Économie

Enquête / Lieux de repos, d’affaires… Dans l’univers du business des résidences meublées

enquete-lieux-de-repos-daffaires-dans-lunivers-du-business-des-residences-meublees
PARTAGEZ

Les résidences meublées sont de plus en plus prisées par les populations. Pour diverses raisons. Résultat : les acteurs du secteur se frottent les mains. L’Avenir fait une incursion dans l’univers de ce business qui semble nourrir son homme.

                                      

Peu connues du grand public, il y a encore quelques années, les résidences meublées sont de plus en plus fréquentées par les citoyens et cela, pour diverses raisons. Une situation qui fait le bonheur de leurs promoteurs. Mais que viennent y faire les amateurs de ces lieux ? Qu’est-ce que les acteurs du milieu y gagnent ? Ce sont là, autant de questions que suscite cette activité. Selon les propriétaires, gérants ou managers, les résidences meublées permettent aux nationaux, expatriés, vacanciers, hommes d’affaires et aux touristes de disposer, à des prix raisonnables, de chambres équipées, avec toutes les commodités comme s’ils étaient chez eux à domicile.

À en croire des acteurs du milieu, la clientèle varie en fonction des périodes et la demande est toujours forte. Les prix sont fixés par jour d’occupation des logements et cela, en fonction de leur dimension. Les studios vont de 20 000 F CFA à 40 000 F CFA la journée, tandis que les espaces plus spacieux, notamment les appartements, les duplex, villas de luxe meublés, sont loués entre 60 000 F CFA et 1 000 000 F CFA ou plus la journée.

 

 

Une activité prospère grâce au digital

 

Les propriétaires sont unanimes que c’est grâce au digital que cette activité a le vent en poupe en Côte d’Ivoire. C’est en tout cas ce que soutient Cyprien Kouassi, propriétaire de studios meublés « Avé Maria » à la Riviera Palmeraie, dans la commune de Cocody. Il a acquis ses studios en location qu’il a meublés pour son business. « On fait des photos de nos résidences qu’on publie sur les réseaux sociaux. Des gens qui sont intéressés, nous appellent et quand le marché est conclu, on leur fait signer un contrat. Les clients viennent pour un long ou bref séjour. Quel que soit le type de séjour, ils paient 70% du montant total à verser et le reste, le jour où ils intègrent la maison. Ils sont enregistrés par mesure de sécurité. Il arrive que nous soyons victimes de vol mais c’est plutôt rare. Au cas où il y a des choses abimées, telles que la télévision, le client est tenu de procéder au remboursement. Là encore, ce sont des cas rares », confie cet acteur du secteur. Et d’ajouter : « Parmi les clients, ce sont les expatriés qui font plus de longs séjours. Chez moi, les clients viennent seulement avec leurs affaires personnelles. On met à leur disposition, un homme ou une femme de ménage qui passe tous les deux jours pour faire le ménage. On a fait le choix du luxe, nos clients ont plus de 21 ans. Pas de musique forte, pas de cigarette ».

Puis, ce propriétaire de résidence meublée d’évoquer les retombées économiques de cette activité.

« C’est un business qui est juteux. Les studios sont à 20 000 F CFA le jour, mais pour les longs séjours, je fais une réduction de 5000 F CFA. Dans le mois, on peut se retrouver avec plus de 10 clients. La plupart de nos clients viennent pour se reposer et pour les affaires. Ils profitent du cadre pour des visioconférences, dans le cadre du travail avec leur entreprise dont le siège est hors du pays. D’autres viennent chez nous parce qu’ils ont besoin de quiétude, de silence pour réfléchir », témoigne-t-il.

Pour sa part, G.A.G, manager d’une résidence meublée avec piscine, située sur une île balnéaire, souligne aussi l’impact du marketing digital sur son business. « Nous avons publié des photos de la résidence sur les réseaux sociaux et c’est parti comme ça ! Depuis, pour les fêtes entre amis, les anniversaires, les tournages de films et de clips vidéo, nous sommes sollicités. Il y a la cuisine, des salles de bain de rêve, tout cela attire », admet-t-il.  « En tout cas, les choses bougent. Les montants varient entre 800 000 F CFA et 1 million », renchérit-il.

