
Vous célébrez la journée mondiale des consommateurs. Quel est l’enjeu de cette célébration ?
L’enjeu de cette journée est une journée mondiale. Nous marquons un arrêt pour passer au peigne fin les acquis, les solutions et les perspectives. Il s’agit en clair de faire le bilan de nos actions. Contrairement à certaines organisations, nous avons choisi la bonne intelligence, le bon ton, la bonne collaboration avec les autorités. Nous portons les préoccupations des consommateurs à la connaissance des autorités, afin qu’une solution soit trouvée. Ce sont les autorités qui décident. On ne peut pas injurier les autorités et puis chercher à négocier avec elles ou bien leur adresser des injures avant de venir à la table des négociations. Cela voudrait dire implicitement que vous n’êtes pas à la recherche de solutions. Lorsque nous posons les problèmes, le gouvernement, en fonction de ses moyens, essaie d’assister tous les secteurs en fonction de la réalité.
15 mars 2022, 15 mars 2023. Cela fait un an. Quel est votre bilan ?
Notre bilan, c’est que notre cri de cœur a été entendu par le président de la République et son gouvernement. Ce sont les milliards débloqués par le gouvernement pour subventionner les produits de grande consommation. S’il n’y avait pas eu cette subvention, la bouteille d’huile de 1 litre allait couter 3000 FCFA. C’est un exemple parmi tant d’autres. Il en est de même pour le carburant, au point où des pays voisins venaient s’approvisionner en carburant en Côte d’Ivoire. Ce produit a été subventionné. Ce qui a permis une maitrise des prix pour éviter une flambée générale du prix du transport. Plus récemment, il y a eu une augmentation sur le gasoil, mais un travail préparatoire a été fait avec les commerçants, les transporteurs et les consommateurs pour éviter des répercutions sur les consommateurs.
Mais il a été observé l’augmentation des tarifs du transport dans certaines communes ?
C’est vrai que l’unanimité n’existe pas. Il y a toujours des brebis galeuses qui se permettent de ramer à contre-courant des décisions arrêtées de concert avec toutes les parties prenantes. Mais de façon générale, cela a été maitrisé. Ce sont autant d’acquis qui sont à l’actif de notre bilan.
Il y a des entreprises de certains secteurs d’activités qui sont au centre des plaintes des consommateurs. Au titre de votre bilan, avez-vous ester en justice contre des entreprises et quelle est a été la suite ?
C’est maintenant que nous disposons du code de la consommation. Ce code nous permet de traduire des entreprises en justice. Mais dans un premier temps, lorsque nous sommes saisis par les consommateurs, nous nous referons à notre ministère de tutelle pour une médiation. C’est lorsque ça ne marche pas que nous essayons d’explorer la voie judiciaire. Cela dit, notre véritable problème, c’était le quotidien des Ivoiriens, raison pour laquelle nous avons mis en veilleuse l’option judiciaire. Mais rassurez que le processus va s’enclencher bientôt. Nous sommes en train de préparer un partenariat avec des cabinets d’avocats pour nos futurs procès.
Ne pensez-vous pas que cela est un peu tardif ?
Non, pas du tout. La difficulté que nous avions jusqu’à présent, c’est que lorsque nous sommes saisis par les consommateurs qui ont des griefs contre certaines entreprises, nous n’avons pas les moyens de payer les honoraires des avocats. Nous sommes obligés de les référer à des cabinets d’avocats.
Cela n’est-il pas une faiblesse du mouvement consumérisme en Côte d’Ivoire ?
Effectivement, c’est une faiblesse. Mais cette faiblesse s’explique par le fait que les consommateurs ne cotisent pas. Personne ne se préoccupe de savoir avec quels moyens nous fonctionnons. Les gens nous demandent tout, mais en retour, ne font rien pour nous soutenir. Les gens parlent, c’est bien, mais quelle est leur contribution pour nous aider à les défendre, c’est là le véritable problème. Raison pour laquelle, nous évoluons à notre rythme et en fonction des moyens dont nous disposons.
Quels sont vos défis pour cette année ?
Les défis, c’est d’abord la formation de nos membres et la signature de partenariat avec les cabinets d’avocats pour nos procès.
Vous aviez organisé une cérémonie le mardi 14 mars avec plusieurs panels. L’un des thèmes a porté sur la Couverture maladie universelle. Quel est le lien entre la CMU et les droits des consommateurs ?
Nous nous sommes intéressés à la CMU parce que la mise en œuvre de la CMU contribue à la lutte contre la cherté de la vie. La carte CMU offre l’avantage de bénéficier à des tarifs réduits les consultations et des interventions chirurgicales dans les structures hospitalières publiques. Il est donc important pour nous, en tant qu’associations de consommateurs d’accompagner le gouvernement, en faisant la promotion de la CMU.
La mise en œuvre du permis à points est dénoncée par des acteurs du transport. Beaucoup estiment qu’il faut une large campagne de sensibilisation, avant son application. Votre avis ?
Je ne comprends pas pourquoi les gens ont cette peur de la mise en œuvre du permis à points. Il est dit que les points seront retirés en cas d’infraction. Il faut faire en sorte pour ne pas commettre des infractions. Entre la vie des usagers et le permis à points, je préfère l’application du permis à point. Si un conducteur doit se retrouver au chômage, parce que son permis lui a été retiré, pour des infractions pour protéger la vie des usagers, je suis pour qu’il parte au chômage et protéger la vie des usagers. Qui d’entre nous n’a jamais perdu un proche dans un accident, pour mauvaise conduite ? Même si on laisse 10 ans, il y aura toujours des personnes qui diront qu’elles ne sont pas prêtes. Quand on est chauffeur, cela voudrait dire qu’on a un permis, dont l’obtention passe une formation dans une auto-école. Que ceux qui savent qu’ils n’ont pas suivi de formation dans une auto-école le signalent, afin qu’ils retournent se faire recycler. En clair, c’est vous dire que cet argument de sensibilisation des conducteurs avant la mise en application du permis à points est un faux débat.
Réalisée par Ernest Famin