Ainsi donc, le 12 juin 2024, quatre partis de l’opposition et une plateforme de la société civile, ont mis sur pied une coalition baptisée Rassemblement pour l'Alternance Pacifique en Côte d'Ivoire. Un mois plus tard, précisément le 9 août 2024, une autre coalition de 11 partis politiques et deux organisations de la société civile a vu le jour au siège du PDCI-RDA pour les mêmes objectifs : Obtenir les conditions d’élections transparentes et faire barrage au RHDP. Dans le jeu démocratique, cela est de bonne augure, parce que la création de ces coalitions est un indicateur de la vitalité de la démocratie dans un pays. Le hic dans l’affaire, c’est l’envergure de ces organisations et le profil des hommes et des femmes qui les animent. A y voir de près, c’est plutôt une coalition de tonneaux vides et « de has been » qui veulent se donner de la contenance pour exister politiquement.
Parmi tous ces partis politiques et autres organisations supposées appartenir à la société civile, en dehors du PDCI-RDA et à un degré moindre, le PPA-CI, tous les autres partis ne pèsent pas le poids d’un duvet sur l’échiquier politique. Dans ce conglomérat, il y a même des partis qui se limitent à la seule personne de celui ou celle qui en assure la présidence. Il y a d’autres encore dont le seul objectif, en rejoignant ces coalitions, est de faire du bruit pour rappeler qu’ils ont existé dans ce pays. Au regard de l’envergure de ces organisations et des profils de ceux qui les incarnent, quel crédit et quel sérieux peut-on accorder à ces coalitions ? Si ce n’est pas une escroquerie politique, ce n’est pas loin de l’être. Au-delà même de la contenance de ces partis, l’analyse des objectifs qu’ils poursuivent, achève de convaincre que ces organisations baignent dans le déni permanent et l’irresponsabilité politique. Dans un pays en paix dont les institutions fonctionnent normalement, comment peut-on se regrouper pour réclamer la mise sur pied de mécanismes électoraux qui relèvent des pays en crise ? Comment peut-on exiger d’avoir des représentants au sein d’une institution comme la Commission électorale indépendante (CEI), alors que le parti politique en question ne se limite qu’à la seule personne de celui qui en est le président ? Au lieu d’aller à la conquête des militants sur le terrain et leur vendre son offre politique, comment une coalition peut-elle se donner pour programme de société de faire barrage dans des salons feutrés, à une redoutable machine politique comme le RHDP ? Voici encore autant de questions que soulève la mise sur pied de la coalition des tonneaux vides et des « has been ».
Il ne faut pas se leurrer : Ce qui est en train de se passer, est du déjà-vu. Face à l’organisation et à l’implantation du RHDP et surtout devant le bilan du président Alassane Ouattara, tous les partis politiques réunis dans ces coalitions, savent que, quels que soient le cas de figure et le schéma qu’ils mettront sur pied, ils ne pourront pas battre le parti au pouvoir en 2025. La seule manière pour eux d’exister, c’est d’agiter le chiffon rouge d’une crise électorale à venir et espérer l’ouverture d’un dialogue politique au terme duquel ils obtiendront quelques strapontins, soit des postes dans des structures ou institutions de la République ou une cagnotte qui leur permettra de faire une campagne. Mais après la crise de 2010 et le flop du CNT en 2020, les Ivoiriens ont compris le jeu de certains politiciens du passé et dépassés. À l’approche de chaque élection, ils sortent et font du bruit dans les médias pour espérer arracher quelque chose au pouvoir en place. C’est dans cette dynamique que s’inscrivent toutes ces coalitions qui se mettent sur pied avec des dénominations différentes, mais avec les mêmes acteurs et les mêmes objectifs. En de termes simples, l’on peut conclure que les coalitions qui se mettent sur pied sont une escroquerie organisée en bande, en prélude à la présidentielle d’octobre 2025. Rien d’autre.
Bernard KRA