La cybercriminalité est un phénomène mondial qui s’est développé ces dernières années, sur le continent africain, principalement au Nigeria et en Côte d’Ivoire. Ces pratiques qui avaient longtemps ternie l’image de notre pays, a amené l’État ivoirien à créer en 2011, la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC).
Les cybercriminels, communément appelés les "brouteurs" (expression ivoirienne pour désigner des escrocs qui veulent gagner de l’argent facilement), opèrent à distance en utilisant Internet et des complices. Selon des informations provenant de la PLCC, ces personnes sont des élèves et étudiants, des chômeurs ou travailleurs en quête de complément de revenus dont l’âge varie entre 12 et 25 ans. Ils n’appartiennent pas à des réseaux mafieux, mais opèrent en petits groupes. En 2018, un réseau de 89 brouteurs a été démantelé suite au dépôt de 2860 plaintes, la grande majorité de ces escrocs demeurent encore impunis. Au cours de l’année 2021, ce sont entre 4500 et 5000 plaintes qui ont été traitées par la PLCC.
Ces escroqueries en ligne sont réalisées à partir des arnaques et chantages à la webcam et toutes les autres escroqueries en ligne comme l’hameçonnage ou e phishing, les fausses annonces sur des sites internet tels que eBay et Le Bon Coin…
La Côte d’Ivoire a perdu en 2021, 6 milliards de F CFA
La cybercriminalité a un impact négatif sur l’économie ivoirienne qui perd 6 milliards de FCFA chaque année. Les acteurs ont l’esprit fertile et s’appuient sur des techniques de plus en plus subtiles pour piéger des victimes fragiles et les dépouiller de leur argent grâce à un système soigneusement rodé. Face à l’ampleur du phénomène, il se tient à Abidjan, la 2e édition du Cyber Africa Forum qui a ouvert ses portes lundi 9 mai 2022 pour prendre fin mardi 10 mai 2022. À ce rendez-vous de la cybersécurité auquel prennent part de nombreux experts venus de plusieurs pays de la sous-région et aussi de pays européens, autour du thème : « Souveraineté numérique et protection des données, leviers de la croissance économique en Afrique », il a été relevé des failles dans la cybersécurité en Afrique. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, Mme Rockya Coulibaly Fofana, directrice de la cybersécurité, représentant le ministre de la Communication et de l’Economie numérique de Côte d’Ivoire, a indiqué qu’elle insistait sur le renforcement de la recherche et du développement. Et que le pays militait pour des innovations afin de mieux cerner les risques de la cybercriminalité en Côte d’Ivoire et dans les pays africains. À l’en croire, la Côte d’Ivoire a mis sur pied, des centres d’innovation en cybersécurité qui seront logés dans certains établissements supérieurs du pays.
Aussi, l’État travaille à améliorer le cadre législatif en mettant en place, des initiatives visant à sensibiliser les populations.
Il est prévu, à cet effet, la création d’un Conseil National de la Cybersécurité et d’une Autorité Nationale de la Cybersécurité. Ce projet, d’un coût global de 18 milliards de francs CFA, va s’étendre sur la période 2021-2025.
Les secteurs les plus touchés
Les 500 spécialistes de la cybercriminalité et décideurs publics et privés présents à Abidjan (des ministres, directeurs généraux d’entreprises, directeurs des systèmes d’information, directeurs financiers, techniques…) ont pu toucher du doigt, les réalités de la menace qui plane. Surtout que les cibles prioritaires des cybercriminels sont les secteurs financiers, les institutions publiques et les e-commerces à cause des transactions et des flux financiers. La rencontre d’Abidjan a permis aux participants d’échanger leurs points de vue et de partager leurs expériences en vue de trouver des solutions concrètes en matière d’accompagnement et de sécurisation des écosystèmes numériques dans un monde en perpétuelle mutation, grâce du digital.
Venance Kokora