Économie

Blanchiment d'argent : Une enquête ébranle le secteur bancaire ivoirien

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La Société générale de Côte d’Ivoire est ébranlée dans une affaire de blanchiment d'argent
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Le pôle pénal économique et financier ivoirien enquête depuis plusieurs mois sur des soupçons de blanchiment pour près de 52 milliards de francs CFA. Un dossier aussi explosif que tentaculaire dans lequel la Société générale est la plus exposée. Révélations.

C'est une affaire dont se serait bien passée la filiale ivoirienne de la Société générale. Par une ordonnance du 22 juillet 2022, la juge Blanche Essoh-Abanet, présidente du pôle financier et vice-présidente du tribunal de première instanced'Abidjan, a inculpé un haut cadre de la Société générale Côte d'Ivoire (SGCI) pour "corruption, escroquerie, faux et usage de faux en écritures privée de commerce et de banque, blanchiment, escroquerie par cavalerie bancaire". Le responsable, Kah Assane, âgé de 37 ans, était chargé des PME au sein de la SGCI. Les opérations dans le viseur de la justice concernant le groupe bancaire français sont estimées à plus de 22 milliards de francs CFA (33,6 millions d'euros).

Outre Kah Assane, le pôle pénal économique et financier ivoirien a également inculpé la femme d'affaires ivoiro-libérienne Saksouk Rola. La justice enquête sur d'éventuelles complicités au sein de l'Etat ivoirien et tout particulièrement des douanes.

Chèques de compensation

Selon les premiers éléments de l'enquête, Saksouk Rola, gérante de nombreuses entreprises dans les transports, l'immobilier et les services, émettait des chèques de compensation - un mécanisme permettant de compenser les créances et dettes

que les banques détiennent les unes envers les autres - à travers le réseau de la SGCI. Toujours selon les enquêteurs, les chèques parvenaient à être couverts avec la complicité de Kah Assane. Mais depuis le mois d'avril, les chèques n'étaient plus

encaissés par la SGCI. Les enquêteurs n'ont pu s'empêcher de faire le rapprochement avec le spectaculaire coup de filet intervenu en avril à Abidjan et San Pedro et qui a permis la saisie de deux tonnes de cocaïne et l'arrestation d'une vingtaine de présumé trafiquant. A ce stade, cependant, et hormis la coïncidence de date, aucun élément tangible n'est encore venu directement corroborer cette piste. Dès le milieu du mois d'avril, la SGCI, inquiète face au non-recouvrement des chèques, a réalisé un audit interne et saisi la justice. Après avoir porté plainte, le groupe bancaire a instauré plusieurs nouvelles procédures de gouvernance. L'affaire place néanmoins le directeur général de la filiale ivoirienne, Aymeric Villebrun, dans une situation délicate.

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52 milliards de francs CFA

Si la filiale ivoirienne de la Société générale est la plus exposée, avec 22 milliards de francs CFA (33,6 millions d'euros), l'affaire concerne également plusieurs autres banques ivoiriennes, pour un montant total de 52 milliards de francs CFA (79 millions d'euros). L'Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d'Ivoire (APBEF CI) présidée par Jérôme Ehui a été saisie par la justice afin d'identifier tous les comptes bancaires des personnes physiques et morales suspectées d'être impliquées. Plusieurs membres de la famille de Kah Assane et de Rola ont vu leurs comptes gelés. Onze entreprises (Rinj Transit, SCI Lana, Ivory Gold Trading, Dcat, YKF, Diakam, Tiamos, Sotimex) ayant des liens directs, selon les enquêteurs, avec Saksouk Rola, sont citées dans le cadre de la procédure.

Source : Africa intelligence 

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