 

 

À la différence des hôtels

 

Selon M.G, propriétaire d’une série de studios et appartements meublés à Yopougon, précisément au quartier Maroc, l’activité dans laquelle il s’est engagé depuis peu, lui donne entière satisfaction, au regard des retombées financières. Pour preuve, ses résidences meublées sont sollicitées pour des séminaires, des formations et contrats ou autres affaires. « Ceux qui viennent chez moi, sont moins préoccupés par le sexe. Les gens préfèrent les résidences meublées pour les affaires. J’ai un client qui dispense des cours en anglais à des élèves pendant une semaine. Le soir, il se repose. Des pères de famille viennent aussi pour se reposer loin du bruit. Chez moi, je n’accepte pas les jeunes », nous fait savoir M.G

À la différence des hôtels, les résidences meublées ou résidences de tourisme sont des pièces (studios) ou appartements garnis de mobiliers, notamment une literie, une table, des appareils électroménagers, du linge, des couverts et des ustensiles de cuisine, permettant une vie courante. C’est ce qui explique que la taxe sur les locaux loués s’appliquant aux résidences meublées. Sont également assujettis à cette taxe, les logements, appartements et studios meublés, même lorsque leur location fait l’objet d’un contrat de bail.

Toujours, à la différence des hôtels, les résidences meublées offrent la possibilité aux locataires de faire la cuisine à leur convenance. « Avant de rentrer en chambre, je fais mes achats dans un supermarché à proximité et j’ai le temps de concocter mes repas. Cela me permet d’avoir une autonomie mais aussi de m’éloigner du bruit », confie un client qui préfère garder l’anonymat.

 

 

Pourquoi ces résidences sont prisées

 

Contrairement à des préjugés, les résidences meublées sont gardées par des vigiles ou des bodyguards. « Pour la sécurité, nous avons posté des vigiles », assure Cyprien Kouassi. Selon l’article 5 de la charte de l’Association des résidences meublées de Côte d’Ivoire, il est recommandé à chaque propriétaire, d’installer une caméra à l’entrée de sa résidence, de recueillir toutes les informations du client en exigeant sa pièce d’identité, dont il faudra s’assurer de la validité. Et prévoir des accessoires pour les cas d’incendie. Autant de mesures qui participent à la sécurisation non seulement des personnes, mais aussi des biens. Pour faire face à un éventuel incendie, il est demandé de prévoir un extincteur et un détecteur de fumée pour que le client et ses voisins aient plus de sécurité »

Yao Konan Mathias, opérateur économique, dit être un amateur des résidences meublées. « Entres autres avantages qu’elles offrent, c’est que je suis seul à occuper un appartement. Cela me permet de jouir d’une certaine tranquillité », avance-t-il. Pour Mlle Y.O, ces lieux sont riches en souvenirs, puisque tous les deux mois, elle et son copain, qui est enseignant à l’intérieur du pays, s’y retrouvent pour des soirées en amoureux : « Mon homme est enseignant à Adzopé et moi, je vis en famille, quand il vient, on se retire dans une résidence meublée pour y passer de bons moments ensemble. On a tout le temps de rester ensemble sans être dérangés. Ces lieux sont propres et bien discrets ». Pasteur de son état, N.D préfère, quant à lui, ces lieux pour des retraites spirituelles. « Je me retire pour prendre un bon temps de communion avec le Christ. Ces retraites me permettent de me concentrer sur l’œuvre de Dieu, à commencer par lire la Bible. Il est bon de prendre des distances vis-à-vis de ces bruits et de se concentrer sur l’essentiel qui est Dieu », motive-t-il sa préférence pour les résidences meublées.

 

Ce qu’en pense le ministère du Tourisme

 

Selon une source proche du ministère du Tourisme, jointe par téléphone, les résidences meublées sont régies par la loi n°2014-139 du 24 mars 2014, portant code du Tourisme. Ladite loi stipule que les résidences meublées ou résidences de tourisme sont une chambre, un appartement, une villa, ou un studio de tourisme meublé, classé, pourvu (es) d’installations domestiques, qui est offert en location à une clientèle de passage, laquelle effectue un séjour caractérisé par une location à la journée, à la semaine ou au mois mais qui n’y élit pas domicile. « On a un regard sur eux seulement qu’en Côte d’Ivoire, les gens font des investissements sans au préalable se référer au ministère de tutelle. Très souvent, ce sont les brigades mondaines qui les découvrent et quand on a l’information, on va vers eux. Sinon, en temps normal, avant de construire de telles résidences, il faut approcher les autorités, c’est-à-dire le ministère du Tourisme. Ils ne le font pas. C’est quand ils ont des problèmes qu’ils se réfèrent à nous », avance notre source. Au dire de notre interlocuteur, le gouvernement envisage une brigade du Tourisme pour rétablir l’ordre dans le secteur.

 

 

 

 

Venance Kokora

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire