Économie

Vente de l'anacarde ivoirien sur le marché américain / Les producteurs se prononcent

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L’ouverture du marché américain à la commercialisation de l’amande de cajou de Côte d’Ivoire est diversement appréciée par des producteurs ivoiriens d’anacarde. La plupart de ces acteurs saluent l’opportunité qui s’offrent à eux, tandis que d’autres n’apprécient pas l’injustice qui leur est faite dans le critère de choix des structures à certifier.    

 

En effet, premier producteur africain de noix brute de cajou, avec 968 676 tonnes en 2021, représentant près du quart de la production mondiale, la Côte d’Ivoire est aussi le troisième exportateur mondial d’amandes de cajou, après le Vietnam et l’Inde, avec plus de 300 000 tonnes exportées en 2021.

Le pays qui s’est fixé comme objectif d’atteindre le million de tonnes en 2022, a exhorté les producteurs à mettre l’accent sur la qualité de leurs produits dans le but d’accroître la commercialisation de ces produits sur le marché international. Pour ce faire, le gouvernement, par le biais du Conseil du Coton et de l’Anacarde, a lancé le projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde (PPCA) qui a permis à la Côte d’Ivoire, de passer du statut de principal exportateur de noix de cajou, à celui de transformateur et exportateur de produits élaborés.

Grace à cette étiquette, les unités de transformation de cajou, sur instruction du Conseil du Coton et de l’Anacarde, se sont engagées dans le processus de certification afin d’intégrer le marché américain.

Depuis le mardi 5 avril 2022, à l’issue d’un premier test sur 13 unités de transformation d’anacarde, 9 ont reçu la certification américaine FSMA (Food Safety Modernization Act ou Loi sur la modernisation de la sécurité sanitaire des aliments) et peuvent pénétrer le marché américain.

 

Du rêve à la réalité

 

Le marché américain représente 40% de la capacité mondiale, alors que les importations ivoiriennes d’amandes ne représentent que 1%. Pour les producteurs de noix de cajou qui n’en reviennent pas, cette opportunité les galvanise davantage pour générer des rendements. 

Kouakou Konan, de la société Cajou de Fassou (CDF), basée à Yamoussoukro et bénéficiaire du projet de certification pour intégrer le marché américain, joint par téléphone jeudi 21 avril 2022, a indiqué que cette ouverture arrive à point nommé pour leur permettre d’évacuer leurs productions.   

« C’était une bonne chose, puisqu’on a des difficultés pour trouver la clientèle. Et puis les Américains ont des normes à respecter pour que les produits alimentaires africains puissent être présents sur leur marché. C’est donc tout à fait normal que nous soyons formés aux exigences de leur marché. Donc, le Conseil Coton Anacarde a signé une convention avec des cabinets d’experts américains pour que toutes les entreprises suivent la procédure pour accéder au marché américain », a-t-il exprimé.

À sa suite, Dame Bamba Noumina, Directrice générale et gérante de l’anacarde de Dabakala (ANAD SARL), a salué l’initiative du gouvernement qui leur offre un débouché considérable.

« C’est une très bonne initiative, une très bonne opportunité pour nous. À ce propos, nous sommes en train de nous organiser en consortium avec des coopératives de Korhogo, Bouaké, afin de rassembler une forte quantité, en vue de nous imposer sur le marché. Nous nous préparons pour affronter le marché en ayant les documents afférents », a-t-elle confié.

Sékongo Fonidé, Directeur de la société coopérative des producteurs de Bondoukou, voit en l’ouverture du marché américain, une aubaine qui va encourager la production, contrairement au passé où les producteurs exprimaient des inquiétudes pour la vente de leurs produits.

« C’est une opportunité pour les producteurs de Côte d’Ivoire, les gens avaient peur de la vente, mais je pense qu’avec cette occasion, il y aura moins de soucis. Le marché américain est un grand consommateur d’amandes de cajou, c’est une véritable opportunité pour la Côte d’Ivoire d’être présente sur ce marché. Ce sera un plus à gagner. Avec cette ouverture, nous allons vers un véritable challenge », a-t-il salué.

Au regard de la satisfaction qu’affichent certains producteurs de filière anacarde, d’autres par contre, craignent que les critères de choix des principaux acteurs viennent saboter le processus de certification qui devraient profiter à tous les producteurs.   

Koné Wayarga, président de la fédération des unions et sociétés coopératives d’anacarde de Côte d’Ivoire, a déploré le fait que les 162 coopératives de producteurs de l’organisation qu’il dirige, présentes dans 19 régions de Côte d’Ivoire, aient été écartées.

« Nous ne sommes informés de rien. Nous le dénonçons haut et fort. On aide plutôt les coopératives d’affaires, mais les vraies coopératives sont laissées pour compte. Nous ne sommes pas contents. Nous sommes très remontés contre les responsables de la filière qui ont pris notre dossier, sans que nous ne soyons sélectionnés. On finance les coopératives d’affaires au détriment des vraies coopératives. On finance les autres et on nous laisse, ce n’est pas juste. Nous sommes une structure fiable, mais on ne s’intéresse pas à nous. La vie des producteurs doit changer, ainsi que celle des Ivoiriens », a-t-il déploré. Avant d’interpeller le chef de l’État et le gouvernement quant à des actions menées dans la filière pour bâcler le travail remarquable qu’ils abattent pour le bien-être des paysans.  

« Que ceux qui sont au-devant des structures comprennent qu’ils sont de passage. Donc, ils ont obligation d’aider les paysans. Nous souffrons. Nous ne sommes pas remontés contre le gouvernement, mais nous disons au président de la République que ceux qui doivent exécuter ces décisions sur le terrain, à la base, ne le font pas bien. Cela donne l’impression aux gens que c’est le Président Ouattara qui les a oubliés, alors que ce n’est pas vrai. Désormais, nous allons dénoncer ces faits qui entachent la réputation du chef de l’État. »

 

Venance Kokora

 

Leg: Les producteurs de la filière anacarde saluent l’ouverture de leurs produits sur le marché américain, mais interpellent le gouvernement sur des écarts. (Photo DR).

 

 

 

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