C'est dit à dessein. Je vous explique. Quand l'affaire a éclaté, nos autorités ont pris du temps et du recul pour réfléchir. Loin des roulements de tambour et du bruits des grelots, le président de la République, Alassane Ouattara a pris le temps de consulter toute la documentation. Il s'est assuré lui-même que toutes les procédures, en pareille circonstance, avaient été respectées.
Après quoi, le 12 juillet, soit deux jours après les arrestations, il a présidé une réunion du Conseil national de sécurité (CNS) au Palais présidentiel avec tous les acteurs militaires impliqués dans le déploiement des soldats ivoiriens au Mali. À l'issue de la réunion, il a exigé la libération "sans délai" des soldats ivoiriens considérés comme des otages de la junte malienne.
Dans certains pays, on aurait d'abord eu un soutien à la déclaration du CNS
Dans certains pays, on aurait d'abord eu un soutien à la déclaration du CNS, même si on pense que quelque part, quelque chose n'a pas marché. Chez nous, en Côte d’Ivoire, loin du Mali, ont resurgi la vieille querelle politique, le même regard manichéen. "Comme Ouattara est emmerdé, autant soutenir les emmerdeurs", semblent s'en réjouir les "nouveaux maliens".
Ceux d'entre eux qui se tournaient les pouces, au point d'être invisibles, ont retrouvé, subitement, de la voix.
Ce n'était pas compliqué de les identifier sur les réseaux sociaux. Ils sont soit du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), soit du Parti des peuples africains (Ppa-CI), ou encore du Groupement des peuples solidaires (Gps). Les plus virulents sont ceux du Gps. À la limite, on aurait pensé que leur leader, Guillaume Soro, est au Mali. Ceux d'entre eux qui se tournaient les pouces, au point d'être invisibles, ont retrouvé, subitement, de la voix.
À l'issue du deuxième round qui a occasionné la libération des trois femmes ce samedi, ils ont d'abord été pris de court. Ensuite, ils ont dit que la moisson était en deçà de l'espérance. Ils ont même insisté sur le fait que c'était à but humanitaire.
Ils se consolent du fait que la Côte d’Ivoire ait reconnu ses fautes et ait demandé pardon.
Sachant que la communication ne prend pas, ils se sont convertis en "décrypteurs" du discours diplomatique. Ces dernières heures, ils se consolent du fait que la Côte d’Ivoire ait reconnu ses fautes et ait demandé pardon. Faut-il en rire ou en pleurer ? En tout cas, ils ont investi la toile, chacun avec son diplôme en diplomatie. Ainsi va notre beau pays, où tout le monde est spécialiste en tout.
Les Gauthier Ribinsky avec un Gps, sans doute pour éviter d'être perdu ou de se perdre, sont plus nombreux
Je pense qu'ils devraient laisser Gauthier Ribinsky tranquille. Ce spécialiste en tout et pour tout sur France 24, a fini par convaincre son auditoire sur son immense connaissance des problèmes dans le monde. En Côte d’Ivoire, on a fini par se lasser du consultant, qu'on trouve parfois un peu trop prétentieux. Et pourtant, en chacun de nous, pardon, en chacun de nos opposants, sommeille un Ribinsky, qui apparaît au moment des grands événements. Et les Gauthier Ribinsky avec un Gps, sans doute pour éviter d'être perdu ou de se perdre, sont plus nombreux. Abat Ribinsky, vive les Ribinsky de nos tropiques.
Yacouba DOUMBIA