nations, ce sont des centaines de milliers d’étrangers qui vont déferler sur la Côte d’Ivoire pendant un mois. En interne, il faut qu’on s’apprête à les accueillir. Le slogan de la Côte d’Ivoire pour la CAN 2023, c’est « Akwaba ». Il faut qu’on parvienne à dire Akwaba dans tous les sens du mot à tous ceux qui viendront pour cette compétition. Il faut qu’on parvienne à expliquer aux Ivoiriens qu’il y a tout un écosystème autour de cette organisation. Tout ne va pas se passer dans les stades et dans les hôtels des joueurs. Au plan culinaire et gastronomique, il faut qu’on se prépare à offrir le meilleur. Idem aux plans du tourisme, de la culture, de l’industrie de la nuit, etc. À 75 jours de la CAN, les choses ne semblent pas bouger sur ces plans. Il y a aussi l’image du pays qu’on va vendre à l’Afrique et au monde. Avant cette compétition, il y a des grandes actions d’assainissement et de salubrité qui s’imposent. Si ce n’est pas en projet, le COCAN devrait songer à passer un coup de pinceau à certains édifices stratégiques de la capitale économique. Il sera impérieux d’assainir nos rues en les débarrassant des vielles carcasses de voitures, les commerces informels et marchés occasionnels qui polluent le paysage urbain. Un détail à ne surtout pas négliger : il faut appliquer la mesure d’interdiction de la mendicité dans les rues pour éviter d’importuner les étrangers qui afflueront dans le pays et surtout mettre sur pied, un plan de circulation suffisamment divulgué pour éviter les désagréments comme ceux que l’on a constatés lors du match Côte d’Ivoire-Maroc au Plateau. Dans 75 jours, la Côte d’Ivoire va vivre un événement exceptionnel. Le premier citoyen de ce pays veut offrir ce qu’il y a de meilleur à ses hôtes. Il faut que toutes les populations, sans exclusive, s’y mettent. Les préfets, les élus locaux, les partis politiques, les médias, les artistes et les acteurs du showbiz, les milieux d’affaires, les bloggeurs et influenceurs, doivent s’approprier la vision du Président de la République. À 75 jours du coup d’envoi de la CAN 2023, ce n’est certes, pas encore le cas, mais il n’est pas encore tard. Tout est encore possible….
Kra Bernard