Aujourd’hui propriétaire de la chaîne de restaurants « Chez Tantie Alice » implantée dans plusieurs quartiers de la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan, Hélène Mel Agnéro ou Tantie Alice, a hérité de l’activité de vente d’attiéké de sa mère qui l’avait pratiquée dans les années 1980.
Elle prend la relève et parvient à s’inscrire dans la durée. En 2000, la « petite » vendeuse d’attiéké entreprend des réformes dans le but de moderniser son commerce.
C’est le déclic, le début d’une aventure heureuse et les espaces « Chez Tantie Alice » deviennent des labels de qualité avec 4 restaurants. Ces points de vente font la fierté d’ailleurs, des Abidjanais, mais de tous ceux qui sont de passage à Abidjan. On y trouve sur place, la vente d’« attiéké poisson» et de poissons frits.
Un esprit créatif pour faire la différence
Pour arriver à cette étape, Hélène Mel Agnéro, a fait appel à son génie créatif, surtout dans un secteur qui éprouve d’énormes difficultés avec la flambée des prix de produits alimentaires et marqué par une rude concurrence.
Elle s’est résolue à accompagner l’attiéké -poisson, d’autres plats locaux, ainsi que des jus naturels appréciés par les clients.
Entre autres innovations enregistrées, pendant la crise sanitaire à Covid-19 qui a considérablement impacté les entreprises, y compris son restaurant, elle a valorisé la sauce ivoirienne, communément appelée « gnangnan ». Une sauce connue pour son goût amer et ses vertus thérapeutiques, en « chloroquine », en référence à la chloroquine identifiée alors comme un médicament potentiellement efficace pour lutter contre la Covid-19.
Elle raconte n’avoir jamais eu recours à un prêt ou bénéficié d’un accompagnement financier. À la vérité, elle n’a jamais essayé à cause des lourdeurs administratives, des nombreuses garanties requises pour obtenir un prêt. Elle a préféré se tourner vers les tontines, un système de financement qui a le vent en poupe, particulièrement en Afrique. Les tontines auxquelles elle participe, regroupent plusieurs types de personnes dont des commerçants, des fonctionnaires…
L’implication du digital dans ses activités
Pour simplifier les transactions dans les restaurants « Chez Tantie Alice », en plus des règlements en espèce, les paiements Mobile money sont également acceptés. Ce qui n’est pas le cas pour les paiements à la carte. La mise en place du Mobile money a réellement été une aubaine pour dame Hélène, permettant de payer ses fournisseurs, sans avoir besoin de se déplacer avec des fortes sommes et risquer de se faire agresser. Elle aurait souhaité effectuer les paiements de salaires de ses employés en utilisant le Mobile money, mais malheureusement, ceux-ci restent encore très attachés à l’espèce.
Pour contribuer à la réduction du chômage et aider les jeunes entrepreneurs, dame Hélène prenait plaisir à employer des jeunes gens dans ses différents restaurants et à travailler avec des livreurs indépendants, chargés de livrer ses plats dans toute la ville d’Abidjan. Malheureusement, la crise sanitaire l’a contrainte à réduire ses effectifs. Elle ne compte plus que 5 à 10 employés par point de vente. Dame Hélène ou « Tantie Alice » pour ses clients, a reçu tout au long de son parcours, plusieurs distinctions. Elle est d’ailleurs, disposée à partager son expérience d’entrepreneure avec d’autres femmes et entend mettre sur pied, une association des vendeuses d’attiéké poisson pour promouvoir la cuisine et la culture ivoirienne à l’international et aussi porter haut et fort, la voix de ces restauratrices auprès des ministères, afin d’espérer leur aide pour un accès facile et rapide à des financements.
« À toutes les femmes qui veulent entreprendre et qui hésitent encore, osez ! Il est possible de se lancer dans une aventure entrepreneuriale même avec une petite somme d’argent », conclut-elle.
Le taux de proportion des entrepreneures ivoiriennes
La Côte d’Ivoire connaît une forte croissance de création d’entreprises avec une augmentation moyenne annuelle de 26% de 2015 à 2019. Ainsi, la proportion d’entreprises détenues en majorité par des femmes qui était estimée à 15% en 2015, a évolué pour se situer autour de 20% des entreprises formelles en 2019. Les entrepreneures ivoiriennes travaillent essentiellement dans les secteurs du Commerce (33%), des Prestations de Services (31%), de l’Agro-industrie (27%) et 4% en ce qui concerne les secteurs des Bâtiments, des Travaux Publics (BTP) et la Technologie. Dans le secteur de l’agro-industrie, les femmes sont dominantes dans la plupart des chaînes de valeurs.
À l’exemple du manioc qui peut être produit sur les 4/5 du territoire ivoirien, les femmes représentent environ 80% des producteurs, quasiment 100% des transformateurs et 90% des commerçants. De plus, les entrepreneures ivoiriennes ont un niveau d’éducation qui tend à se développer. En 2019, c’est notamment le cas de l’industrie manufacturière, avec plus de 80% des femmes qui estiment avoir au moins, un niveau d’études secondaire.
